jeudi 25 mars 2010

Cyber Silence

Ma foi, le retour au boulot me siphonne toute ma bonne volonté d'alimenter mon blogue!

Quand on passe 35 heures semaines devant un ordi, force est d'admettre que rendu au soir, m'y remettre me demande un effort surhumain. Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui manquent.

Dans le cadre de mon travail, je me sers abondamment des listes à puces. En faire une ici me permettra de lancer à la volée des thèmes que je souhaite élaborer ultérieurement :

- Ma boîte à lunch, c'est un sac de lait Chagnon 3,25 %. C'est très nul. J'attends impatiemment la rentrée pour m'en procurer une très chouette, rose tiens, avec des brillants, ou encore vert lime en soie. Bref si jamais je me lasse des communications environnementales, je pourrais me partir une ligne de boîtes à lunches belles et pratiques.

-Dans ma boîte à lunch, il y a par contre de bonnes choses à manger. Mon homme est vraiment chou, il remplit toujours mon petit contenant en verre à couvercle de plastique ultra-étanche, immédiatement après le souper. Pas besoin de me casser la bicicleta avec ça le lendemain matin. Je saisis au vol le sac de Chagnon 3,25 % et l'affaire est dans le sac à dos. Et mes petits plats en vitre sont le nec plus ultra du contenant à lunch micro-ondable, qui permet de manger chaud sans que la ratatouille goûte le phtalate au caoutchouc fondu de marque Glad.

-Je marche pour aller travailler au moins à l'aller, parfois aller-retour. Autant j'aime, autant ça me désole de respirer de bonnes bouffées de pots d'échappement. Mon trajet est plutôt triste, sur une grosse rue passante, poussiéreuse et sale et pleine de véhicules dégueulasses. Parfois je me demande quels sont les gains pour la santé de marcher si on se chope autant de CO2 dans le système...

-Je viens de me rendre compte que je suis sous-payée, et que mes années d'expérience n'ont jamais été prises en compte pour déterminer mon salaire. Je jubile, évidemment. Ce matin je suis allée voir mon grand patron pour lui en faire part. Il était aussi indigné que moi. Je m'en occupe, qu'il a dit. À suivre...

-C'est fou comme Babou placote. Bas, bain, pain, dodo, doux, chat, maman, papa et la pléthore d'intonations qui vient avec chacune de ses découvertes.

-Ma fille a du caractère depuis une semaine. Est-ce le rhume? Sont-ce ses vaccins de un an? Est-ce son âge? Je n'ose même plus compter le nombre de fois où elle peut s'arque-bouter dans une même journée.

-Un papa à la maison, c'est tellement précieux. Ça vous répare une valve principale d'alimentation en eau avec torche à souder dans une main et bébé dans le dos. Le soir, quand on arrive gorgée de dioxyde de carbone et les yeux injectés de sang de trop d'ordi, ça saute sur les casseroles et ça vous fricote une truc sauté santé plein de légumes en deux temps trois mouvements. Ça vous invective un pas-fin représentant de REEE qui vous fait des menaces parce que vous en avez marre de son truc qui vous ligote financièrement pour les huit prochains siècles. Un papa à la maison, ça n'a pas de prix (sauf que c'est encore mieux si le salaire de la maman est juste, équitable et surtout, va de pair avec son expertise).

-Une maman au boulot, ça voit beaucoup moins sa petite chou-fleure d'amour. Ça allaite moins. Ça s'habille un peu mieux et ça se roule moins par terre le matin. Par contre, le temps consacré à bébé, s'il perd en quantité, gagne en qualité. Nous avons fait un bon choix, pour le moment.

-Un bébé, ça vous fait brûler au moins quatre fois plus d'énergie qu'un écran d'ordi. Note à moi-même : réduire mes portions.

Pas trop mal ma liste à puces!

jeudi 11 mars 2010

Un an plus tard... la naissance de Babou

Chère petite Babou,

Il y a un an, j'étais affalée sur le divan avec un gros bol de popcorn. C'était un soir de pleine lune et ton papa et moi, nous regardions une émission insignifiante à la télé. Pendant une pause publicitaire, je lui ai fait part d'un tiraillement que je ressentais dans une hanche...

Vers 22 h, nous sommes allés au lit. Je me suis endormie comme une bûche. C'est un autre tiraillement, dans le ventre cette fois, qui m'a tirée de mon sommeil. 23 h 30. Même histoire à 23 h 35, puis à 23 h 40. Me doutant bien de ce qui se tramait, j'ai averti ton papa que tu te préparais fort probablement à arriver parmi nous. Il est immédiatement allé me faire couler un bain, dans lequel j'ai mariné une vingtaine de minutes, juste assez pour confirmer que mes contractions s'intensifiaient. Après avoir téléphoné à la maternité, qui nous attendait, nous avons plié bagage.

