mercredi 14 septembre 2011

Confidences d'une télocheless

On n'a plus la télé depuis le passage au numérique.

...

C'est drôle comme personne dans la maisonnée n'en souffre. Nous sommes passé de deux ou trois chaînes semi-enneigées au néant télévisuel et c'est comme s'il ne s'était rien passé du tout.

Pas que j'aie envie de vous servir ce grand classique hautain de "Ah, nous, la télé, nous trouvons ça insignifiant". Mais non. Je ne suis pas si vertueuse que ça, voyons.

En fait j'aime bien la regarder, la tivi. Nous avons même déjà été abonnés au câble quelques mois et j'affectionnais, je l'avoue, ces émissions de déco, de métamorphoses et d'accouchements que mon Homme trouve teeeeellement, mais tellement nulles. J'en conviens, c'est abominablement cucul, mais quel bon divertissement de temps à autres!

L'abondance de chaînes créée chez moi une légère dépendance à la téloche. Pour moi, ouvrir la télé, c'est aussi ouvrir toute grande la porte du garde-manger passé 20 h et me garocher pathétiquement dans les grignotines. C'est me coucher plus tard aussi, souvent pour un truc pas particulièrement pertinent mais bon, je veux voir comment ça se termine bien que je le sache depuis la toute première seconde du générique du début. Et en bout de ligne, c'est être moribonde le lendemain matin, aux aurores avec mes deux minuscules personnalités matinales.

La tivi, ici, c'est le vice. Nous devenons mous, lâches et patates de sofa devant le petit écran. Pas très jojo, le portrait robot de mon illustre moi-même affalé devant la boîte à images. La bave qui coule, l'oeil injecté de sang, le derrière qui élargit, c'est un peu tout ça pour moi, l'excès de tivi.

Je ne m'aime pas beaucoup dans mon rôle de victime de la dictature télévisuelle, alors arrière Satan, le cablômachin, et exit jusqu'à l'idée même de la soucoupe atomique qui nous relie avec les satellites de la Nasa et ses milliards de posssssssssses de TV qui, au final, nous remâchent en continu la même soupe fade, tiède et réchauffée. Aime mieux investir le 55 % de mon salaire dans mes futures armoires de cuisine.

Avec notre desserte télévisuelle minimale, mon intérêt pour les documentaires scientifiques un tantinet vulgarisés, les reportages à saveur sociale, les émissions de cuisine, le bulletin de nouvelle de fin de soirée et les souvent excellentes séries télé trouve généralement son compte.

À vrai dire, quand nous n'avons que deux ou trois possibilités d'émission, je trouve beaucoup plus facile de me contenir. Je ne pense pas souvent à m'incliner dans mon divan, si ce n'est que pour mettre un Passe-Partout à Babou ou pour synthoniser Télé-Québec, le temps d'entretenir les griffes acérées de Petit Frère (l'image dans le caisson l'immobilise pendant deux ou trois minutes, tout au plus).

Depuis quinze jours donc, il neige à plein ciel dans notre ancêtre cathodique. L'Homme a tout de même tenu à nous procurer le convecteur temporel qui convertira le signal analogique avec le mode numérique. Je n'y comprends rien.

Et n'eut été de Cornemuse et autres émissions pour enfants qui amusent Babou une ou deux fois par semaine, je crois bien que j'aurais très bien survécu sans ce qui encombre un coin de mon salon.

J'ai l'air d'une sainte comme ça, mais ne m'enlevez pas mon accès Internet!

mardi 13 septembre 2011

Tel quel

Enceinte de Babou, j'étais pleine d'idées préconçues à propos de mon bébé à naître. D'abord, nous avions choisi de ne pas en connaître le sexe d'avance. Pfff, pas besoin d'une échographie pour me dire que je portais un garçon! J'en étais si convaincue que j'en rêvais plusieurs fois par mois. L'éventualité d'avoir une fille ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Ou si peu, le temps de choisir un prénom au cas où...

La suite m'apprit que mon instinct de femme enceinte n'était vraiment pas infaillible. J'avais bel et bien une merveilleuse petite fille dans les bras et cette nouvelle perspective m'enorgueillissait presque à l'excès.

Ma fille, à deux secondes de vie, était déjà la réplique miniature de son papa. Elle l'est encore ceci dit, physiquement du moins. Dans cette optique, j'entrevoyais dès sa naissance des moments.... essoufflants. L'Homme, de l'énergie, il en a à revendre. Il m'est donc apparu inévitable que ma petite reproduise le modèle tornade-tourbillon-centrifugeuse de son paternel.

Les mois passèrent. Je m'attendais tellement à avoir engendré un petit monstre que nous fûmes, l'Homme et moi, complètement décontenancés de l'attitude de Babou lors de ses premières visites au parc.

