mardi 11 décembre 2007

Feu feu, joli feu?

C’est unanime. Rien de tel pour décongeler les orteils, chasser les frissons et combattre les rhumatismes qu’un bon feu de bois qui crépite par un bel après-midi d’hiver. La chaleur radiante qui émane du poêle à bois n’a en effet absolument rien à envier à celle, faible et diffuse, que crachote le pauvre calorifère électrique. Côté confort et ambiance, le feu de bois défie toute compétition.

C’est quand on se risque à regarder l’envers de la médaille que les choses se corsent. Quoi? Mon système de chauffage au bois a-t-il vraiment des défauts? Quand on l’analyse du point de vue de ses impacts sur la qualité de l’air, oui. La flamme qui danse dans un poêle à bois non certifié pendant neuf heures émettrait même, selon Environnement Canada, autant de particules fines dans l’atmosphère qu’une voiture intermédiaire qui parcourt 18 000 km.

Que les cheminées de deux ou trois chaumières perdues dans les campagnes fument en même temps n’est a priori pas un problème. Mais multiplions par 10 000 les foyers qui carburent au petit bois et ajoutons-y les effluves des pots d’échappement qui poireautent dans un bouchon de circulation, le chauffage industriel et résidentiel au mazout et autres enivrantes combustions urbaines.

Conséquence? Une triste décoction de polluants atmosphériques, parmi lesquels nous retrouvons le monoxyde de carbone (CO), l’oxyde d’azote (NOx) les composés organiques volatiles (COV), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et autres trucs à dormir debout que personne n’aimerait voir saupoudrés dans ses céréales le matin. Mises ensemble, ces substances contribuent au smog hivernal, qui lui-même n’a rien de très réjouissant, puisqu’on lui attribue des effets indésirables sur la santé (toux, problèmes respiratoires, irritation des yeux et autres mochetés).

Sachant cela, faut-il envoyer à la ferraille nos bons vieux poêles à bois? Plutôt que d’aller se réchauffer entre le bœuf et l’âne, le consommateur est plutôt invité à choisir un poêle à bois certifié par l’Association canadienne de normalisation (CSA) ou son équivalent américain, l’Environmental Protection Agency (EPA). Ces appareils, certifiés selon la norme B.415.1-04, permettent une réduction de 80 à 94 % des polluants atmosphériques selon les conditions d’utilisation et le modèle choisi. Le foyer de masse, lui, est un autre type de poêle à combustion qui émet peu de substances dans l’air. Très performant et surtout très imposant, on le construit davantage dans les nouvelles demeures, dont la structure est adaptée au poids du gentil mastodonte.

Enfin, comme son nom l’indique, le poêle à bois est conçu pour brûler… du bois. De grâce, n’y brûlons pas différents détritus (plastique, bois traité) qui dégagent des substances encore plus nocives que celles déjà énumérées. Avec une utilisation parcimonieuse du chauffage au bois, en alternance avec d’autres sources d’énergie moins polluantes (électricité, gaz), le charme du feu de bois pourra heureusement continuer à opérer.

mardi 4 décembre 2007

Le côté paradoxal d'un joujou hivernal

Quand le mercure pique du nez et que les flocons tombent dru, l’automobiliste renoue généralement avec ses vieux cauchemars. Certes, se les geler dans une voiture givrée à 6 h 30 le matin n’est pas aussi agréable qu’un coucher de soleil à Tahiti. La technologie a heureusement, au fil des matins sibériens, pensé à nous. Balai-grattoir, pelle télescopique, antigel pour serrures et tout le saint-frusquin hivernal reprennent du service, ô joie, dès que la météo nous fait un pied de nez.

Ceux qui en avaient marre de retrouver, au petit matin, leur bagnole coincée au rayon du surgelé, ont frémi de bonheur en découvrant, il y a quelques années, le démarreur à distance. Finito banana, le siège cryogénique et le pare-brise couvert de frimas que l’on gratte en rouspétant à grand renfort de carte de crédit! Conçu pour diminuer le choc thermique de l’automobiliste, l’engin télécommande ni plus ni moins à la voiture de mettre une bûche dans le poêle et de préparer le terrain pour les foufounes frileuses. Très chouette.

Ce qui l’est beaucoup moins est le côté paradoxal de la vente de démarreur à distance. À quoi bon, en effet, partir en croisade contre la marche au ralenti des véhicules quand, deux coins de rue plus loin, on vend encore des démarreurs à distance? Faut-il aimer donner des coups d’épée dans l’eau pour d’un côté, supplier l’automobiliste d’éteindre le moteur de sa voiture quand il s’arrête pour plus que dix secondes, et de l’autre, autoriser encore la vente de démarreur à distance dont le temps d’utilisation se définit, lui, en (nombreuses) minutes!

Côté environnemental, le démarreur à distance constitue donc un véritable ennemi à abattre, sachant qu’il sert souvent à faire ronronner l’auto ad vitam aeternam dans l’entrée de cour. En marchant au ralenti, le moteur ne parvient pas à se réchauffer rapidement. Conséquemment, l’atteinte d’une combustion optimale du carburant est plus longue à atteindre, ce qui contribue au smog hivernal et aux émissions de gaz à effet de serre.