Entre deux contractions, j'ai appelé ma maman à moi. Il était environ une heure du matin, je l'ai réveillée, bien entendu, mais qu'importe, je tenais absolument à ce qu'elle pense à moi durant les heures à venir. Puis nous sommes partis, ton papa et moi, pour l'hôpital, sous une petite neige fondante de début mars. Nous ne t'attendions que pour le 15, soit quatre jours plus tard. Dans quelques heures, je t'aurais dans mes bras, toi le petit garçon aux cheveux noirs ébouriffés que je voyais dans presque tous mes rêves depuis des mois. Toi mon petit Éloi.

En route, j'ai eu deux ou trois contractions. Ton père a fait une farce quelconque - je ne me souviens plus de quoi il s'agissait au juste - mais je ne l'ai pas trouvée drôle. Je lui ai dit que c'était la dernière blague qu'il faisait pour le reste de mon accouchement. Même au tout début du travail, je n'avais pas tellement envie de rire!

Ton papa est arrivé en trombes devant l'entrée des urgences. Il m'a assise dans une chaise roulante pour monter à la maternité. Je n'ai que très peu de souvenir de mon arrivée à l'hôpital. Si ce n'est que dans la salle de tri, je ne savais pas trop comment me placer pour supporter mes contractions, encore aux 5 minutes. Après environ un siècle d'attente, mon médecin m'a examinée et nous a confirmé ce que nous savions tous : tu serais parmi nous dans les prochaines heures! "Tu veux accoucher naturellement? Je vais t'aider à y arriver", m'a dit la merveilleuse Dre Bissonnette.

La suite est longue. Car c'est long, mon bébé, un accouchement. Et puis ça fait mal. Mais la douleur est compensée par la hâte de rencontrer la cause de tout ce mal. Pendant ce qui m'a semblé des heures, ton papa et moi avons marché dans les couloirs de l'hôpital. À chaque contraction, je m'appuyais sur les rampes le long des murs et lui me massait le dos, avec une huile qui sent tellement bon la lavande et que j'avais acheté exprès pour accoucher.

Puis j'ai obtenu mon admission à l'hôpital, et on m'a assigné une chambre. Avant de m'y rendre, je suis allée dans le grand bain, pour essayer de changer le mal de place. Comme seuls les massages de ton papa me soulageaient et qu'étant à côté du bain, il ne pouvait s'exécuter, je suis assez rapidement sortie de l'eau pour retourner dans la chambre. Papa a repris du service avec ses massages et points de pression. Après chaque contraction (ce qui faisait bien rire ton papa et les infirmières), j'avais le hoquet et mon corps était parcouru de frissons. Vraiment, je ne contrôlais plus rien dans mon corps!

Vers 6 h du matin, j'ai demandé à ton papa de téléphoner ta marraine pour lui dire que tu t'en venais. Je lui ai aussi dit d'appeler Geneviève, notre très chère amie qui voulait tant assister à ta naissance et immortaliser chaque moment avec son appareil-photo. Jusqu'à la dernière minute, j'avais hésité à accepter son offre. Puis ce matin-là, j'ai eu la certitude d'avoir besoin d'elle, de son expérience et de sa présence bienveillante.

Comme il n'a pu la rejoindre, vers 8 h 30, je lui ai redit : rappelle Geneviève. Elle s'apprêtait à quitter la maison quand elle a eu notre appel. Elle est arrivée très peu de temps après, discrète, professionnelle, indispensable. Entre deux photos, elle a aidé ton papa à me soulager avec des compresses d'eau chaude, des conseils. Ton papa, fatigué et ému, a accueilli avec soulagement ce précieux renfort, surtout que ma situation devenait de plus en plus inconfortable. Voire atrocement douloureuse.

Nous étions le 11 mars en avant-midi. À plusieurs reprises, dans un brouillard d'endorphines, j'ai demandé "est-ce que ça achève? ". Oui, oui, ça va bien, ça achève, me répondaient les infirmières, ton papa et mon amie. Heureusement, je les croyais, car ce petit jeu a duré jusqu'à ton arrivée, soit quatre heures plus tard!

Dans la chambre jouait en boucle un disque de chants tibétains. Ton père a suggérer de changer de disque. Je lui ai clairement signifié mon désaccord, j'avais besoin de ce long chant monocorde pour me concentrer.

