jeudi 18 novembre 2010

Positif versus négatif

Si je vous demandais de me répondre spontanément si vous êtes de nature positive ou négative?

Pas évident, hein?

Euh bon, je rectifie, pour moi, ce n'est pas évident. Mais pour la psy que j'avais déjà consulté, elle m'a catalogué ça en une fraction de seconde : je suis configurée en mode négatif, par défaut à part ça! En tout cas, je l'étais au moment de cette rencontre qui remonte à plus d'un an. J'y travaille depuis.

Son analyse était basée sur un exercice fort simple : elle m'avait demandé, après une première rencontre de me décrire sur papier : moi, mes forces, mes faiblesses, etc. Et sur ma feuille, j'avais commencé par le bout le plus plate pour m'en débarrasser : mes défauts! Et vlan! En abordant d'entrée de jeu mon dark side, je venais d'être campée dans le camp des ronchons, des pousseurs de soupirs et des rabats-joie de ce monde.

J'ai eu un choc. Puis en me regardant aller, j'ai vu qu'elle avait en partie raison. Un beau défi à relever, voir la vie autrement!

Cette anecdote m'est revenue en tête il y a quelques jours. Durant mon dernier suivi avec la sage-femme. Je lui racontais que j'avais la trouille de ce deuxième accouchement. Contrairement à ma première grossesse, je sais dans quoi je m'embarque et j'ai du mal à me détendre en pensant au processus d'enfantement et à ses multiples sensations.

J'ai peur de replonger dans cette douleur que je n'ai pas encore oubliée. Mais j'ai encore plus peur de ne pas être capable de m'y replonger. De voir mon projet d'accoucher à domicile se terminer à l'hosto avec une aiguille dans le dos.

J'ai peur d'un accouchement plus long que le premier, plus douloureux. D'un bébé plus gros qui passe moins bien, ou d'un bébé mal engagé. J'ai peur d'accoucher en plein jour après une nuit d'éveil à vivre les contractions une par une. Peur du déficit de sommeil qui s'ensuivra.

En m'écoutant, ma sage-femme m'a, de un, aidée à exorciser cette peur. Et de deux, elle m'a suggéré de voir autrement mes appréhensions. De passer la commande à l'univers, en mode positif.

Tu as peur d'accoucher fatiguée après avoir perdu une nuit de sommeil? Ou plutôt : je ne veux pas perdre une nuit de sommeil à cause de mon accouchement. Reformule ça en : j'espère avoir une bonne énergie pour accoucher, de jour comme de nuit. Vois les avantages d'accoucher le jour et la nuit.

Tu as peur de revivre cette douleur, de ne pas savoir la gérer? Demande plutôt : je souhaite que mon corps et ma tête comprennent que la douleur me rapproche de la rencontre avec mon bébé.

Et ainsi de suite.

Question de formulation et de perception, applicable pas seulement au moment de l'accouchement, bien entendu.

Ça a peut être l'air cucul comme ça, mais à 38 semaines de grossesse, c'est exactement le genre de discours dont je me gave. Et ça me recharge les batteries, surtout le pôle positif!

lundi 15 novembre 2010

Ces surprenantes antennes

Incalculable, le nombre de fois dans ma vie où ma mère m'a téléphonée au moment même où j'avais besoin d'elle. Où j'étais soit en pleurs, soit en plein désespoir, en questionnement. Ou simplement en train de m'ennuyer.

Une maman, c'est connecté à ses petits. En tant que seule fille de la mienne, qui a également trois garçons, je peux même affirmer qu'un lien particulier unit une mère à sa fille.

Ce lien, je croyais qu'il était apparu lorsque je suis partie de la maison pour voler de mes propres ailes. Mais à l'approche de la naissance de Bb2, à voir comment réagit ma propre fille, je révise ma position.

Depuis quelques temps, Babou est insatiable de sa maman. Est-ce simplement un âge normal pour revenir vers maman, après plusieurs mois passés plus près de papa?

Je crois qu'il y a plus que ça. Ma petite fille sait. Elle sent ce qui se passe, et ça va au-delà des explications que je lui donne chaque jour : « Maman va donner du bon lait au bébé, changer la couche, consoler le petit bébé qui pleure, tu vas m'aider à prendre soin du bébé, n'est-ce pas, grande fille d'amour?»

À travers ces bribes d'information, Babou capte mon actuel dilemme intérieur : profiter à tout prix de l'exclusivité avec elle, qui s'achève, ou laisser davantage de place à papa, qui de toute façon a un lien si fort avec sa fille.

