dimanche 27 juin 2010

Surprenante mémoire lactée

De plus en plus, j'intègre la notion de bébé-dans-le-bedon-de-Maman à ma Babou. Bien qu'elle soit toute mini bébé naissant (dans mon coeur), je sais qu'il s'en passe, des choses, dans sa mignonne caboche. J'ai même l'impression, souvent confirmée, qu'elle comprend beaucoup plus de choses qu'on peut le croire.

Souvent, elle colle sa tête sur mon ventre quand je lui offre d'écouter le bébé. Avec Dougoutigui (sa poupette toute rose), on colle-colle, on donne des bisous, on berce-berce. Tout ça pour qu'elle comprenne doucement qu'un bébé beaucoup plus petit et fragile qu'elle sera parmi nous dans quelques mois.

Or toujours dans cette optique, je lui montrais, hier soir, un livre très esthétique sur le dodo des bébés. Le contenu un peu simplet est accompagné de magnifiques photos de bébés qui dorment ou qui sont sur le point de.

Sur l'une d'entre elles, on voit un poupon boire au sein de sa mère. Je dis spontanément à Babou (15 mois) : Oh, le bébé boit le doux-lait de maman!

Et Babou (je répète, 15 mois) renchérit : doux-lait, sein! et tout ça, en tapotant de sa dodue minotte mon décolleté. Sous le regard pantois et démonté de ses parents.

Ceci m'amène à m'interroger sur la capacité de mémorisation des bébés. J'ai pour ma part un souvenir très net de ma fête de deux ans. Je me souviens être tombée de ma chaise et m'être cognée la tête sous la table.

Mais là, 29 ans plus tard, c'est au tour de ma Babou de me jeter par terre. J'ai cessé de l'allaiter il y a un mois, donc c'est normal qu'elle se souvienne de ces moments de tendresse, ça ne remonte quand même pas à Mathusalem.

Mais jusqu'où se souvient-elle de l'allaitement? Du dernier soir où elle a eu son doux-lait, il y a un mois? De tous ces après-midis dans le fauteuil inclinant-pivotant-berçant? De tous ces matins dans le lit parental? Se souvient-elle d'une expérience globale d'allaitement ou d'un seul moment marquant en particulier?

Toujours est-il que je suis fière, enorgueillie même que ma petite ait encore souvenir d'avoir été nourrie au sein. Ça me fait tout chaud au coeur de voir ses yeux pétiller de joie, qui expriment une fébrilité indescriptible que je comprends être une forme de "merci maman pour tout ce doux-lait".

Je souhaite entretenir ce souvenir pour qu'il demeure bien vif à sa mémoire, afin qu'elle trouve normal de me voir nourrir ainsi pendant des mois/années le petit chou à naître début décembre. Et qu'elle raconte plus tard à ses copines que sa mère l'a allaitée, et qu'elle espère faire de même avec ses propres poupons.

lundi 21 juin 2010

Le temps des fraises

Nous y sommes enfin.

Depuis que je suis haute comme un plant de fraises, c'est un rendez-vous annuel que je ne saurais manquer sous aucun prétexte.

Enfant, autant je pouvais détester de toute mon âme aller à la cueillette des bleuets, ou encore, aller "casser de la salade dans le jardin" (pour reprendre l'expression paternelle dans son intégralité), autant je n'ai jamais ronchonné dans le champ de fraises.

Pour les fraises, j'étions -- et je suis toujours-- partante.

Tellement que même l'an dernier, avec mon Babou de trois mois et demi, j'y suis allée trois fois. La première fois, avec une amie enceinte de 36 semaines, j'ai passé la moitié de la cueillette à bercer vigoureusement le siège d'auto en cueillant d'une seule main.

Puis, j'ai allaité debout dans le champ. La cérémonie s'est terminée avec le bébé dans un bras et l'autre main qui fourrageait dans les plants de fraises de façon peu efficace, mais déterminée.

Comme quoi rien ne m'arrête dans le temps des jolis petits fruits rouges.

Samedi dernier, nous y sommes retournés en famille, avec mon frérot et sa demoiselle de quasi trois ans en prime.

Babou a été sidérante de sérénité. Bien à l'ombre dans la poussette parapluie, elle se laissait docilement gaver de fraises tout en n'ayant d'yeux que pour le vent, les feuilles et les rares auto-cueilleurs.

Ça doit être héréditaire, c'te passion pour la fraise. La saison ne fait que commencer.

Je connais un liquide amniotique qui doit goûter la fraise ces temps-ci!

mercredi 16 juin 2010

La garderie, cette inconnue

Bientôt, Babou prendra le chemin de la garderie. Graduellement, à raison de quelques heures par jour pendant tout l'été, notre toute petite mini croquette ira jouer avec des amis de sa grandeur et apprendra les rudiments de la vie sociale loin des yeux de son papa.