Puis est venu le moment tant attendu, celui de te donner la vie. Quand mon médecin, accompagné de sa stagiaire sage-femme, a décrété que l'heure était venue, j'ai ressenti un immense soulagement. Je venais de passer presque une heure à retenir les poussées naturelles, mon col n'étant pas complètement dilaté (et mon médecin en train d'assister une autre maman). Ce fut à mon avis le moment le plus difficile de tout l'accouchement.

Le moment de la poussée m'a donc paru un moment où ENFIN je pouvais faire quelque chose d'autre qu'attendre et me retenir. Selon ton papa, du moment où mon médecin m'a donné le ok pour pousser, je me suis exécutée trois, quatre, cinq fois? Semble-t-il que ce fut très rapide, on a vu ta tête arriver. Puis hop, tes épaules, et finalement, tout ton corps. L'horloge indiquait 12 h 47.

À travers ses larmes, ton papa a coupé le cordon en s'exclamant que tu étais une fille! Une petite fille! Quelle surprise! Pendant tous ces mois, le petit bibi que je couvais n'était donc pas un garçon!? Étant moi-même la seule fille arrivée après une série trois garçons, j'avais évacué la possibilité d'avoir moi-même une fille en guise de premier-né. Tu étais là, couchée devant moi et tu nous racontait ces sales moments que tu venais de vivre en hurlant. Tu avais la peau toute rouge, tu étais encore enduite de vernix. Je t'ai prise dans mes bras après qu'on ait eu coupé le cordon, trop court pour que je te prenne aussitôt sortie de mon ventre. Tu étais légère, vigoureuse et ta petite bouille ressemblait déjà à celle de ton papa (ce qui n'a pas changé!).

J'ai respiré ton odeur et j'ai dit : "Tu sens les petits biscuits Feuille d'Érable". C'était tellement vrai! Tu as porté cette odeur enivrante pendant au moins deux jours.

Pendant que les infirmières, la stagiaire sage-femme et le médecin s'affairaient sur le petit paquet livré express, ton papa ne cessait de répéter "Elle est donc bien cute!" Lui-même était sous le choc d'avoir assisté à la naissance d'un si beau bébé, sa petite fille.

Et moi, éberluée et épuisée, j'ai repris mon souffle et savouré ce moment de délivrance, après treize heures de souffrance parfois intenable.

Ensuite, expulsion du placenta (DÉLIVRANCE totale!), points de suture. Mon médecin et la stagiaire sage-femme m'ont embrassée et félicitée avant de quitter la chambre, et j'en ai été fort émue. J'ai appris un peu plus tard que mon médecin venait de vivre un 48 h de garde merdique, mais que mon accouchement naturel réussi a "bien terminé sa garde", et qu'elle en était toute contente. Ce sont ses propres mots.

Le reste de la journée me semble flou. Bizarre, quand même que ce qui me reste de cette journée remplie d'émotion est un souvenir vague et décousu. J'aurais aimé me rappeler de chaque seconde... Je mets ça sur le compte de l'épuisement. Par chance, une série de photos, prises par Geneviève, m'ont permis de recoller les morceaux de l'histoire de ta naissance. On peut y lire l'émotion comme si on y était. Quel beau souvenir que m'a offert mon amie...

Le plus beau jour de ma vie, c'était il y a un an.

Bon premier anniversaire, petit cadeau du ciel...

Ta Maman xxx

dimanche 7 mars 2010

Cette poussette est faite pour rouler

Alors que je promenais tranquillement mon irrésistible Babou en poussette hier après-midi, m'arriva soudain un avarie.

Une roue de devant a complètement lâché. Autodétruite, la vilaine. Par chance, j'étais presque arrivée à la maison; il me restait environ 5 minutes de marche, mais évidemment dans une de ces pentes abruptes dont ma ville fait collection.

Comble de la veine, j'ai pu "recliper" la roue temporairement pour qu'on se rende à bon port autrement qu'avec Babou dans une main, le sac à main dans l'autre et la poussette sur le dos. À peine rendu dans l'entrée de cour, la roue a vraiment, mais vraiment rendu l'âme.

La première question est : après un an d'usage, est-ce normal qu'une roue de poussette meure ainsi?

Deuxième interrogation : qu'est-ce qu'un usage normal pour une poussette? Parcourir 1 km par semaine dans un centre commercial, ou 3-4 km au moins 5 fois par semaine, dehors, et donc parfois sous la pluie-neige-glace?

