mercredi 12 janvier 2011

C'est mon travail, c'est mon métier...

Je vis très différemment ce deuxième congé de maternité. Je suis certainement plus décontractée.

Avec Babou, il y a 22 mois, j'étais affolée à l'idée de penser que je venais de m'enfermer pour 18 ans dans la maison avec un petit être entièrement dépendant de sa mère. J'étais sérieusement convaincue que je ne dormirais plus trois heures en ligne pendant au moins un an, que j'allaiterais pendant une heure et demie à toutes les deux heures pour au moins six mois.

Quel choc, quand même, que ces premiers pas dans ma vie de maman. Pendant les toutes premières semaines de la vie de ma toute-belle, faire la vaisselle, récurer la cuvette, toute tâche normalement désagréable me paraissait une délivrance en comparaison à mon rôle plus ou moins habile d'allaitante-endormisseuse. J'étais si certaine d'être l'esclave de mon enfant pour l'éternité que je n'avais qu'un objectif : l'endormir et la déposer quelque part.

Vous aurez compris que ce fut exactement le contraire qui se produit. Ô misère que cette fillette avait du mal à sombrer dans un bon sommeil durable! Et évidemment, exit jusqu'à l'idée même de la déposer une fois endormie, j'en étais alors quitte pour tout recommencer mon épuisant stratagème d'endormissement du début, puisque miss Babou se réveillait presque à l'idée que sa maman la largue dans son lit! J'étais au bord du désespoir environ 12 fois par jour.

Heureusement, les mois passèrent, la routine s'installa et je compris à quelle vitesse affolante un congé de maternité se déroule.

Puis, enceinte de Petit Frère, je me suis prise à espérer un enfant plus facile à endormir, à déposer dans son lit. Je ne saurais dire si j'ai été exaucée. Maintenant que je l'ai dans les bras, ou dans le porte-bébé, je me surprends à voir les choses tout à fait différemment.

D'abord, il est certes plus facile à endormir. Mais il n'aime pas tellement non plus passer de l'enveloppante paire de bras parentale au matelas frisquet de son petit lit de bébé. Parfois il continue de dormir, parfois il me hurle de le reprendre à peine deux minutes après. Et ça me dérange tellement moins (voire pas du tout).

J'interromps tout autant mes tâches que quand ma mini Babou avait le même âge et me réclamait. Je passe autant de temps à promener Petit Frère dans la maison pour l'aider à passer ses désagréments gastriques. Mais je respire bien plus calmement quand il me hurle dans les bras que quand sa grande soeur avait elle aussi les blues du petit bedon.

Ma très chère amie Geneviève, qui a vu naître mes deux enfants et qui est aussi en ce moment en congé de maternité, me répète quelquefois cette affirmation tellement vraie, elle qui se lève la nuit pour allaiter sa petite merveille de six mois. "C'est mon travail, je suis payée pour ça".

Elle a tellement raison. C'est la définition même du congé de maternité : être payée pour voir grandir son enfant, dans ce que ce rôle a de plus gratifiant, ou de plus exigeant. Recevoir des sous pour assister à ses premiers sourires, pour l'aider à digérer, pour soigner un petit front poqué, pour introduire les aliments dans le bon ordre, pour frotter les petits cache-couches qui ont épongé un trop-plein.

Et comme pour le "vrai" boulot (celui pour lequel on déprime le dimanche soir et on jubile à partir du jeudi 17 h), il y a des moins bons jours que d'autres. Voilà tout.

À partir du moment où on prend une colique, une mauvaise nuit, une pénible journée à la fois, ciel que la vie à la maison avec bébé est plus douce.

Tout ça, j'aurais aimé qu'on me le dise textuellement quand je n'en pouvais plus d'avoir Babou accrochée à moi comme à une bouée de sauvetage. Bah, on me l'a peut-être même dit, mais je n'entendais pas; il fallait probablement que l'idée fasse son chemin.

Ça doit être ça, user de son expérience de maman... Sais-tu seulement à quel point tu es chanceux, Petit Frère?

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