Je nous trouve incroyablement privilégiés de pouvoir ainsi amener doucement notre petite fille vers une nouvelle routine, sans nous et loin -- c'est relatif -- de la maison.

Pas (encore) de course folle le matin. Pas obligée d'y aller de 7 à 17 h. Et pas tous les jours si le coeur n'y est pas. Jusqu'au début septembre, ce sera de façon aléatoire que Babou ira se tirailler avec ses camarades pour avoir le même verre à bec ou pour manger avant les autres.

Qui plus est, je nous considère épouvantablement veinards d'avoir déniché ce milieu familial situé à trois rues (donc 5 minutes à pied) de la maison. Le truc à 7 $ par surcroît, sous la responsabilité d'UN éducateur. Donc, encore une fois, une transition douce pour Babou, qui passera de "journées avec papa" à "journée avec éducateur". Homme pour homme. Je trouve ça positif.

Babou vient d'avoir quinze mois. Je suis de retour au travail depuis trois mois, et son papa, à la maison avec elle depuis autant de temps. Il y a trois mois, la seule idée de savoir mon enfant à la garderie pendant que j'étais au boulot m'aurait été insupportable. Assez pour refuser l'offre qu'on m'avait faite.

Trois mois plus tard, je sens ma fillette prête à prendre un tout petit peu le large. Plus forte, plus affirmée, plus confiante en elle et en nous. Je sais qu'elle sait que nous serons toujours, toujours là pour elle.

En trois mois, elle a passé sans aucun problème une nuit et une journée complète sans nous (période durant laquelle nous avons relaxé tout en ne parlant que d'elle). À notre retour, elle était calme et contente de nous voir. Pas de cris, pas de rancune, pas d'insécurité.

Deux ou trois semaines plus tard, j'ai arrêté de l'allaiter. Encore une fois, tout s'est passé en douceur, mieux que tout ce que j'avais pu imaginer.

Toutes les fois que nous avons de la visite ou que nous allons chez des gens, Babou se fond dans le décor et fonce en toute confiance et curiosité à la découverte des nouvelles personnes ou des objets qu'elle ne connaît pas encore.

Quand nous avons visité la garderie qui bientôt l'accueillera, au bout de cinq minutes, Babou a tendu les bras à l'assistante (aussi conjointe) de son futur éducateur. Après quoi elle est partie seule et pleine d'enthousiasme semer le bordel dans la salle de jeu déserte. Toute seule.

Est-ce le fait d'avoir un peu coupé le cordon avec sa maman? Est-ce le fait d'être maintenant davantage avec papa? Je la sens plus "grande fille", plus prête à vivre des journées entières sans nous.

C'est peut-être un peu vilain de ma part, mais je suis terriblement heureuse de ne pas avoir à vivre l'odieux des premiers matins à la garderie. Bon, oui, je m'en ferai pour elle et serai pendue au téléphone à attendre des nouvelles de son papa dès qu'elle sera de retour à la maison, mais au moins, je n'aurai pas à lancer mon bébé dans les bras de l'éducateur, à m'enfuir pour aller sangloter tranquille dans la haie de cèdre et arriver au bureau les yeux tuméfiés d'invraisemblables allergies.

C'est son papa qui, dans deux semaines, ira la reconduire le matin à la garderie avec la gorge serrée et les yeux pleins écarquillés de je-fais-semblant-que-je-n'ai-pas-de-peine. Je ne peux m'empêcher d'être soulagée qu'on me dispense de cette tâche.

Ma petite fille grandit, et pour une fois, ma fierté de la voir s'épanouir fait la barbe à mon habituelle nostalgie.

Peut-être qu'après tout, en tant que maman, moi aussi je grandis...

lundi 7 juin 2010

Histoire d'amitié

Quand on ne va plus à l’école, qu’on est en couple depuis longtemps, qu’on ne sort plus dans le monde (à part à l’épicerie-pharmacie) et qu’on a un boulot stable, les occasions de rencontres se font de plus en plus rare.

De chaque étape de ma vie, j’ai conservé de précieuses amitiés. Secondaire, cégep, université, stage ici, voyage là, boulot ici, contrat là. J’ai cependant, au fil des ans, de moins en moins de coups de foudre amical. De toute façon, maintenir son réseau, voir tout le monde, s’enquérir de chacun, est plus compliqué quand on a bébé-amoureux-maison-boulot. Triste réalité avec laquelle je vis plutôt bien.

C’est quand j’ai eu Babou que j’ai réalisé que malgré mon réseau assez bien garni, je me retrouvais pas mal toute seule avec mon RQAP, mon allaitement et mes promenades en poussette. Je me suis donc rendue tout bonnement à une rencontre de la Ligue La Leche. D’autres mamans dans ma situation s’y trouveraient sûrement!