La deuxième option s'impose ici. Si on a acheté une poussette de ce calibre-là, c'était pour nous en servir beau temps et quelques fois, mauvais temps. Cela dit, notre Cadillac parents-propulsée doit bien avoir parcouru l'équivalent du tour de la terre depuis la naissance de sa passagère.

Disons que le carrosse de Cendrillon, on ne l'a pas eu pour des pinottes, alors ça nous tripatouille les nerfs que certains morceaux nous abandonnent avant même que miss Titi ait soufflé sa première bougie.

La bonne nouvelle est que justement, notre exquise fraisinette n'a pas encore planté ses doigts dans le glaçage à gâteau primal. Et que la garantie d'un an n'est donc pas échue. On devrait donc recevoir par la poste deux nouvelles roues flambettes (l'autre roue avant ne nous inspire guère confiance, alors changeons-la elle aussi).

Reste à voir s'il nous faudra continuer de les changer annuellement... espérons que non!

vendredi 5 mars 2010

Post-mortem d'une première semaine loin de Babou

Juste avant de recommencer à travailler, j'ai eu un ras-le-bol sévère d'être à la maison. Le lavage, la vaisselle, les traîneries qu'on s'entête à ramasser (pourquoi au juste?) même si on sait pertinemment que cinq minutes plus tard, ce sera encore pire que l'état originel.

J'avais vraiment marre de l'aspect "entretien ménager" de mon statut de maman à la maison. Et même si mon incroyable Babou n'entre pas dans cette infâme, odieuse, abjecte, abominable catégorie, j'ose dire que ma patience était usée à la corde par les montagnes de tâches répétitives qui m'attendaient quotidiennement. En gros, je ne profitais plus de grand chose. Ce qui, j'en conviens, est franchement nul.

Et là bang! Est arrivé le lundi matin fatidique. Fer plat par ci, café par là, merde, je n'ai qu'une seule paire de pantalons qui me fasse encore, remerde, je dois me faire un lunch, rereremerde, j'ai le coeur en gibelotte de compote de crotte.

Babou, au milieu de la tourmente, s'était levée avant les aurores, comme si elle sentait qu'elle devait profiter de la présence de maman au maximum. La larme à l'oeil, j'ai tournoyé dans la maison en rassemblant mon nécessaire de femme de bureau. Crème à main (oh que je puis détester le savon à main commercial qui me rend la peau rêche comme du dessous de pattes d'éléphants), baume à lèvres, bouteille d'eau, mini-miroir, papiers mouchoirs, ainsi soit-il.

Un peu avant de quitter, nous nous sommes collés tous les trois. Ouf, le barrage a cédé. Où étaient passées ces 50 dernières semaines? Avais-je vraiment profité de chaque instant avec ma petite fille? Aurais- je pu être plus présente d'esprit, jouer plus avec elle, laisser de côté mes tâches pour la voir changer et grandir à vue d'oeil?

C'était donc ça, la première année de vie d'un enfant? Accoucher : quelques heures (mais quelles heures, saint-ciel!). Apprendre à allaiter : quelques jours. Consolider l'allaitement : quelques semaines. Et puis une fois ces quelques aspects maîtrisés, c'était donc vrai que tout passe aussi vite?

Oui.

Bah, il y a bien les mauvaises nuits. Les mauvaises siestes. Les mauvais rhumes. Les mauvaises journées. La mauvaise humeur de SPM qui revient, sans qu'on l'ait invitée, après quelques nombreux et bénéfiques mois de sabbatique qu'on transformerait bien en décennies si le désir d'avoir d'autres moussaillons n'était pas aussi viscéral.

Mais tout ça passe, rapidement. Déjà, la petite Babou à la peau toute rouge, cet étonnant petit paquet de 6 livres et 13 onces, cette toute petite créature qui somnolait au sein à mon grand désespoir et qui ne dormait jamais ailleurs que dans mes bras ou dans sa poussette, déjà se tient debout presque toute seule pendant plusieurs secondes et imite le cheval, le mouton, le poisson et le camion de pompier.

En enfilant mon manteau, j'ai regardé mon bébé, bien blottie sur son papa. Ils seront bien ensemble. Il (son papa) a le droit de vivre ce bonheur, ces moments si éphémères que j'ai eu pour moi toute seule pendant près d'un an. J'ai le devoir de lui offrir en cadeau ce qui sans aucun doute seront les plus beaux moments de sa vie.

J'ai donc repris le chemin du boulot en repensant à l'odeur si particulière des joues de Babou, un mélange subtil de lait et de peau de bébé, que j'ai respiré des après-midis entiers alors qu'elle roupillait dans mes bras. Avec la conviction ferme que oui, bien sûr, j'avais su profiter de chaque instant...