jeudi 29 juillet 2010

La beauté est-elle vraiment dans l'oeil de celui qui regarde?

Enceinte de Babou, j'avais mille et une petites craintes. Avant l'écho de morphologie, j'étais assez sceptique quant à la possibilité qu'un bébé entier et bien formé, clé en main quoi, se développe dans mon ventre.

Après l'écho -- j'avais bien vu tous les morceaux -- ce doute a été remplacé par un autre : allais-je trouver mon enfant beau? Ses traits seraient-ils semblables aux miens, ou à ceux de son père? Ou de ses oncles? Tantes? Grands-parents? Ou un mélange heureux ou malheureux de tous cela?

Ce n'était pas une obsession, mais ça occupait assez souvent mon esprit. Je ne sais trop pourquoi mais j'étais comme certaine que je lui trouverais vite des détails qui me dérangent. Comme si je doutais de notre capacité, à l'homme et à moi, de fabriquer de beaux enfants. J'ai presque honte de l'avouer!

Quand Babou est née... j'ai d'abord eu la surprise de voir que c'était une fille. Puis j'ai regardé son nez : minuscule, un peu retroussé. Ses yeux, en amande. Ses oreilles, mini et bien collées sur la tête, qui elle était bien ronde. J'ai été rassurée par sa régularité. Mais je n'ai pas trouvé qu'elle était magnifique à se rouler par terre. Un bébé naissant est rouge, un peu bouffi et ses traits ne sont pas encore définis, un peu extra-terrestres même.

N'empêche, j'étais incrédule devant cette perfection : les morceaux étaient tous là, délicats et bien formés. Et puis bon, était-ce vraiment senti ou seulement "politique", mais tout le personnel de l'hopital la trouvait géniale, ma Babou.

En grandissant, ma fille n'a cessé, évidemment, d'embellir. Sur les photos de mois en mois, on la voit s'épanouir, s'éveiller, s'affiner. Même que maintenant, en toute modestie, je la trouve superbe ma petite. Ses grands yeux expressifs, son petit nez mignon, ses bonnes joues douces, sa bouche toute rouge et bien dessinée, ses quenottes bien alignées, son petit menton "craqué". Oh oui, elle est belle, ma Babou.

Même que quand je regarde nos photos de bébé, à son papa et à moi, je constate qu'elle est NETTEMENT plus mignonne que nous deux au même âge. Le mariage génétique a vraiment été concluant entre le papa de Babou et moi.

Et là, à mi-grossesse, le même petit doute refait surface... à mon grand désarroi. Car il y aura désormais un comparatif. Petit bébé le Second serait-il/elle aussi mignon que sa grande soeur?

La barre est haute, il me semble, et ça me fait sentir toute moche d'y penser...

jeudi 15 juillet 2010

En vrac

Quelques sujets me trottent dans la tête depuis quelques semaines. Les voici dans l'ordre et dans le désordre :

Le slow-fashion :
J'ai lu un court article sur ce nouveau courant mode. En gros, j'y ai appris que pour une fois, j'étais à l'avant-garde des tendances!! Le slow-fashion, c'est l'art d'acheter intelligemment, et non sur un coup de tête, des vêtements et accessoires généralement de qualité, plus chers mais surtout plus durables.

Donc avant d'acheter, on se questionne si on a un vrai besoin à combler. Si oui, on choisit conscienscieusement, sans tomber sous le charme des trucs flamboyants-pas-chers qui s'avachissent au troisième lavage et deviennent aussi informes qu'une housse à barbecue. Ce n'est plus très clair dans ma mémoire, mais il était aussi question dans l'article de vêtements seconde main, vêtements équitables et créations locales. Prendre le temps d'acheter quoi.

Le fast-food santé :
Depuis que Babou s'alimente d'autre chose que du doux-lait de maman, j'ai découvert des petits trucs et astuces pour concocter des repas équilibrés et rapides à ma progéniture qui HURLE durant toute la préparation dudit festin (!?).