Côté mécano, l’effet n’est pas plus terrible, et même plutôt dévastateur. Car si la marche au ralenti permet à l’habitacle de la voiture de se réchauffer (de manière moins efficace qu’une auto qui roule, soit dit en passant), toutes les autres pièces et systèmes de la voiture en prennent pour leur rhume en demeurant paralysés par le froid ou en fonctionnant dans des conditions inadéquates, qui les feront s’user prématurément.
Pour ces multiples raisons, l’utilisation d’un chauffe-moteur s’avère un choix beaucoup plus judicieux que le démarreur à distance, tant pour la santé mécanique du véhicule que pour la qualité de l’air en général. Réglé à l’aide d’une minuterie pour faire son travail environ deux heures avant l’utilisation de la voiture, le chauffe-moteur permettra un démarrage immédiat malgré le froid de canard. Rouler lentement durant les premiers kilomètres laissera aussi le temps à l’auto de se dégourdir tout en douceur, même dans la froideur!

jeudi 22 novembre 2007

L'envers du trop vert

Il y a de ces individus qui nous paraissent, écologiquement parlant, fabuleusement irréprochables. Se privent de boire du café car le grain n’est pas produit localement. Chauffent minimalement la maison durant l’hiver et se vêtent en pelure d’oignon. Fabriquent eux-mêmes leur savon biodégradable. Détricotent leurs vieux pulls pour en faire des pantoufles. Pour ces gens, être plus catholique que le pape semble être une seconde nature, ce qui nous consterne.

Faire tout en son pouvoir pour réduire ses impacts environnementaux, c’est évidemment très bien. Mais conjuguer l’art d’être vert au plus-que-parfait peut parfois cacher un syndrome, semblable à celui des Gaulois qui craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête : l’éco-anxiété.

Holà! Sans insinuer que les comportements décrits en introduction découlent directement d’une écolo-déviance psychiatrique ou d’une angoisse de fin du monde amplifiée, les psychologues et autres spécialistes de nos bobos intérieurs ont récemment vu apparaître des symptômes intimement reliés au piteux état de la planète. En effet, les sujets souffrant d’éco-anxiété se révèlent particulièrement sensibles à l’abondance de mauvaises nouvelles à caractère environnemental. Comment?

Les bouleversements anticipés que causeront les changements climatiques, la désertification des sols, la présence de pesticides dans l’alimentation et la pollution en général génèrent, pour la plupart d’entre nous, un malaise, une inquiétude qui nous pousse à nous en tenir informés et à modifier raisonnablement nos habitudes de vie.

Chez les éco-anxieux, la réaction est poussée à l’extrême. Les prédictions peu réjouissantes des spécialistes du climat les empêchent carrément de dormir. L’idée de voir disparaître la banquise leur coupe littéralement l’appétit. Le moindre geste du quotidien (prendre une douche, utiliser une voiture) provoque un insoutenable sentiment de culpabilité. Les comportements peu soucieux de l’environnement de l’entourage sont perçus comme des attaques personnelles. En somme, ce qui est une préoccupation pour la plupart d’entre nous devient une cruelle obsession pour les personnes en proie aux sueurs froides, tremblements et crises de paniques propres à l’éco-anxiété.

Au-delà des nouvelles déprimantes concernant la qualité de l’eau, de l’air et de la Terre, c’est le ton alarmiste souvent employé pour décrire la débandade environnementale qui affecte si profondément ces personnes. C’est à ce moment que la thérapie sur mesure intervient. L’éco-thérapie vise à aider l’éco-anxieux à composer avec ses craintes et ses angoisses. À réapprendre à fonctionner normalement sans se mortifier toutes les fois qu’il consomme un espresso ou prend l’avion. À trouver un juste milieu entre la peur qui paralyse et la conscience environnementale qui pousse à agir… dans les limites du possible.

mercredi 21 novembre 2007

Une infestation de TIC

Manger bio-local-équitable. Se vêtir de façon éthique. Utiliser des produits de nettoyage écolos. Économiser l’eau et l’électricité. Réduire, réemployer, réutiliser, recycler, composter, covoiturer, amen. Si déjà vous posez la plupart de ces gestes, il y a de quoi vous sentir fier.

Mais si comme la très vaste majorité des Québécois, votre foyer est bourré de TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), votre croisade vers un bilan environnemental parfait n’est pas terminée. Qui en effet n’a jamais eu à se départir d’un ordinateur désuet, d’une imprimante bicentenaire, d’un photocopieur néandertalien et d’un téléphone cellulaire complètement kapout? Qu’il se lève celui qui n’a jamais eu à traiter de près ou de loin avec l’un ou l’autre de ces malheureux engins.

Les TIC sont partout, toujours là pour divertir, rendre service et nous faciliter la vie cent fois par jour. C’est quand le glas sonne pour ces appareils que l’on déchante, car à l’instar de celles qui se dissimulent dans la fourrure de Pitou et Minou, éliminer les TIC n’est vraiment pas une sinécure. Surtout quand la durée de vie d’un appareil comme le cellulaire est d’environ deux ans. De vraies calamités que ces vielles TIC.

Parce que les matériaux qu’ils contiennent (plomb, béryllium, cadmium, mercure et cie) empoisonnent littéralement l’environnement si on les jette n’importe comment, se débarrasser des TIC n’est pas un jeu d’enfant. Dans ce contexte, à qui donc puis-je les léguer, pour l’amour?

