vendredi 13 août 2010

Raison/passion : une histoire de toutou

Babou n’est pas un bébé à suce. On a bien tenté, quelques semaines après sa naissance, de lui faire adopter le concept, alors qu’elle passait sa vie le nez enfoui dans mon corsage et que je ne voyais pas le bout de cette symbiose. Rien à faire : la chose lui ressortait de la bouche sitôt qu’elle entrait en contact avec celle-ci.

Ce qui a longtemps réconforté Babou, c’était mon petit doigt, qu’elle avait si souvent dans la bouche que je pensais en perdre mon ongle. Il était devenu tout sensible! Cette affection pour mon auriculaire s’est toutefois avérée passagère. Du jour au lendemain elle n’y trouva plus le moindre intérêt ni réconfort.

Babou n’était pas non plus un bébé à doudou. Bah, il a y avait bien cette couverture blanche en laine, qu’elle semblait priser un peu plus que les autres… je l’ai laissée faire, se rouler dedans à l’heure du dodo, pensant qu’elle devenait peu à peu son objet fétiche. Jusqu’à il y a quelques semaines, jour où j’ai trouvé d’où provenaient ces centaines, voire ces milliers de petites mousses blanches partout dans son lit et sur le plancher de sa chambre.

Après avoir observé son petit manège, j’ai découvert que lorsque je la couchais pour la sieste ou la nuit, Babou aimait arracher avec ses dents les petites moumousses de sa couverture de laine compressée. À un tel point qu’un beau samedi, en étendant le linge sur la corde, les petites mousses s’envolèrent comme si une tempête de neige s’était abattue sur le jardin en plein mois de juillet.

Aussi bien dire que je ne lui ai pas redonné ladite couverture. Et qu’elle ne s’en est jamais plainte. Pas une vraie doudou, donc.

Puis il y a aussi eu la gigoteuse (ou dormeuse, savez, ce sac de couchage à bretelles dans lequel on « zippe » le bébé pour le tenir au chaud même si aucune couverture ne résiste à son sommeil agité). Babou a pratiquement dormi dans une gigoteuse de sa naissance jusqu’aux grandes chaleurs de juillet. Si elle ne l’avait pas, pas moyen de la faire s’endormir, surtout pour les siestes. Puis quand la canicule s’est abattue sur nous, la gigoteuse a pris le chemin des oubliettes, et y est restée. Sans, encore une fois, le moindre traumatisme chez Babou.

Durant la difficile période où j’ai appris à Babou à s’endormir seule (lire : la laisser pleurer quelques temps, ça n’aura duré qu’un jour ou deux au final), j’aurais donné ciel et terre pour que ma fille ait une doudou, un toutou, une suce, n’importe quoi qui puisse la calmer et l’aider à trouver le sommeil sans pleurer. Mais c’est toute seule qu’elle y est finalement parvenue.

À son entrée à la garderie, comme Babou n’avait pour ainsi dire pas d’objet de réconfort, je lui ai envoyé une couverture quelconque et un des toutous avec lequel elle s’amusait parfois. Je me disais qu’à défaut de la réconforter en notre absence, ça lui rappellerait sa maison, son lit. Ses siestes n’étaient pas fabuleuses, mais je mettais ça sur le compte de l’adaptation, qui est normalement étalée sur quelques semaines.

Puis la garderie a fermé durant trois semaines, pour les vacances. Babou n’y est retournée que lundi dernier. Pendant les vacances, elle avait développé un intérêt croissant envers un de ses toutous – qui porte le nom très original de Beau Toutou. J’ai remarqué qu’elle avait particulièrement apprécié sa présence pendant la fin de semaine passée au chalet de mes parents. Surtout à l’heure du coucher. J’ai donc enjoint le papa de Babou d’envoyer Beau Toutou à la garderie et surtout, de grâce, de le ramener le soir.

Or depuis lundi, Babou ne fait pratiquement plus rien sans Beau Toutou. Sitôt arrivée de la garderie, elle le réclame. Elle l’amène partout avec elle. Pleure de détresse quand on lui enlève pour des raisons évidentes (laver les mains, manger).