Cette mini-fourmi, elle n'avait pas un an qu'elle pointait du doigt la lune, examinait délicatement les fleurs et restait plantée là à regarder courir, hurler et s'ébattre les autres amis du parc.

Où était la petite terreur que j'appréhendais? J'avais envie de voir ma fille faire le tour du parc en quatrième vitesse en s'époumonant. Au lieu de l'empêcher de débouler le talus sur son legging blanc cassé, je devais lui pousser dans le dos pour qu'elle daigne essayer une seule fois le trampoline, la glissade, la balançoire soucoupe.

Incrédules, l'Homme et moi avons mis ce comportement contemplatif sur le compte du jeune âge de notre demoiselle. Elle est encore petite, elle n'est pas solide sur ses jambes, elle aime regarder les autres enfants pour apprendre... Persuadée étais-je qu'un jour, je devrais la ramasser in extremis en plein sprint au beau milieu de la rue ou encore, perchée sur la corniche du garage.

Dans le champ étais-je sur toute la ligne. Nous avons finalement décrété, il y a deux ou trois jours à peine, que notre Babou n'est pas et ne sera jamais un petit paquet de nerfs pas tenable. J'en ai eu la certitude samedi dernier, alors que j'étais seule au parc avec mes deux matelots.

Lasse et fatiguée, j'avais simplement installé Petit Frère dans la balançoire et pour une fois, j'ai fiché la paix à Babou. Fais ce que tu veux, ma tourterelle, moi je donne une poussée à l'heure à Petit Frère en regardant voler les mouches.

Babou a farfouillé dans les cailloux. Regardé et commenté un match de tennis amical. Cueilli des fleurs en me parlant (encore) du gâteau d'anniversaire de ses rêves. Mangé une collation assise près de moi. Puis, elle est allée examiner de plus près une petite fille qui jouait avec son papa. Elle ne s'est pas jointe à eux, mais les a bien observé. Est revenue en trottinant vers nous. A enlevé-remis-enlevé-remis ses sandales -- il y avait des roches dedans. A constaté à voix haute qu'une dame et un monsieur d'un certain âge se balançaient dans les balançoires de grandes personnes.

Et pendant tout ce temps, je laissais aller. Terminé, la maman fatigante, la g.o. du tout inclus qui insiste pour que son enfant performe dans toutes les structures et modules de jeux du parc de quartier. Fini, l'espoir ridicule et inutile de voir son enfant devenir la petite tannante du parc que tous ont envie d'envoyer sur Mercure en forfait aller-simple.

Ai-je vraiment espéré un jour avoir une gamine turbulente au lieu de ma délicate poupette béate de contemplation? Elle a du frère Marie-Victorin dans le nez celle-là, et alors, tant mieux! Qu'avais-je donc à souhaiter autre chose pour ce trésor avec lequel je vis depuis deux ans et demi?

Petit Frère, lui, regardait sa biscotte et se balançait tout peinard en m'inondant les oreilles de "boua boua boua boua", le babil de l'heure sous nos latitudes. Rien ne laisse présager que cet angélique poupon incarnera la tempête que sa soeur n'est finalement pas. Un ciel bleu, un oiseau qui passe, un moteur de tondeuse à gazon et un craquelin et mon gamin a tout pour être heureux pour de très très longues minutes.

Hier soir, à l'heure du bain, à ce propos, l'Homme a dit cette sage parole. "On ne peut pas les changer". Nos enfants. Ils sont comme ils sont un point c'est tout, depuis la seconde où ils sont conçus. C'est bien parfait comme ça. Et de toute façon, j'adore les surprises.

lundi 12 septembre 2011

Voir le positif

J'ai reçu un merveilleux bouquet de fleurs ce matin. Ma grande amie S. qui ne tarissait pas d'éloges sur ce blogue. Sur la parentalité que je raconte ici, et surtout, sur ma façon positive de mettre en mots les anecdotes et observations que j'en tire.

Ces compliments m'émeuvent profondément. Parce qu'au quotidien, il m'arrive au moins une fois par jour de réciter mon chapelet -- et pas nécessairement pieusement -- en marchant sur un coin de jouet, en relavant des draps de pipi pourtant nettoyés la veille, en faisant encoooooooore une fois la satanée vaisselle quand je n'ai qu'une envie, aller me rouler en boule avec les moutons de poussière qui roulent sous mon lit défait. Seule. Tranquille.

Dans mon sempiternel vêtement mou -- uniforme de mon congé de maternité -- je me sens souvent triste et moche. Mon bébé est mignon à croquer et cumule exploits et grandes premières, et ma fille, parlons-en, elle ne cesse de me surprendre par son vocabulaire riche et sa prodigieuse capacité à jouer avec les mots à deux ans et demi. N'empêche, parfois, même en leur si délicieuse présence je m'ennuie! Je m'ennuie de discuter avec une copine, d'échanger d'égal à égal. Ça me manque, voilà tout!