À Sherbrooke, les éco-centres et certaines entreprises privées reprennent les vieux ordinateurs et cartouches d’imprimante. Ils seront ensuite reconditionnés ou démontés pour être recyclés. Au Québec, l’organisme Ordinateurs pour les écoles du Québec (OPEQ) remet en circulation du matériel informatique qui ne correspond plus au besoin des entreprises, mais qui fait amplement le bonheur des écoliers. Et récemment, certains magasins de produits électroniques à grande surface ont commencé à reprendre les TIC dont on ne veut plus.

Mais malgré tous les vertueux conseils reliés à la récupération et au recyclage de ces appareils, les TIC usagées et défectueuses demeurent difficiles à faire disparaître. Au fur et à mesure que ces produits gagnent en popularité, le problème relié à leur élimination s’accentue. Car il ne faut pas perdre de vue que bientôt, nombre de ces fabuleux gadgets seront brisés et irréparables ou carrément obsolètes.

Dans cette optique, il importe d’agir bien avant que le mal soit fait. Comment? En entretenant les TIC que l’on a déjà en sa possession. En prenant le temps, avant un achat, de bien évaluer et planifier ses besoins. En choisissant des appareils qu’on peut mettre à jour au fil des innovations technologiques et finalement, en exigeant des produits de bonne qualité et résistants, qui dureront longtemps.

mercredi 7 novembre 2007

Petits exercices de mémoire

Jeudi, jour de l’épicerie. À peine rentrée du travail, je farfouille rapidement dans les circulaires à la recherche de produits en vedette cette semaine. J’ai faim, je suis éreintée et dehors, il fait un de ces sales temps. Ça fait déjà deux jours que le frigo n’a plus que le pot de moutarde, la sauce soya et la boîte de petite vache à garder au frais. Je me résigne donc à affronter ces fichus vents et marées. En route vers le supermarché (à reculons).

En franchissant les portes automatiques, autre tuile. Aaaarrgghhh malheur! J’ai ENCORE oublié mes sacs réutilisables, nombreux et multiples, à la maison. J’en possède même une véritable collection, bien accrochée dans le placard près de l’entrée. Le problème n’est donc pas de ne pas avoir de ce type de sacs, mais bien, sainte-misère, de ne jamais m’en servir.

Plantée à côté des paniers, je me sens stupide et seule au monde. Tous les clients qui arrivent peu après moi pavanent fièrement avec leurs sacs, multicolores et de tous formats. Un point pour la terre entière, zéro pour moi. Comment ont-ils fait, ces individus, pour développer ce réflexe environnemental maintenant très répandu? Suis-je désormais la seule étourdie à arriver bredouille aux portes du temple de l’alimentation? Serais-je la dernière représentante de l’espèce humaine à en ressortir avec de misérables sacs froufroutants et fragiles, qui semblent prendre un malin plaisir à se pourfendre à mi-chemin entre le coffre de ma voiture et mon vestibule?

De retour à la maison (avec mes !@#??#*&{¤ de sacs de plastique défoncés) je décide que la plaisanterie a assez duré. À quoi bon accumuler des sacs solides, coquets et lavables si en bout de ligne je les laisse croupir entre balai, vadrouille et planche à repasser? Je ne peux pas me fier sur ma mémoire à trois sous? Qu’à cela ne tienne, j’userai désormais de stratégie, en trois étapes infaillibles.

OPÉRATION POIGNÉE DE PORTE
Quelle est la dernière chose que je fais en sortant de la maison? Ouvrir la porte. Eh bien à partir de maintenant, quand je tirerai la bobinette pour que cherre la chevillette, il y aura toujours, sur cette poignée, un sac réutilisable. Du moins jusqu’à ce que je développe l’habitude de l’amener avec moi. L’évidence me sautera alors au visage : « Ne pars pas sans tes sacs, pauvre sotte ». Merci du rappel.

SAC GIGOGNE À LA RESCOUSSE
Comme la plupart des dames, je possède un sac à main qui contient l’équivalent d’une semi-remorque de bidules hétéroclites. Tant qu’à transporter la moitié de mes avoirs sur moi, aussi bien y ajouter un ou deux sac réutilisables bien pliés, qui seront toujours à portée de main en cas de courses imprévues.

AUTO ENTREPÔT
Enfin, en laissant en tout temps quelques sacs réutilisables dans ma voiture, idéalement à côté du frein à main ou dans le coffre, je n’aurai plus aucune bonne raison de laisser mes sacs d’emplettes aux oubliettes, quitte à rebrousser chemin avant de faire mon marché, mon magasinage du temps des fêtes, mes courses éclair à la quincaillerie, ma tournée des librairies, ma razzia au centre-ville, ma visite à la friperie, ainsi soit-il…

Du mégawatt au négawatt

Éteindre les lumières en quittant une pièce. Se servir d’une bouilloire pour porter l’eau à ébullition. Mettre un couvercle sur les casseroles qui mijotent. Baisser le chauffage avant d’aller au lit ou de partir pour la journée. Remplacer les traditionnelles ampoules incandescentes par les fameuses spirales fluo-compactes. Calfeutrer les fenêtres, poser des coupe-froid aux portes et dans les prises de courant. Alouette.

Pour certains, ces actions pourtant simples peuvent déranger les vieilles habitudes jusqu’à devenir franchement agaçantes et non fondées. Pourquoi diable économiserait-on l’énergie, ici? Le Québec n’est-elle pas une championne en matière de production énergétique? L’hydroélectricité, source d’énergie propre s’il en est une, ne nous fournit-elle pas tout le courant dont on a besoin et ce, à un prix dérisoire? Certes.

