jeudi 20 janvier 2011

Une présence bienveillante

Je ne possède pas cette sensibilité qu'ont certains pour ressentir les âmes, pour voir les auras et pour ne pas se sentir seul, même dans une maison vide. Ça me va très bien ainsi.

Toutefois, je ne nie pas l'existence de ces visiteurs invisibles.

Quand nous avons mis les pieds pour la première fois dans la maison que nous habitons en ce moment, mon conjoint et moi nous nous sommes immédiatement sentis chez nous. C'était vide, vieillot, les couleurs des murs (décrépis) étaient moches, mais pour une raison obscure, on s'y plaisait à un point tel qu'on a acheté l'immeuble.

Avant d'y emménager, nous avons beaucoup parlé avec l'ancienne proprio. Elle habitait alors le logement du haut, et allait quitter quand nous prendrions possession du duplex. Le logement du bas était alors vide depuis plusieurs mois. Sa mère l'avait longtemps occupée. Mais était décédée durant l'année.

« Elle n'est pas morte dans la maison, je vous l'assure », nous avait dit la proprio.

Nous ne la croyions qu'à moitié.

Puis nous avons pris possession de notre première maison. Avant le déménagement, nous avons d'abord repeint les murs et apporté des réfections mineures aux lieux.

Nous n'avons jamais vu de fantôme, ni entendu de craquements hostiles, ni constaté de baisses de tensions inexpliquées dans l'éclairage.

Mais c'est trop étrange le nombre de fois où nous avons trouvé exactement ce dont nous avions besoin pour nos rénos dans ce que la proprio nous avait laissé, dans la cave ou dans le garage. Assez souvent pour qu'on le remarque et pour qu'on remercie la défunte dame âgée de prendre aussi soin de nous, nouveaux occupants qui ne voulions que du bien à son ancienne demeure terrestre.


Un jour, le voisin de gauche, en discutant avec mon homme, lui a affirmé que la dame était bel et bien décédée dans la maison.

...

Pas de craintes de dormir seule, pas d'angoisse. La vie continue, tout simplement. En compagnie d'une imperceptible présence bienveillante.


Puis, le 25 novembre dernier, mon fils est né dans cette même maison où, à en croire le voisin, une bonne âme se serait éteinte il y a quelques années.

Comme pour rééquilibrer les choses.

Je ne peux m'empêcher de trouver cela très doux, très romanesque. J'en ai des frissons.

mercredi 12 janvier 2011

C'est mon travail, c'est mon métier...

Je vis très différemment ce deuxième congé de maternité. Je suis certainement plus décontractée.

Avec Babou, il y a 22 mois, j'étais affolée à l'idée de penser que je venais de m'enfermer pour 18 ans dans la maison avec un petit être entièrement dépendant de sa mère. J'étais sérieusement convaincue que je ne dormirais plus trois heures en ligne pendant au moins un an, que j'allaiterais pendant une heure et demie à toutes les deux heures pour au moins six mois.

Quel choc, quand même, que ces premiers pas dans ma vie de maman. Pendant les toutes premières semaines de la vie de ma toute-belle, faire la vaisselle, récurer la cuvette, toute tâche normalement désagréable me paraissait une délivrance en comparaison à mon rôle plus ou moins habile d'allaitante-endormisseuse. J'étais si certaine d'être l'esclave de mon enfant pour l'éternité que je n'avais qu'un objectif : l'endormir et la déposer quelque part.

Vous aurez compris que ce fut exactement le contraire qui se produit. Ô misère que cette fillette avait du mal à sombrer dans un bon sommeil durable! Et évidemment, exit jusqu'à l'idée même de la déposer une fois endormie, j'en étais alors quitte pour tout recommencer mon épuisant stratagème d'endormissement du début, puisque miss Babou se réveillait presque à l'idée que sa maman la largue dans son lit! J'étais au bord du désespoir environ 12 fois par jour.

Heureusement, les mois passèrent, la routine s'installa et je compris à quelle vitesse affolante un congé de maternité se déroule.

Puis, enceinte de Petit Frère, je me suis prise à espérer un enfant plus facile à endormir, à déposer dans son lit. Je ne saurais dire si j'ai été exaucée. Maintenant que je l'ai dans les bras, ou dans le porte-bébé, je me surprends à voir les choses tout à fait différemment.

D'abord, il est certes plus facile à endormir. Mais il n'aime pas tellement non plus passer de l'enveloppante paire de bras parentale au matelas frisquet de son petit lit de bébé. Parfois il continue de dormir, parfois il me hurle de le reprendre à peine deux minutes après. Et ça me dérange tellement moins (voire pas du tout).

J'interromps tout autant mes tâches que quand ma mini Babou avait le même âge et me réclamait. Je passe autant de temps à promener Petit Frère dans la maison pour l'aider à passer ses désagréments gastriques. Mais je respire bien plus calmement quand il me hurle dans les bras que quand sa grande soeur avait elle aussi les blues du petit bedon.

Ma très chère amie Geneviève, qui a vu naître mes deux enfants et qui est aussi en ce moment en congé de maternité, me répète quelquefois cette affirmation tellement vraie, elle qui se lève la nuit pour allaiter sa petite merveille de six mois. "C'est mon travail, je suis payée pour ça".

Elle a tellement raison. C'est la définition même du congé de maternité : être payée pour voir grandir son enfant, dans ce que ce rôle a de plus gratifiant, ou de plus exigeant. Recevoir des sous pour assister à ses premiers sourires, pour l'aider à digérer, pour soigner un petit front poqué, pour introduire les aliments dans le bon ordre, pour frotter les petits cache-couches qui ont épongé un trop-plein.