Je ne m’étais pas trompée. Nous étions trois ou quatre avec des bébés d’environ un mois. Immédiatement à ma gauche, la maman du petit V., né quatre jours après Babou. J’avais remarqué sa jolie petite couverture rayée blanche, bleue et verte. Mes observations s’étaient arrêtées là, car cette pauvre maman avait dû passer la totalité de la rencontre à consoler son mini dans le corridor, et je n’avais pu faire autrement que de compatir.

Quelques temps plus tard, je me rends à la clinique Bébé trucs. Dans la cabine de la foutue machine à ticket de stationnement se trouve une maman, qui a visiblement du mal à obtenir son ticket. En l’observant, je remarque la même petite couverture rayée blanche-bleue-verte, aperçue à la rencontre La Leche.

J’aide alors la maman avec son paiement capricieux, on échange deux ou trois mots et nous entrons chacune de notre côté avec nos rejetons respectifs. Après avoir pesé et mesuré nos petits, nous échangeons cette fois un regard, puis parlons un peu de nos bébés. Spontanément, je lui propose de lui donner mon numéro de téléphone. Un sourire illumine alors son visage. Elle est nouvelle dans ma ville, ne connaît personne et aimerait avoir une copine de marche en poussette. JOIE! Nous échangeons donc nos noms et de petits bouts de papier avec nos numéros. Elle s’appelle I.

Quelques temps passent encore sans que l’on s’appelle. Puis un jour, lors d’une promenade en poussette, nous tombons encore une fois par hasard face à face. Épatées, nous convenons de nous appeler et de prévoir une activité ensemble. Nous restons plantés à la porte d’un commerce pendant de longues minutes à parler de tout et à comparer nos nombreux points communs.
Son fils, le petit V., est né la date où je devais accoucher. Je suis partie de l’hôpital au moment où son fils était probablement en train d’y naître. Bien qu’elle ait été suivie par une toute autre équipe de médecins, c’est un de mes médecins qui a assisté son accouchement. Nous avons eu le même genre d’accouchement naturel. Nous consultions le même ostéopathe pour nos bébés. Les coïncidences ne finissaient plus de s’accumuler!

Nous nous sommes quittées ce jour là avec la conviction qu’une amitié spéciale nous attendait. À date, je n’ai pas été déçue. Nous avons presque réussi à nous voir chaque semaine durant nos congés. Nos enfants vivaient les mêmes étapes de développement en même temps. Nous avons aussi eu de bonnes conversations téléphoniques, remontant le moral de l’une, partageant la joie de l’autre.

Nos enfants, similaires pour la question difficile des siestes et des nuits, ont appris à faire dodo tout seul presque en même temps. Nous nous sommes encouragées dans cette période parfois très dure sur le cœur d’une mère.

Un soir où j’étais seule et que je mangeais un bol de pâte bien tranquille, mon amoureux étant parti à son party de Noël, j’ai reçu un courriel de mon amie, qui passait exactement la même soirée que moi. Bol de pâte, amoureux à son party de Noël, etc. Hallucinant.

Puis nous avons repris le boulot la même journée après un an de congé de maternité. Après avoir été à quelques garderies, son fils a finalement atterri dans la même que la fille d’une très bonne amie à moi, que je connais depuis le secondaire. Par pur hasard, I. avait même appelé cette amie à moi, sans savoir cette information, pour obtenir des références sur cette même garderie.

Le soir, un brin découragée de devoir changer encore son fils de garderie, elle me parlait de cette problématique, de cette maman à qui elle avait parlé et qui lui semblait être comme nous question valeurs parentales, et à force d’informations, je réalise que cette maman est nulle autre que mon amie M. Un autre lien qui nous unit, encore une fois.

Depuis que nous sommes retournées au boulot, nos rencontres sont plus espacées. Nous essayons de dîner ensemble à l’occasion, une fois par mois environ. Chaque fois, il n’y a pas une seconde de silence. Nous avons tant en commun, tant à nous raconter.

Il y a un mois, c’était mon anniversaire. Pour différentes raisons, cette journée a été très pénible pour moi cette année. Plusieurs tracas majeurs avaient entaché cette journée normalement agréable, de telle sorte que je n’étais même pas allée travailler. Dans l’après-midi, nous étions sortis magasiner en famille et à notre retour, une plante en fleurs m’attendait devant ma porte, avec un gentil mot de I. Cette petite attention avait illuminé ma journée grise, de façon si touchante, que les mots me manquaient.

C’est aujourd’hui l’anniversaire de mon amie I. Je cherchais depuis quelques jours quelque chose à lui offrir d’original, d’aussi délicat que le fut sa petite attention.