Mais une électricité bon marché constitue pourtant une arme à double tranchant. Parce que les factures d’électricité que nous recevons ne nous ne saignent pas (encore) à blanc, nous ne nous fendons pas (encore) en quatre pour minimiser notre consommation énergétique. Or une nouvelle source d’énergie, révolutionnaire, carbure justement aux efforts de réduction. L’électricité produite à partir des négawatts n’utilise aucune ressource naturelle. Son installation se fait rapidement, dans tous les coins possibles et inimaginables. Même le plus empoté des bricoleurs peut se procurer gratuitement ce formidable système qui, jamais au grand jamais, ne flanche.

Le négawatt, c’est la version énergétique du néant. Ou l’art de réduire sa consommation d’énergie plutôt que d’en produire toujours davantage, pour satisfaire des consommateurs de plus en plus gourmands. L’énergie non utilisée devient ainsi disponible et évite la construction de nouveaux barrages, de nouvelles centrales ou autres technologies coûteuses et contestées. Le principe du négawatt est simple : il suffit de consommer moins d’énergie. Non seulement synonymes d’économies, les watts non consommés ici peuvent même devenir lucratifs lorsque vendus, par exemple, à un coût supérieur à nos voisins du sud. Voilà qui devient intéressant!

Apparu dans le paysage depuis quelques années, le négawatt demeure, malgré ses multiples avantages, terriblement méconnu. À l’approche de la saison froide et de son festival du chauffage et des décorations de Noël, faisons donc une place aux négawatts dans nos foyers. Nos compteurs d’électricité n’ont qu’à bien se tenir!

Coup de génie environnemental
Quoi de plus exaspérant que de recevoir, par la poste, du courrier indésirable et non sollicité. À plus forte raison quand cet envoi comprend, en plus d’une promotion XYZ dont on a rien à poncer, une enveloppe réponse pré affranchie. L’équipe des abonnements du magazine Québec Science a compris ce non-sens. Leur enveloppe « tout en un » a ceci d’ingénieux qu’elle contient un rabat, pré affranchi et pré adressé, qui se replie et se colle sur l’enveloppe déjà existante, déjà utilisée pour l’envoi. Comme quoi les plus petits changements font parfois toute la différence. Vivement que ce concept arrive aux oreilles des institutions de crédit!

mercredi 24 octobre 2007

Un petit goût amer dans mon verre d'eau

Il y a parfois de ces illogismes. Dans certains restaurants européens, par exemple, il faut débourser quelques centimes d’euro pour aller changer son poisson d’eau. Même si on vient de s’hypothéquer la peau des fesses sur une table d’hôte hors de prix. Et même si le litre d’eau de source embouteillée, à trois bidous et demie s’il vous plaît, est à l’origine de cet urgent appel du petit coin.

Choc culturel, donc. Parce qu’ici au resto, non seulement s’enfile-t-on allègrement les verres d’eau sans créer la moindre petite hémorragie bancaire, mais quand nous tirons ensuite la chasse, c’est sans plonger la main dans le porte-monnaie. Bue gratuitement, éliminée sans payer. Se rend-on compte à quel point tout cela est facile et formidable? Pas exactement, non. On trouve chez nous une eau abondante et saine, sous observation à toute heure du jour et traitée avec une précision maniaque pour respecter des paramètres établis au microgramme près. Malgré toute cette eau disponible sur demande, sa consoeur embouteillée, vendue à prix d’or, collectionne encore d’incalculables adeptes.

Embouteiller de l’eau, fallait tout de même y penser. Bon d’accord, il est prouvé que du moment que l’on paie pour un bien ou service, on y fait généralement plus attention. Dommage qu’il faille embouteiller un liquide aussi vital que l’eau pour soudainement lui donner plus de valeur aux yeux du consommateur sensible au marketing. Et dommage que pour mettre de l’eau en bouteille, il faille autant de pétrole.

Oui, du pétrole. Pour fabriquer le satané contenant de plastique qui emmagasine ladite eau, souvent puisée à même l’aqueduc qui dessert certaines grandes compagnies d’embouteillage sans vergogne. Et encore du pétrole, cette fois pour livrer jusqu’au consommateur assoiffé son eau préférée, servie dans une jolie bouteille de PET (polyéthylène téréphtalate pour les intimes). Ce type de plastique, à grande valeur de recyclage, est cependant destiné à un usage unique. Parce que certaines substances toxiques sont libérées lorsque les agents stabilisants du plastique se dégradent, on déconseille toute réutilisation de ce type de contenant. Conséquence? La vilaine chose aboutit plus souvent qu’autrement à la poubelle.

Dans un contexte où nos municipalités s’évertuent en temps et en argent pour nous offrir une eau de la plus grande qualité, la vente d’eau embouteillée peut laisser un petit goût amer. Un grand verre d’eau mûri en fût de plastique et consommé dans un festival de gaz à effet de serre? Non merci, sans façon. Je préfère de loin remplir à ras bord mon indestructible bouteille réutilisable, ceci avec la bonne eau de ma municipalité.

mardi 9 octobre 2007

Des débouchés pour des bouchons

Qu’on les dévisse ou les tire de leur goulot, les bouchons donnent souvent le coup d’envoi à de belles soirées. À l’annonce d’une bonne nouvelle ou à la fin d’une étape qu’on souhaite souligner, le «pschiiiittt!» et le «wiiiiiin pop!» ont ce petit je-ne-sais-quoi de cérémonieux qui rend tout le monde fébrile.