Quelques incontournables à toujours, je répète, toujours avoir dans le garde-manger/frigo :

-Des boîtes de sardines/hareng/thon (quand l'enfant aime le poisson comme Babou, c'est un must). Les deux premiers spécimens lui sont servis tels quels, sans aucune cérémonie, et c'est un spectacle attendrissant auquel j'espère ne jamais m'habituer que de la voir imiter le poisson tout en empoignant un morceau de sardine dans sa menotte.

Enceinte de Babou, j'en mangeais toutes les semaines... y'a peut-être un lien...

-Des sacs de légume surgelés de qualité (genre Arctique Jardin) : on met ça au micro-ondes 1 minute et demi et bang, c'est prêt! Babou adore particulièrement le brocoli et les haricots verts. En passant, ces légumes sont souvent meilleurs que ceux achetés frais à l'épicerie et en plus, ils viennent régulièrement en réduction.

-Des oeufs. Durs ou poêlés, accompagnés d'une tranche de pain, ça nourrit son bébé.

-Des toasts Melba, mieux connu ici sous le nom très in de "croustipain" : pour faire patienter Babou, on lui en refile un ou deux et Madame nous fiche la paix pendant quelques minutes avec ses ultrasons d'impatience.

-Des pommes de terre : patate! patate! Le Babou gourmand en raffole. En cas de panne d'inspiration, on brosse énergiquement le tubercule et on le place au micro-onde quelques minutes, en l'ayant préalablement criblé de trous à la fourchette.

Voilà, ce sont de bons trucs à retenir, je crois, pour dépanner quand le petit affamé n'en peut plus et que nous, les parents lâches et ingrats, n'avons pas faim tout de suite ou encore, prévoyons manger plus tard en tête-à-tête!

mercredi 14 juillet 2010

Faire du beau avec du dégueu

L'homme de la maison et moi n'avions, à ce jour, rien de digne de ce nom en matière de table de chevet.

Quand on a emménagé dans cette demeure, on a pour ainsi dire garé un vieux truc récupéré, chrome-cubique façon '80 du côté de Madame, et la chaise "pour la visite" du côté de Monsieur.

Dépareillé. Moche. Peu pratique. On ne peut rien y ranger qui ne tombe en deux secondes sous la main avide de découvertes de cette indescriptible Babou.

Il y a quelques semaines, nous avons fait faire une soumission à un ébéniste pour deux tables de chevet à deux tiroir. La facture potentielle nous a, comment dire, fait un noeud dedans. À plus de 300 douleurs le meuble, disons que c'était, pour le moment, un tantinet inversement proportionnel à notre capacité financière.

Cela dit, j'ai très peu de talent manuellement parlant (aux dires de l'homme, je suis une cause désespérée en matière de brico-perçeuse-niveau-taratatata. Je suis, pour une fois, bien d'accord avec lui. De toute façon, ma maladresse et mon inexpérience l'exaspèrent à ce point que dès qu'il rejoint ses outils, je me barre très très loin).

Cependant, j'affectionne une chose : la réfection de misérables vieux meubles en bois. L'homme aussi. Tandis qu'il répare et décape, je sable, ponce, teint, huile, vernis. Lui c'est la reconstruction faciale, moi c'est le maquillage et la crème hydratante.

En revenant du champ de fraises l'autre samedi, nous avons déniché dans une brocante hyper bordélique deux tables de chevet trois tiroirs. On voyait que les sujets avaient besoin d'amour, mais avec notre doigté et notre passion, on était venu à bout de bien pire! Et hop, dans le coffre arrière, 90 douleurs plus tard, soit près de 7 fois moins que la version soumissionnée.

La fin de semaine dernière, on a profité du chalet et du garage de mes parents pour mettre à exécution la menace de chirurgie esthétique. Ça sablait dans les bambous, mes amis...

Ce soir, j'ai donné la dernière couche de teinture, harmonisée à notre lit et au coffre à vêtements aussi confectionnés/réfectionnés par mon homme et votre modeste bricoleuse du dimanche.

Pour une fois, j'ai eu la brillante idée de prendre des photos pendant tout le processus. Ce que j'ai hâte qu'une fois huilés et fin prêts, ces meubles soient la dernière chose que je vois avant de fermer l'oeil pour la nuit!

