Juste avant de recommencer à travailler, j'ai eu un ras-le-bol sévère d'être à la maison. Le lavage, la vaisselle, les traîneries qu'on s'entête à ramasser (pourquoi au juste?) même si on sait pertinemment que cinq minutes plus tard, ce sera encore pire que l'état originel.
J'avais vraiment marre de l'aspect "entretien ménager" de mon statut de maman à la maison. Et même si mon incroyable Babou n'entre pas dans cette infâme, odieuse, abjecte, abominable catégorie, j'ose dire que ma patience était usée à la corde par les montagnes de tâches répétitives qui m'attendaient quotidiennement. En gros, je ne profitais plus de grand chose. Ce qui, j'en conviens, est franchement nul.
Et là bang! Est arrivé le lundi matin fatidique. Fer plat par ci, café par là, merde, je n'ai qu'une seule paire de pantalons qui me fasse encore, remerde, je dois me faire un lunch, rereremerde, j'ai le coeur en gibelotte de compote de crotte.
Babou, au milieu de la tourmente, s'était levée avant les aurores, comme si elle sentait qu'elle devait profiter de la présence de maman au maximum. La larme à l'oeil, j'ai tournoyé dans la maison en rassemblant mon nécessaire de femme de bureau. Crème à main (oh que je puis détester le savon à main commercial qui me rend la peau rêche comme du dessous de pattes d'éléphants), baume à lèvres, bouteille d'eau, mini-miroir, papiers mouchoirs, ainsi soit-il.
Un peu avant de quitter, nous nous sommes collés tous les trois. Ouf, le barrage a cédé. Où étaient passées ces 50 dernières semaines? Avais-je vraiment profité de chaque instant avec ma petite fille? Aurais- je pu être plus présente d'esprit, jouer plus avec elle, laisser de côté mes tâches pour la voir changer et grandir à vue d'oeil?
C'était donc ça, la première année de vie d'un enfant? Accoucher : quelques heures (mais quelles heures, saint-ciel!). Apprendre à allaiter : quelques jours. Consolider l'allaitement : quelques semaines. Et puis une fois ces quelques aspects maîtrisés, c'était donc vrai que tout passe aussi vite?
Oui.
Bah, il y a bien les mauvaises nuits. Les mauvaises siestes. Les mauvais rhumes. Les mauvaises journées. La mauvaise humeur de SPM qui revient, sans qu'on l'ait invitée, après quelques nombreux et bénéfiques mois de sabbatique qu'on transformerait bien en décennies si le désir d'avoir d'autres moussaillons n'était pas aussi viscéral.
Mais tout ça passe, rapidement. Déjà, la petite Babou à la peau toute rouge, cet étonnant petit paquet de 6 livres et 13 onces, cette toute petite créature qui somnolait au sein à mon grand désespoir et qui ne dormait jamais ailleurs que dans mes bras ou dans sa poussette, déjà se tient debout presque toute seule pendant plusieurs secondes et imite le cheval, le mouton, le poisson et le camion de pompier.
En enfilant mon manteau, j'ai regardé mon bébé, bien blottie sur son papa. Ils seront bien ensemble. Il (son papa) a le droit de vivre ce bonheur, ces moments si éphémères que j'ai eu pour moi toute seule pendant près d'un an. J'ai le devoir de lui offrir en cadeau ce qui sans aucun doute seront les plus beaux moments de sa vie.
J'ai donc repris le chemin du boulot en repensant à l'odeur si particulière des joues de Babou, un mélange subtil de lait et de peau de bébé, que j'ai respiré des après-midis entiers alors qu'elle roupillait dans mes bras. Avec la conviction ferme que oui, bien sûr, j'avais su profiter de chaque instant...
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2 commentaires:
AHHHHH! Comme tu écris bien, Élisou!
Ce billet m'arrache les larmes. Oui, le temps passe vite. Oui, on essaie de profiter du mieux qu'on peut de chaque instant, malgré le manque d'énergie et de motivation qui arrivent régulièrement.
Tu as de la chance d'avoir comme amoureux un papa qui peut demeurer à la maison et ainsi vous éviter la valse boulot-garderie-et-compagnie... C'est magnifique de voir ça!
Je te souhaite de prendre doucement le rythme. Respiiiiiiire, chaque chose et chacun prendra sa place. Ça ira!
Bisous à toi!
Bon, j'ai l'air d'un vrai robinet de larmes...que de souvenirs! Malheureusement (ou heureusement), cette impression de déchirement dure très longtemps... Quoique je ne suis pas certaine qu'on aurait l'impression d'en profiter plus si on restait à la maison. Alors bon courage pour les autres semaines.
D'une autre maman qui te comprend.
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