Mais faute de débouchés, passé l’euphorie du tire-bouchon et le tintement des verres qui s’entrechoquent, les gardiens de l’élixir passent invariablement l’arme à gauche. Avec un peu de chance, certains aboutiront dans des projets d’art plastique. Les autres prendront l’aller simple vers le fond des poubelles, ou pire, seront carrément pichenottés dans quelque recoin broussailleux du terrain.

Or s’est-on déjà soucié du sort qui leur était réservé? Peut-on remercier les bouchons de leurs loyaux services en leur offrant autre chose qu’un service funèbre? Si oui, les matériaux utilisés pour la fabrication des bouchons valent-ils vraiment la peine qu’on s’évertue à réorienter leurs carrières? Voyons de quoi il en retourne.

D’abord, la production annuelle de ce qui colmate nos rouges, blancs et rosés s’élève à environ 340 000 tonnes de petits bouts de liège. Quand on sait que ce précieux objet est fabriqué à même l’écorce d’un arbre, le chêne-liège, il devient angoissant d’appliquer la solution finale aux aboutissants d’une si fragile ressource.

Le chêne-liège, qui pousse dans les zones de climat méditerranéen (Maroc, Tunisie, France, Portugal, Espagne), subit dans quelques régions les contrecoups de la déforestation. Aussi, une fois récoltée, l’écorce de liège prend de 8 à 12 ans pour se régénérer. C’est dire s’il est insensé de s’en départir une fois que les dalots sont rincés! Car si on ne peut réutiliser tel quel les bouchons, le liège réduit en miettes peut entrer dans la composition de panneaux isolants. Ainsi donc, un marché s’ouvre pour le liège usagé.

Plus ingénieux encore, un peu partout dans le monde, des réseaux de collecte de bouchons de liège sont organisés pour venir en aide à des œuvres de bienfaisance. Par exemple, l’association France Cancer récupère ces bouchons et les vend à une entreprise qui les transforme. La recherche sur le cancer s’en trouve ainsi financée à même les bouchons en fin de carrière. C’est pas beau, ça?

Cependant, avec les bouchons de bière, les choses se corsent. Même s’ils sont en partie constitués de métal, ils ne sont pas les bienvenus dans le bac de récupération puisqu’au centre de tri, ils se coincent dans les équipements. L’accès au bac de récupération leur étant interdit, forfait ne doit pas être déclaré pour autant. À Victoriaville, des étudiants du Cégep ont convaincus des bars de la région de récupérer ces précieuses capsules, qui sont ensuite vendues à un ferrailleur. L’argent ainsi récolté s’en va tout droit dans les coffres de la fondation de l’hôpital de la région. Comme quoi avec un peu de cœur et d’imagination, il existe bel et bien des débouchés pour les bouchons.

Corvée automnale dont vous êtes le héros

Quand la flambée des couleurs ne tient plus qu’à un fil, que le moindre coup de vent ou la plus petite ondée rabat au niveau du sol les paysages spectaculaires, plusieurs sentent l’appel de la nature. Ou plutôt celui du combo sac et râteau. Souvent, le rituel se déroule dans l’exemplarité. Mais dans des cas de plus en plus rares, la besogne tourne au vinaigre.

Si vous avez une envie irrépressible de défier l’autorité, risquez d’abord un œil au scénario 1. Si vous adhérez sans rechigner aux bonnes pratiques recommandées, lisez directement le scénario 2.

Scénario 1 : Type plastique
Depuis votre plus tendre enfance, vous avez un faible pour les teintes orangées. Les agrumes, les carottes, les citrouilles, tout cela tombe directement dans votre palette de couleurs. Aussi, quand le vert feuillage estival tourne aux tons de terre, c’est bien simple, vous jubilez. Vous bichonnez vos râteaux, préparez vos gants de jardinage, surveillez frénétiquement la météo et brûlez même quelques lampions en espérant le grand coup de vent qui décrochera des arbres les milliers de paillettes multicolores.

Votre fébrilité est telle qu’elle vous aveugle. En vous ruant dans les grands magasins pour vous procurer de quoi ensacher vos feuilles mortes, jamais vous ne voyez cette affiche, placardée en toute évidence dans l’entrée du magasin, qui vous supplie d’utiliser des sacs de papier compostables.

Dans votre énervement, vous n’avez pas vu cette directive importante. Vous achetez encore cette année des sacs de plastique orangés, et ce, malgré une campagne de sensibilisation mise en oeuvre depuis trois ans. Retournez lire la deuxième phrase du deuxième paragraphe.

Scénario 2 : Type papier
Vous aimez depuis toujours le travail à l’extérieur. Aussi, quand le temps est au râtelage des feuilles mortes, vous ralliez vos parents et amis pour une corvée amicale. Le travail s’accomplit vite et bien, car vous avez prévu des râteaux et des sacs de papier pour toutes les paires de bras.

Pourquoi des sacs de papier? Parce que, vous l’avez appris en lisant votre journal municipal, la Ville organise chaque année une collecte spéciale pour récolter les feuilles mortes partout sur son territoire. Cette collecte s’étend sur tout un mois, soit du 22 octobre au 23 novembre 2007.