Parfois aussi, ma descendance me tombe royalement sur les nerfs. Quand ça ne sieste pas longtemps. Quand l'un réveille l'autre. Quand ça hurle pour obtenir un verre d'eau et que dès qu'on leur tend, ça nous le jette au visage parce que pas de la bonne couleur. Quand ça ne veut pas sortir dehors et que ça lambine en mettant ses bottes à l'envers en guise de protestation. Quand ça ne veut plus rentrer dans la maison et que ça se laisse choir sur la galerie. Quand ça chigne pour être dans les bras et que, une fois dans les bras, ça tortille pour retourner chigner par terre.

Et il y a le couple dans tout ça! Vous savez, cette notion floue et vague qu'on perd si facilement de vue quand le fruit de notre union nous siphonne jusqu'au dernier millilitre d'énergie! L'Homme, avec lequel je m'obstine si souvent! Mon Homme si volontaire, si présent, si impliqué, si polyvalent-bricoleur-drôle-affectueux-sportif-débrouillard!

Parfois, c'est en nous disant exactement la même chose dans des mots différents que nous nous prenons la tête, mais nous ne nous en rendant pas compte parce que trop interrompus par une couche à changer, un jouet brisé à réparer illico sous peine de crise d'apoplexie, une urgence collation et tous les décibels que ces situations ô combien pluriquotidiennes engendrent.

Alors voilà, malgré tout ça, si ici, c'est un portrait positif de ma situation familiale que je dépeins, je crois avoir bien à mon propre insu réussi un de mes défis de vie, soit de toujours tenter de tourner la situation, si pénible, navrante, éreintante soit-elle, en positif. Mission accomplie!

mercredi 7 septembre 2011

Héréditaire gourmandise

Je passe beaucoup de temps dans la cuisine. Par nécessité, par plaisir, par obligation, par inspiration. Pour remplir les quatre bedons de la maison, pour me changer les idées, pour ne pas que "ça" pourrisse dans le potager.

Mon homme aussi sait quoi faire avec un tablier, une casserole et une cuiller de bois. Et depuis quelques mois, une mini apprentie nous assiste.

Cette môme, elle adore tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la nourriture. De l'aliment-jouet en plastique (elle en a reçu tout un assortiment à son anniversaire et depuis, j'en retrouve jusque dans mon panier à linge sale) à la spatule (je dois l'empêcher de dormir avec), du pinceau à badigeonner (elle prend son bain avec) aux napperons, de la menthe qui pousse à côté de la galerie aux livres de recettes que je feuillette avec elle de temps à autres, en quête d'idées nouvelles. Et elle commente les photos : "C'est bon!" ou "J'aime çââââ!".

À la garderie, Babou redemande quotidiennement une double et parfois, une triple ration. Sais pas où elle met tout ça, ma filiforme fillette, mais elle MANGE.

Et quand elle ne mange pas, elle parle de nourriture. Elle s'imagine toutes sortes de gâteaux d'anniversaire, de tartes des plus insolites, de bonbons qui n'ont rien à envier aux dragées surprise de Berthie Crochue.

Quand nous revenons en marchant de la garderie, pour passer le temps, nous dressons des listes d'épicerie imaginaires. Babou est toujours partante pour m'énumérer tous les aliments de son répertoire, où les pâtes, le brocoli et le gâteau se disputent la première marche du podium.

Disparates sont ses goûts. Je ne m'étonne même plus de la voir me réclamer une troisième sardine, une tranche supplémentaire de fromage bleu, des montagnes de cerises de terre ou un bol de zestes de citron. Se gavait de parmesan Reggiano à même pas 10 mois, cette coccinelle. A découvert l'univers des poissons en goûtant à du maquereau des Îles-de-la-Madeleine, ma sauterelle.

Gourmande. Curieuse de goûter, mon exploratrice du garde-manger.

Ce que ça donne?

Une influence positive pour son plus grand fan. Petit Frère, de sa chaise haute, examine avec un intérêt tangible le contenu de nos assiettes. Ma main au feu qu'il sera une aussi bonne fourchette que sa-soeur-son-idole. Je le vois aux transes qu'il nous fait quand on lui donne à manger, à l'agilité avec laquelle il se nourrit lui-même déjà, oui oui, jusqu'aux grains de riz qu'il pince entre son minuscule index et son mignonissime petit pouce.

Et chaque jour, je bénis et mon existence, et le fait d'avoir sous mon toit de si beaux enfants qui mordent à belles dents dans ce que je prends plaisir à cuisiner.