Chère I., je sais que tu aimes lire mes billets. Celui-là, je te le dédie. Il est pour toi, pour notre amitié, arrivée dans nos vies au moment où l’on s’y attendait le moins.

Merci d’être sur ma route!

Bon anniversaire xxx

jeudi 3 juin 2010

Le bon doux-lait ou la fin des haricots

À quatorze mois et demi, Babou a eu sa dernière tétée de bon doux-lait de maman.

Ça s'est passé la semaine dernière, tout naturellement. Depuis que j'avais repris le boulot, je m'étais farouchement réservé le matin et le soir pour allaiter mon irrésistible progéniture. C'était notre moment de retrouvailles après un bon dodo, avant que je reparte pour le bureau, et avant d'aller au lit.

Ça se passait relativement bien. Puis, est-ce la grossesse, ou la fréquence des tétées qui avait diminué, j'ai senti que j'avais de moins en moins de doux-lait pour ma Titi. Elle ne s'en plaignait pas, je crois en fait que juste d'être collée sur maman, dans la pénombre silencieuse de sa chambre, la comblait.

Un matin, puis deux, puis trois, elle s'est réveillée en criant, pleurant et tempêtant, avant et après la tétée. Je trouvais triste que ce moment de calme serein se transforme en moment de discipline et de cris. J'ai décidé de ne plus lui offrir sa petite ration matinale. Faut dire aussi - est-ce encore une fois ma grossesse? - que ma patience n'est pas toujours à son zénith à 5 h du mat et des poussières.

Pendant un temps, Babou a très bien géré la tétée du soir. Puis il y a environ deux semaines, le lait se faisait VRAIMENT plus rare, elle s'agitait de plus en plus pendant le 3 minutes que le boire durait. De thérapeutique, ce moment m'est soudainement apparu comme franchement désagréable, à la limite de la corvée.

Un soir, j'ai suggéré à l'homme de lui refiler un biberon de 3,25 % pour voir s'il arriverait à la mettre au lit sans qu'elle ne réclame mon doux-lait. Si ça a marché! C'est comme si cette enfant là n'avait jamais vu un sein maternel de sa vie. Au lieu de me vexer, cette transition fastoche m'a rassurée.

Le lendemain par contre, j'avais la devanture en béton, douloureuse du front jusqu'au genou et j'exagère à peine. Au bureau, à partir de midi, je ne rêvais que de mon bébé s'y abreuvant goulûment et du soulagement maternel immédiat s'ensuivant. À 19 h, je suis arrivée à la maison juste à temps pour la cérémonie du doux-lait.

Bébé a bien accompli sa besogne. Le fait d'avoir sauté une journée avait (pour elle) l'avantage de lui garantir une bien meilleure tournée lactée! Le tout s'est terminé avec un burp de satisfaction et un de ces beaux dodos...

Le lendemain soir, je voulus réitérer, me rappelant de l'agréable tétée de la veille. Babou eut beau s'évertuer à téter, au bout de plusieurs minutes de labeur, toujours pas de réflexe d'éjection. Je l'ai lentement interrompue. Je l'ai doucement bercée dans mes bras. Elle était toute calme, ma grande fille, elle ne pleurait même pas, et ce, même si elle n'avait pas eu droit à une seule petite goutte de doux-lait.

Je l'ai couchée dans son petit lit, avec Le Beau-Toutou et La-Doudou-Douce-Avec-des-Tas-d'Étiquettes. Je suis sortie de la chambre doucement.

Ce fut la dernière tétée de mon bébé.

Je suis plus triste à le raconter qu'au moment où je l'ai vécu, car à la vérité, j'étais rendue là. Je ne me suis jamais fixée d'objectif d'allaitement. Je pensais que Babou, en soufflant ses deux bougies, aurait encore droit à mon doux-lait. Je pensais que mes bébés auraient deux ans et demi au moins de différence.

Finalement on ne peut pas tout prévoir. La vie décide parfois à notre place. J'aurais pu m'acharner et restimuler la lactation. Mais maintenant, avec un recul de quelques jours, je suis en mesure d'affirmer que j'avais BESOIN d'une pause d'allaitement entre mes deux bébés. Dans 5 mois, j'en aurai un tout neuf à nourrir aux 1 h 30 - 2 h, s'il est comme sa grande soeur.

Une pause bien méritée.

J'ai adoré allaiter Babou. Maintenant, j'adore la tenir serrée contre moi, dans la pénombre silencieuse de sa chambre, et lui fredonner sa berceuse préférée. L'entendre me dire "Babaille Mamôôôn" à travers sa porte, que je referme tout doucement.

Le lait maternel n'est plus, mais l'amour lui, grandit encore chaque jour...