La réaction de Babou à mon attitude est celle d'un affamé devant une assiette remplie de victuailles. Elle m'empoigne, m'étouffe, m'étreint, me fait les yeux doux, chantonne mon nom dans toutes les tonalités. Opération charme d'un soleil à l'autre. Amour parfois violent (quand je suis couchée, elle se laisse cent fois choir de tout son poids sur mon gros ventre déjà rendu sensible aux multiples pirouettes de son locataire).

Le matin, elle vient avec nous dans le grand lit. C'est le bal des coups de pied au visage, dans la poitrine (ultrasensible évidemment), de la caresse des cheveux qui se termine en bonne poigne pour me faire réagir. Son papa essaie de me libérer de l'étreinte de ma petite vorace, et c'est avec rage qu'elle me revendique.

Ma fille a, en ce moment, un besoin viscéral de maman. Qui se traduit en gestes touchants, tellement touchants parfois qu'ils me font mal (pas terrible, se faire arracher les cheveux par une petite main moite et déterminée).

Ce matin, à la garderie, un gros chagrin. Pas une crisette d'enfant de 20 mois qui veut n'en faire qu'à sa tête (j'en ai assez au répertoire pour savoir comparer). Mais des pleurs de petite fille qui a besoin de sa dose de concentré de maman, à tout prix, tout de suite, avant de devoir la partager avec un petit frère ou une petite soeur.

Déchirant.

Mais réconfortant à la fois. Au-delà des mots, ma toute petite fille et moi, nous communiquons.

Ces surprenantes antennes mère-fille, déjà, nous les avons. Puissions-nous toujours les garder en fonction...

jeudi 4 novembre 2010

La complainte de la baleine échouée à côté du phoque en Alaska

Ça sent la fin, cette grossesse. 36 semaines se sont écoulées depuis que j'ai eu ce merveilleux, déroutant, indélogeable doute m'ayant directement conduit à la pharmacie.

Globalement, j'ai eu une merveilleuse grossesse. Pas de soucis, pas de douleurs inquiétantes, pas d'inconnu. Une copie-conforme de ma première grossesse, à part pour ce qui est de sentir les généreux élans d'enthousiasme de Bb2.

À preuve, je n'ai encore une fois pas tellement pris de poids, hormis ce ballon de plage qui me précède toujours et partout et en tout lieu. N'ai pas encore l'ombre d'une vergeture (dont j'ai été épargnée, enceinte de Babou).

Je n'ai pas enflé ni des jambes, ni des doigts. Bah, les chevilles, si peu... J'ai les cheveux épais, soyeux, la peau douce et uniforme et pas un seul bouton n'a osé se pointer sur mon faciès depuis que cette petite toupie a décidé que c'était dans mon ventre qu'elle ferait ses neufs prochains mois de solo de batterie.

La chanceuse, pensez-vous. Je seconde, je suis fort probablement celle qu'on a envie de rentrer dans un mur quand elle parle de ses grossesses.

Mais à 36 semaines, je m'autorise le droit tout à fait légitime de me lamenter publiquement.

- Les brûlements d'estomac sont devenus ma seconde nature. Comment pourrais-je prendre du poids quand je mange le quart de ce que j'ingère habituellement!?

- Oubliez l'écarteleur médiéval : pour tout savoir sur les tenants et aboutissants d'une telle séance de torture, n'hésitez pas à emprunter ma carcasse quelques minutes/heures/jours. Xylophone dans les côtes, engourdissement thoracique et rhumatismes intercostaux garantis!

- L'insomnie matinale a ceci de particulièrement désagréable qu'elle vous tient éveillée un bon deux heures avant le réveil - déjà terriblement hâtif - de votre progéniture de 19 mois. Particulièrement nocif pour la santé mentale.

- Lourdeur lombaire : quand la petite marche de santé vous incommode davantage qu'elle ne vous dégourdit, faut revoir ses moyens de locomotion. La prochaine fois que j'irai prendre un bol d'air, ce sera moi dans la poussette, et Babou qui pousse. Prochaine destination? La pharmacie, dans la section des marchettes et du Robaxapouette.

- Les Braxton-Hicks, je les collectionne. Ces contractionnettes peuplent mon quotidien depuis déjà bien longtemps. Maintenant, en plus de me restreindre dans mes mouvements, de me faire interrompre mes tâches pendant quelques minutes et me déformer le ventre de façon parfois paranormale, elles réduisent à néant mon système respiratoire, ce qui donne lieu à des suffocations et des craintes d'évanouissement/chute de pression.

Déjà, de le dire, il me semble que c'est plus supportable...