Encore cette année, la municipalité a été très claire dans son message. Les feuilles mortes ne sont pas des déchets, mais bien une matière organique de grande valeur. Comme on les utilise pour obtenir un compost de qualité, la Ville insiste pour que ses citoyens ensachent les feuilles dans du papier, qui se compostera aussi, contrairement à l’indésirable sac de plastique. Pour vous inciter à utiliser ses sacs de papier, disponibles dans les éco-centres, les bureaux d’arrondissement et les supermarchés IGA, la Ville subventionne même la moitié de leur coût. À 0,25 $ l’unité, il serait fou de vous en passer!

Vous comprenez le comment du pourquoi de la collecte des feuilles mortes et l’importance de les emmagasiner dans des sacs de papier. Félicitations! Vous avez gagné la partie!

jeudi 27 septembre 2007

Chaque petit geste compte?

Vraiment? Pourtant, cette litanie cent fois remâchée par les environnementalistes est fréquemment remise en doute. Dans quel contexte? Tiens, prenons l’exemple la journée mondiale « En ville sans ma voiture », qui se tenait le 20 septembre dernier. Un jour durant lequel les rues des centres-villes de 1500 cités, à travers 138 pays, ont été fermées à la circulation motorisée. À Sherbrooke, c’était le campus de l’Université qui avait considérablement réduit l’accès aux voitures.

Pour une septième année consécutive donc, le temps d’un simple 9 à 5, le champ était libre pour les vélos, piétons, poussettes et patins à roues alignées. Or cette seule journée a suscité les passions, attisé les foudres, relancé les débats, choqué et dérangé.

Mais quel est le but, au juste, de toutes ces simagrées environnementales? De mettre des bâtons dans les roues des automobilistes qui habitent loin du point B? De remplir les transports en commun à trop pleine capacité, jusqu’à écoeurement total d’une clientèle coincée, tassée, bousculée? De faire pédaler des employés ankylosés, soufflant sur des bécanes mal ajustées? Certainement pas. Mais c’est assurément ce qui arrive chaque fois. Et chaque fois, on se demande si un petit geste, un simple geste isolé, peut VRAIMENT faire le contrepoids à la fumée noire de telle industrie. Au gaspillage d’eau éhonté de telle usine. À la surutilisation de papier de telle autre tour à bureaux. Et ça, ça énerve.

L’objectif d’une telle journée n’est pourtant pas de générer des légions d’ennemis de la cause, mais plutôt de sensibiliser. De montrer qu’il existe autre chose que ce que l’on prend pour acquis les 364 autres journées de l’année. Efficace? Oui. Mais reste que la sensibilisation demeure un processus long, difficile et hasardeux. Souvent, très souvent, les résultats sont mitigés, ne se font pas voir instantanément. À preuve, combien d’années se sont écoulées entre la découverte des méfaits de la cigarette sur la santé et l’interdiction de fumer dans les lieux publics? Combien de millions de dollars ont été investis dans les campagnes anti-tabac? De la même façon, en environnement, il faut d’abord sensibiliser au lieu d’interdire bêtement. Et ça, ça se fait petit peu par petit peu, qu’on le veuille ou non.

Pourquoi j’éteindrais le moteur de ma voiture en attendant ma douce moitié? Le conducteur de ce camion laisse bien, lui, tourner son moteur au ralenti depuis vingt minutes? Pourquoi devrais-je couper le contact pour dix fois moins de temps? Pourquoi je n’arroserais pas ma pauvre pelouse jaunasse et desséchée pendant toute la nuit? Mon voisin, lui, inonde bien son entrée d’asphalte même sous une pluie diluvienne! Pourquoi s’acharne-t-on toujours sur mes petits gestes à moi, le citoyen, quand les grandes industries se croient tout permis?

Peut-être parce qu’à la tête de toute industrie, il n’y a point d’androïde, mais plutôt une voisine, un oncle, un fils, une mère. Pour cette personne dirigeante, une simple signature au bas d’un formulaire peut devenir ce petit geste tant espéré par les environnementalistes. À chacun son petit geste. À chacun de faire sa juste part, à la mesure de ses moyens.

mercredi 19 septembre 2007

Conscience environnementale au féminin

Mesdames, cette chronique s’adresse à vous. Ouvrez grands vos yeux et votre esprit. Et vous messieurs, tut! tut! tut! Ne fuiez pas! Vous avez une femme, une fille, une copine, une sœur, une collègue. Bien entendu, leur bien-être physique, leur santé financière et leur comportement environnemental vous tiennent à cœur. C’est donc par la bande que ce billet vous concerne aussi.

Abordons aujourd’hui l’inévitable question de la protection hygiénique. Au même titre que les couches de coton côtoient celles que l’on envoie au panier, une pléthore de protections féminines, réutilisables ou pas, sont disponibles sur le marché. Vous avez bien lu, les méthodes durables de gérer les cycles de la féminité effectuent un retour en force. Pourquoi?

Parce que les chiffres font frémir. On évalue que chaque dame utiliserait, dans sa vie, entre 10 000 et 15 000 tampons ou serviettes sanitaires jetables. Bonjour les déchets. Or, nombreuses sont-elles à faire changer les statistiques. Mais diantre, qui sont ces hurluberlues? Des intégristes environnementales au regard fou? Même pas. Bon, d’accord, il y a celles qui ont déjà le penchant écolo. Seul l’argument de cesser de remplir la poubelle de la salle de bain leur suffit pour chercher une alternative à ce que l’on jette tous les mois. Mais qui sont les autres?