Et oui, je vous promets, les photos suivront!

lundi 5 juillet 2010

Accouchement, figure maternelle et solidarité féminine

Quand j'ai accouché de Babou, dès les premières contractions, j'ai téléphoné ma mère. Il était quoi, une heure du matin? Mais jamais, jamais l'idée de la réveiller en sursaut en pleine nuit ne m'a traversé l'esprit. Je savais que ma mère entendrait la sonnerie et comprendrait.

Elle avait compris, juste au ton de sa voix. Calme, sereine, fébrile mais apaisante. J'avais le besoin irrépressible de savoir qu'elle penserait à moi, sa seule fille, pendant les prochaines heures.

Et quelles prochaines heures! Le travail fut progressif, mais quand même intense. Aux cinq minutes en partant, puis trois, puis 2...

La douleur, comme on me l'avait souvent décrite, allait toujours en s'intensifiant. Mais grâce aux massages, aux chants tibétains en boucle et à ma totale et complète désinhibition me permettant de vocaliser sur tous les tons graves et rauques la douleur - et ce malgré le va et vient d'infirmières toujours changeantes - je tolérais.

Puis quand j'ai commencé à me sentir perdue malgré les bonnes mains fortes de mon homme qui me pétrissaient les reins, j'ai eu besoin de G. Ma grande amie qui deux fois-et depuis hier, trois fois-avait accouché. Cent fois, m'avait rassurée, raconté, écoutée. Je la voulais près de moi, oui, mais aussi près de mon homme, qui malgré tout son bon vouloir, demeure un homme qui ne connaîtra pas cette douleur. Quoi qu'il fasse.

Une fois G. à mes côtés, la petite panique intérieure s'est apaisée. La douleur continuait d'augmenter, mais je ressentais sa présence comme une halte bienfaisante. Comme une tisane citron-miel entre deux quintes de toux.

En parallèle, tout au long de mon accouchement, je pensais à ma mère. Aux quatre fois où elle était passée par là. Dont une première fois, où après des heures et des heures de travail, on lui avait pratiqué une épisiotomie si brusque qu'aux dires de mon père (qui, mystérieusement, n'est pas mort sur le coup) a fait le même bruit qu'une branche qu'on coupe au sécateur.

Puis une autre fois, toute seule, car mon père n'avait pas eu le temps d'arriver, pris par surprise par ce petit prématuré qui avait choisi d'arriver dans leurs vies cinq semaines plus tôt que prévu.

Et une troisième fois, où tout s'était passé si vite que le médecin en avait presque échappé mon frère par terre.

Quatre fois elle avait réussi à traverser ce passage dans lequel je me trouvais maintenant. Je serais capable d'en faire autant pour au moins une fois, me répétais-je inlassablement.

Et je pensais aussi à sa mère. Ma minuscule grand-mère, menue et délicate qui pourtant, avait 10 fois plutôt qu'une donné la vie. Si cette petite grand-maman que j'ai connue si frêle avait réitéré 10 fois...

Et finalement, je pensais à mon autre grand-maman, encore vivante celle-là, qui, à 93 ans, peut encore nous parler de ses onze accouchements. De ces onze petits mousses - le neuvième pesant 11 livres - qu'elle a tous allaités. Avec lesquels elle codormait. Onze fois son corps avait été soumis aux grandes douleurs. Diable, rien ne pourrait m'empêcher de réussir le onzième de son exploit!

C'est accompagnée physiquement, télépathiquement, spirituellement par toutes ces figures maternelles que s'est faite l'entrée dans le monde de ma fille.

Depuis, j'y repense souvent. À ce stade-ci de ma présente grossesse, je sens le besoin très vif de me replonger dans ces souvenirs encore frais. De lire à ce sujet.

Un article parcouru aujourd'hui expliquait justement ce besoin instinctifs qu'ont la plupart des femmes d'être accompagnées par une paire. Une femme, une figure maternelle. Une amie, une soeur, une sage-femme, une accompagnante.

C'est ce que j'avais fait d'instinct.

Étonnant de voir qu'à l'ère de toutes les modernités et anesthésies, il fonctionne encore, celui-là...