À quatorze mois et demi, Babou a eu sa dernière tétée de bon doux-lait de maman.
Ça s'est passé la semaine dernière, tout naturellement. Depuis que j'avais repris le boulot, je m'étais farouchement réservé le matin et le soir pour allaiter mon irrésistible progéniture. C'était notre moment de retrouvailles après un bon dodo, avant que je reparte pour le bureau, et avant d'aller au lit.
Ça se passait relativement bien. Puis, est-ce la grossesse, ou la fréquence des tétées qui avait diminué, j'ai senti que j'avais de moins en moins de doux-lait pour ma Titi. Elle ne s'en plaignait pas, je crois en fait que juste d'être collée sur maman, dans la pénombre silencieuse de sa chambre, la comblait.
Un matin, puis deux, puis trois, elle s'est réveillée en criant, pleurant et tempêtant, avant et après la tétée. Je trouvais triste que ce moment de calme serein se transforme en moment de discipline et de cris. J'ai décidé de ne plus lui offrir sa petite ration matinale. Faut dire aussi - est-ce encore une fois ma grossesse? - que ma patience n'est pas toujours à son zénith à 5 h du mat et des poussières.
Pendant un temps, Babou a très bien géré la tétée du soir. Puis il y a environ deux semaines, le lait se faisait VRAIMENT plus rare, elle s'agitait de plus en plus pendant le 3 minutes que le boire durait. De thérapeutique, ce moment m'est soudainement apparu comme franchement désagréable, à la limite de la corvée.
Un soir, j'ai suggéré à l'homme de lui refiler un biberon de 3,25 % pour voir s'il arriverait à la mettre au lit sans qu'elle ne réclame mon doux-lait. Si ça a marché! C'est comme si cette enfant là n'avait jamais vu un sein maternel de sa vie. Au lieu de me vexer, cette transition fastoche m'a rassurée.
Le lendemain par contre, j'avais la devanture en béton, douloureuse du front jusqu'au genou et j'exagère à peine. Au bureau, à partir de midi, je ne rêvais que de mon bébé s'y abreuvant goulûment et du soulagement maternel immédiat s'ensuivant. À 19 h, je suis arrivée à la maison juste à temps pour la cérémonie du doux-lait.
Bébé a bien accompli sa besogne. Le fait d'avoir sauté une journée avait (pour elle) l'avantage de lui garantir une bien meilleure tournée lactée! Le tout s'est terminé avec un burp de satisfaction et un de ces beaux dodos...
Le lendemain soir, je voulus réitérer, me rappelant de l'agréable tétée de la veille. Babou eut beau s'évertuer à téter, au bout de plusieurs minutes de labeur, toujours pas de réflexe d'éjection. Je l'ai lentement interrompue. Je l'ai doucement bercée dans mes bras. Elle était toute calme, ma grande fille, elle ne pleurait même pas, et ce, même si elle n'avait pas eu droit à une seule petite goutte de doux-lait.
Je l'ai couchée dans son petit lit, avec Le Beau-Toutou et La-Doudou-Douce-Avec-des-Tas-d'Étiquettes. Je suis sortie de la chambre doucement.
Ce fut la dernière tétée de mon bébé.
Je suis plus triste à le raconter qu'au moment où je l'ai vécu, car à la vérité, j'étais rendue là. Je ne me suis jamais fixée d'objectif d'allaitement. Je pensais que Babou, en soufflant ses deux bougies, aurait encore droit à mon doux-lait. Je pensais que mes bébés auraient deux ans et demi au moins de différence.
Finalement on ne peut pas tout prévoir. La vie décide parfois à notre place. J'aurais pu m'acharner et restimuler la lactation. Mais maintenant, avec un recul de quelques jours, je suis en mesure d'affirmer que j'avais BESOIN d'une pause d'allaitement entre mes deux bébés. Dans 5 mois, j'en aurai un tout neuf à nourrir aux 1 h 30 - 2 h, s'il est comme sa grande soeur.
Une pause bien méritée.
J'ai adoré allaiter Babou. Maintenant, j'adore la tenir serrée contre moi, dans la pénombre silencieuse de sa chambre, et lui fredonner sa berceuse préférée. L'entendre me dire "Babaille Mamôôôn" à travers sa porte, que je referme tout doucement.
Le lait maternel n'est plus, mais l'amour lui, grandit encore chaque jour...
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3 commentaires:
Quel beau récit d'allaitement!
Tu as été bonne de continuer même après le retour au travail! Ce n'est pas tout le monde qui a envie de le faire ou l'énergie...
Je te lève mon chapeau! Bravo! Et si je comprends bien, tu es en train de nous dire... À LA PROCHAINE FOIS! ;-)
J'allaite moi-même petit Lutin, trois mois et demi, et même si parfois j'essaie de me dire que l'allaitement durera... jusqu'à quatre mois, six mois, la vérité c'est que je suis incapable d'arrêter, contrairement à mes autres enfants. C'est si bon, n'est-ce pas? Sous toutes les coutures! ;o)
Mais à 14 mois, y avait un très bon bout de chemin de fait :)) N'empêche, je connais ce deuil jusque dans mes tripes...
Quel doux récit! Oh que je te comprends de vouloir prendre une pause d'allaitement entre tes deux bébés, tout comme je te comprends d'avoir voulu le faire longtemps. J'ai justement un billet sur le sujet dans le collimateur... ça devrait venir bientôt.
Bravo pour ce bel allaitement, tu as raison d'être fière de vous deux!
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