Celles qui en ont simplement soupé de placer côte à côte, dans le panier d’épicerie, boîtes de tampons et pied de céleri. La protection féminine en coton, lavable et réutilisable jusqu’à amen, leur semble une option intéressante, tant pour le prix que pour la simplicité d’utilisation. On les passe simplement à la machine à laver, à sécher, et l’affaire est classée.

Celles que le soi-disant confort et la prétendue efficacité des produits jetables ne concernent pas joignent aussi les rangs dissidents. Il y a en effet un monde entre la jouvencelle tout de blanc vêtue qui, au jour 1 de ses règles, gambade dans les champs, et l’adolescente tordue de douleur qui, en plein cours de géo, a le désagréable pressentiment que le seuil d’absorption de sa serviette maxi contour vient d’être atteint.

Lassées des débordements insidieux, quantité de femmes se tournent alors vers la révolutionnaire coupe menstruelle, qu’on porte comme un tampon qui recueille au lieu d’absorber. De deux à quatre fois par jour, on la vide et la rince, sans plus. L’avantage de ce bidule de caoutchouc naturel ou de silicone est son incontestable confort. Passé les trois mois d’adaptation à la gymnastique insère-enlève, les sportives, les voyageuses et les amatrices de plein air aimeront son aspect pratique : rien à traîner, ni déchets, ni protection supplémentaires.

Finalement, celles qui n’en peuvent tout simplement plus de jeter les dollars par-dessus bord apprécieront de débourser environ quarante dollars pour la coupe menstruelle et de 2 à 6 $ l’unité pour les serviettes lavables. Toutes les raisons sont bonnes pour prendre le virage vert jusque dans sa féminité. Il suffit simplement d’essayer.

lundi 17 septembre 2007

Retour vers les ordures

6 novembre1985. Vêtu d’un long manteau argenté, le visage couvert de larges lunettes miroir, le docteur Emmett Brown rentre en coup de vent d’un court voyage dans le temps. Il gare avec fracas sa DeLorean volante devant le domicile des McFly, sous le regard ahuri des tourtereaux Marty et Jennifer. Deux instants plus tard, il ouvre le capot et fait le plein à même la poubelle. Une peau de banane et quelques millilitres de vieille bière plus tard, la rutilante bagnole adaptée à la mode 2015 est prête à transborder tout ce beau monde à destination du futur.

Les amateurs auront reconnu la dernière scène du premier épisode de Retour vers le futur. Science fiction? Exagération? Délire de cinéaste? Pour ce qui est de la voiture volante et du trench coat façon patate au four, peut-être. Mais moins en ce qui concerne la DeLorean carburant à même les détritus de George et Lorraine McFly. Plaît-il? Que de l’huile à friture fasse avancer les voitures passe encore, mais les ordures?!

N’en déplaise aux âmes sensibles, les Suédois ont eu l’idée, en apparence farfelue, de se servir à même l’alcool de contrebande saisi aux frontières pour faire avancer leurs chers véhicules scandinaves. Il faut dire que ce pays n’est pas né de la dernière pluie en matière d’environnement et est souvent cité en exemple quand il s’agit d’innovations vertes. Que cette portion de terre des latitudes nordiques pousse encore plus loin la science des poubelles n’a donc rien de surprenant.

Dans le site sweden.se, consacré à ce petit pays de quelque 9 millions d’habitants, on mentionne donc que tout l’alcool bon marché, confisqué parce qu’acheté hors les murs, n’est plus, comme auparavant, balancé à l’évier. Bières, grands crus, piquettes et autres spiritueux aboutissent dans un grand contenant, où ils sont ensuite mélangés à des résidus d’abattoir et autres ingrédients qui alimentent habituellement nos bacs roulants.

Cette édifiante purée est ensuite chauffée et maintenue dans un milieu anaérobique (en absence d’oxygène) pendant environ un mois. Ce ragoûtant processus de décomposition produit enfin le précieux biogaz qui est ensuite utilisé pour faire avancer taxis, autobus et même un train.

Mais pourquoi se donner tant de mal quand on peut simplement aller faire le plein à la pompe à essence du coin? Ce n’est quand même pas demain la veille que l’on pourra, comme Doc Brown, faire voler les voitures à grand renfort de fonds de tonne et de peaux de bananes! Peut-être, mais gardons tout de même à l’esprit que le pétrole de nos automobiles est une ressource épuisable, qui a pris des centaines de milliers d’années à se former dans les entrailles de la terre mais a presque tout été extraite du sol en un siècle et des poussières.

Il fallait s’en attendre, à force de piger dans le tas, les provisions s’amenuisent. Mais pas les déchets. D’où l’intérêt d’en faire le prochain or noir. Tout cela tient maintenant de la science, et non plus de la fiction.

Argent jetable ou solution durable?

Jadis, il y a de cela fort longtemps, quand les grands-mères de nos mères étaient encore au berceau, les linges de maison étaient faits à la main et conçus pour durer. Avec le fil on tissait les étoffes, à partir desquelles on cousait les vêtements. Avec les chemises râpées et les pantalons troués on faisait les torchons qui, une fois usés, étaient tressés en d’inusables tapis d’entrée.