Et comme pour le "vrai" boulot (celui pour lequel on déprime le dimanche soir et on jubile à partir du jeudi 17 h), il y a des moins bons jours que d'autres. Voilà tout.

À partir du moment où on prend une colique, une mauvaise nuit, une pénible journée à la fois, ciel que la vie à la maison avec bébé est plus douce.

Tout ça, j'aurais aimé qu'on me le dise textuellement quand je n'en pouvais plus d'avoir Babou accrochée à moi comme à une bouée de sauvetage. Bah, on me l'a peut-être même dit, mais je n'entendais pas; il fallait probablement que l'idée fasse son chemin.

Ça doit être ça, user de son expérience de maman... Sais-tu seulement à quel point tu es chanceux, Petit Frère?

lundi 10 janvier 2011

Accord au pluriel du mot «enfant»

Bb2, alias Petit ourson, ou encore mieux, Petit Frère comme l'a si magnifiquement baptisé Babou (alias Grande Fille), a eu six semaines.

Depuis une semaine, son papa est retourné au travail. Ce matin, sa grande soeur a repris la routine de la garderie. Depuis six semaines, je rêve d'alimenter ce blogue mais les minutes me filent entre les doigts. Ce matin, je soupire d'aise : un seul bébé à m'occuper et aucun jouet n'a bougé depuis plus de trois heures!

J'ai très hâte d'immortaliser le récit de la naissance de ce nouveau bébé, qui en ce moment, grogne dans le porte-babou et menace de se réveiller à tout instant! Je préfère attendre un moment plus propice pour le rédiger, mais en attendant, un petit résumé de notre vie à quatre s'impose :

En quelques mots, Petit Frère a un fort potentiel de bébé calme et contemplatif, mais comme il est en proie à de vilaines coliques et autres maux de ventre atroces qui le tirent de son sommeil plusieurs fois par jour/nuit, et ce, plusieurs fois par semaine, disons que mes cernes sous les yeux se rendent jusqu'en Afrique australe et ma patience est usée à 4/32 et selon l'Homme, ne passera pas l'hiver : ) (blague subtile pour ceux qui -rares j'en conviens- connaissent le monde formidable de l'usure du pneu automobile! Désolée, mon conjoint est issu d'une longue lignée de spécialistes du pneu).

Hormis sa détresse abdominale, Petit Frère a (lui aussi) de beaux grands yeux intelligents et éveillés. Déjà, il suit du regard sa grande soeur, comme s'il souhaitait participer à ses jeux et comptines (nombreux). Il gazouille, roucoule et agite vigoureusement ses bras et ses jambes quand quelque chose l'émerveille. Il sourit depuis qu'il a fêté son premier mois, mais à six semaines, on voit que ses sourires sont sentis et volontaires. Il n'existe pas de meilleure récompense pour une maman aux batteries à plat!

Petit Frère a donc aussi en commun avec Babou qu'il a la digestion ardue. Ça me désole, j'espérais sincèrement être épargnée par ces longues heures à promener de long en large un poupon rendu rigide par la douleur. Le sentiment d'impuissance parentale est à son maximum quand on voit ainsi hurler son tout-petit, et que, sans qu'on ose se l'avouer, il en vient à carrément nous taper sur le système. Difficile à gérer... Quand elle a eu environ trois mois, Babou a été exemptée de cette souffrance, souhaitons qu'il en soit autant pour Petit Frère.

On m'a dit, dernièrement, que les enfants qui souffrent de coliques dans les premiers mois de leur vie sont plus intelligents. Belle compensation, et à voir Babou, je suis tentée de croire cette affirmation un peu saugrenue...

Cette dernière, qui aura 22 mois demain, parle couramment. Sujet-verbe-complément. Cette petite m'étonne chaque jour : elle manipule déjà l'humour et sait quand nous envoyer un gag pour détendre l'atmosphère, elle nous fait part de réflexions surprenantes pour son âge, nous partage ses émotions (peine, maman! nous a-t-elle dit dans les premiers jours de vie de son frère, alors qu'elle s'ennuyait visiblement de sa paisible ancienne vie familiale à trois).

Pour l'aider dans cette adaptation, il y a la lecture et le dessin. Elle reconnaît son nom quand on l'écrit parmi nos gribouillis au crayon de bois. Elle est avide de ses livres d'histoire, les connaît par coeur (on lit ensemble, elle me dit un mot sur deux!), et nous lance des citations tirés de ses livres à tout moment de la journée.

Exemple? L'autre jour, elle me lance : Maman, ma vie a changé! (tiré du livre : Je viens d'avoir un petit frère). Très spécial d'entendre cette petite puce de même pas deux ans me partager ainsi ses émotions, parce que ça se voit dans ses grands yeux, elle comprend ce que ça peut signifier.

Et le temps des fêtes dans tout ça? Il est passé sans trop que je le vois. Épuisée, j'ai traîné ma présence fantomatique dans ma famille et ma belle-famille, puis le 27 décembre, nous sommes revenus à la maison pour ne plus en repartir. Quatre nuits à l'extérieur, c'était bien assez.

Par contre, Babou a adoré sa découverte de la magie de Noël, et s'extasie encore devant les décorations des retardataires. « Oh! Couronne de Noël! Ruban de Noël, sapin de Noël, Père Noël!» Sans compter que dans sa lettre au Père Noël, rédigée à la garderie, elle avant demandé comme cadeau... un beau sapin de Noël. Inutile de vous dire qu'elle l'a obtenu!

En vous souhaitant la bonne année 2011, je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures, écrites en direct de ce pyjama de polar bleu, éternel symbole de mon deuxième congé de maternité en autant d'années!