Pour limiter les dégâts, on doit le déposer à proximité, ou à tout le moins dans son champ de vision, sinon la terre tremble. Il s’en est même fallu de peu pour que Beau Toutou ne prenne lui aussi son petit bain l’autre soir. Je l’ai attrapé au vol et ai eu droit à une belle crise d’angoisse que j’ai mis de longues minutes à calmer, à force de plouf! dans l’eau! avec les poissons en caoutchouc et de bonnes blagues de maman.

Finalement, à 17 mois, ma fille a soudainement un objet de réconfort. J’imagine que c’est sa façon à elle de se sentir mieux pendant les journées à la garderie, sans son papa.

Autant je m’en réjouis, autant je ne sais pas trop comment réagir. Dois-je limiter l’accès à Beau Toutou? Je ne crois pas. Mais ce coup de foudre va-t-il prendre de l’ampleur? Diminuer? Va-t-il falloir me battre avec Babou pour lui enlever Beau Toutou à l’heure du bain, tous les soirs, ou aux repas?

Vous qui avez vécu ou vivez la même chose, que faites-vous?

lundi 2 août 2010

Maman, si on chantait La fonte des neiges?

À ma première grossesse, je n’étais pas tellement à l’aise avec l’idée de parler à ma bedaine, lui faire écouter du Mozart, lui raconter des histoires et lui chanter des chansons. Je me trouvais ridicule de parler à voix haute, toute seule dans mon salon ou mon lit. Surtout que mon homme à l’époque travaillait à l’extérieur et que je passais mes semaines vraiment toute seule avec mon gros ventre.

Bref je lui parlais dans ma tête, à mon bébé. Je pensais à lui. Je me l’imaginais. Je me visualisais en l’allaitant, en me baladant en poussette, et me berçant dans le salon avec mon tout petit. Ça me déculpabilisait de ne pas être la maman super pro-stimuli-pré-natal.

Par contre, dès qu’elle est arrivée parmi nous, Babou a goûté à mon répertoire de chansons d’hier à aujourd’hui. Et quand je dis hier, c’est hier pas à peu près.

Je devais être en troisième année quand j’ai appris cet inoubliable hymne à la cabane à sucre, « La Fonte des neiges » ou quelque chose du genre. L’institutrice était ce genre de dame qui adooooorait les enfants, le bricolage, les promenades dans le bois, les biscuits, les marches main dans la main avec les petites filles dans la cour de récré, les autocollants au style un peu vieillot… et les chansons du terroir.

Elle-même et son mari avaient une cabane à sucre, alors c’est dire si c’est avec son cœur qu’elle nous a appris cette chanson. Tellement que plus de vingt ans plus tard, je la connais encore par cœur (faut dire, j’ai ce petit côté Grégory Charles/Rain Man en ce qui implique connaître des chansons pour toujours).

Alors je la chante à Babou, depuis qu’elle a ouvert les yeux sur notre monde. À tout propos, en toute occasion, je lui propose de chanter avec moi « La Fonte des neiges ». Et quelle ne fut pas ma surprise le jour où elle m’a montrée qu’elle la connaissait aussi!

Pour chaque phrase de la chanson, Babou dit le dernier mot ou syllabe, ça donne quelque chose à se rouler par terre :

Quand vient la fonte des nèèèzzzzzes
Chez tous nos bons habit’ aaaaaaaaaaaaaaaants
Les gens s’en vont en cort’ èèèèèze
C’est l’temps des sucres, c’est l’bon teeeeeeeeemmmmmmmmmmps
On voyage en grosse voit uuuuuuuuuuuuuuuure
Qu’importe la températ uuuuuuuuuuuuure
Pour s’réchauffer, on boit du laaaaaaaaaaiiiiiiiit (en vrai, c’est du thé mais comme Babou ne sait pas ce que c’est, elle a décidé de dire lait)…

Et ainsi de suite. C’était surtout beau de nous voir chanter ça à la canicule du début juillet, alors qu’on cherchait notre air du matin au soir!

Pour en revenir aux stimuli intra-utérins, j’ai décrété que BB2 commencerait déjà à partager avec sa grande sœur. Je fais à mon avis d’une pierre deux coups en divertissant ma belle Babou, car petit bébé a ainsi déjà droit à la longue liste de hits maternels et de duos mère-fille, aux comptines, aux épisodes de passe-partout et aux cris de joie issus des jeux de chatouilles et fou-rires.

Pas folle, la maman. Déjà en mode économie de temps!