De la couche de bébé au mouchoir pour le nez, de la vadrouille à plancher à la lavette à vaisselle, tout était issu d’une bobine de lin, de laine ou de coton, que l’on passait par le métier à tisser ou les aiguilles à tricoter. Puis vint l’époque où les mères de nos mères, jeunes mariées, ont commencé à aller travailler. Le temps nécessaire pour confectionner les linges de maison étant plus difficile à trouver, des alternatives sont arrivées sur le marché.

Couches et protection féminines à utilisation unique, serviettes de table, mouchoirs et essuie-tout de papier sont peu à peu venus déclasser leurs équivalents, qu’on devait auparavant rendre propre en s’éreintant sur la planche à laver. Le côté pratique a rapidement fait changer les mentalités : il valait mieux payer un peu plus pour frotter un peu moins.

Peut-être bien. Mais quand on s’arrête pour y penser, ces produits jetables, qui certes nous permettent de sauver du temps, nous font, quoi qu’on en dise, jeter nos sous par les fenêtres. Comme si, entre deux éternuements, je me mouchais directement dans mon argent. Faut-il alors jeter le bébé avec l’eau du bain? Envoyer valser les mouchoirs avec le rouleau de papier de toilette et les essuie-tout avec les protège-dessous?

Sans tirer un grand trait sur tout ce que m’offre la modernité, où dois-je m’arrêter? Suis-je obligée d’utiliser quatre essuie-tout pour éponger le raz-de-marée de mon café, quand le torchon de cuisine peut accomplir aussi bien le même travail? Dois-je laisser mes invités s’essuyer le bec dans des serviettes de papier quand j’en ai une douzaine, en tissu cette fois, qui dort au fond de mon vaisselier? Les lingettes démaquillantes que je me procure à vil prix font-elles réellement mieux l’affaire qu’une débarbouillette et un peu de lotion?

Oui, les produits jetables nous donnent de fichus de bons coups de main. Évidemment qu’ils nous dépannent en camping, au bureau et dans l’auto! Nous serions un peu timbrés de nier à quel point le papier hygiénique nous est précieux, voire indispensable. Il est toutefois bon de se rappeler que pour presque chaque produit jetable existe une solution plus durable. Que tout ce qui est fait à base de papier signifie que des arbres sont coupés simplement pour être jetés.

Avant de mettre mon argent au panier, je pense à une bonne façon de l’investir dans une solution longue durée. Sinon, je choisis des produits utilisant des fibres 100 % recyclées. Il en va de la santé de la forêt… et de mon porte-monnaie.

jeudi 30 août 2007

Gestion de frigo 101

La chronique précédente abordait la douloureuse question du gaspillage alimentaire. On y apprenait qu’à peu près la moitié de la nourriture produite serait jetée par-dessus bord sans jamais avoir été vendue. Bien qu’estomacantes, ces données demeurent loin du train-train de tous les jours. Cependant, à plus petite échelle, le gaspillage de nourriture fait aussi des ravages.

Faut-il alors créer un tribunal pour les pas gentils qui ne finissent pas leur assiette? Condamner à la peine capitale quiconque manque de temps pour apprêter sa laitue avant le stade de liquéfaction? Pendre par les intestins ceux qui, sans discernement, jettent tout en bloc passé la sacro-sainte date de péremption? L’idée n’est pas de jouer aux escouades de moralité. Toutefois, c’est un fait, la gestion du frigo vient pourrir le quotidien de bien des gens. Quelques conseils maison s’imposent ici.

Comme la mode est aux acronymes, profitons-en donc pour nous en créer un de toutes pièces, qui en plus de faire sérieux et écolo, servira d’aide-mémoire aux apprentis gestionnaires de frigidaire. Nom de code : PLANET (vous avez le droit de rire).

D’abord, l’étape préliminaire, le P, pour Planification. Qu’y a-t-il sur mes tablettes, dans mes armoires, dans mes tiroirs? En fonction de ces constats, je planifie grossièrement les prochains repas. Je donne un coup de pouce à mon imagination en ouvrant mes livres de recettes ou en faisant des recherches de recettes par mots clés sur Internet. Fort de l’étape P, je saute sur le L. Place à l’incontournable Liste. Ici, je note TOUT ce qui manque pour le sauté aux arachides, pour tartiner les biscottes et pour faire lever les muffins. Ensuite vient naturellement l’étape A, celle des Achats. Dans les allées, je m’efforce de respecter le protocole établit en L. Je garde en mémoire mon objectif zéro gaspillage.

Plus difficile à atteindre, le niveau N demande discipline et rigueur. Mais contre toute attente, le Nettoyage des aliments (laitue, céleri) dès le retour du marché ne demande pas plus de temps que de courir de l’évier au chaudron de soupe entre deux coups de cuiller de bois. On brosse et rince pour mieux entreprendre l’étape E, l’Entreposage. Crucial, l’Entreposage d’un maître ès frigo n’est pas laissé au hasard. Les contenants, idéalement transparents, laissent voir les contenus. Ainsi, la dernière étape et non la moindre, celle de la Transformation, sera facilitée et encouragée par des aliments déjà lavés, coupés et bien rangés, au vu et au su de tous. Fini les odorantes surprises et les douteuses découvertes archéologiques!

Pour un système de gestion PLANET encore plus optimal, on décrète «places V.I.P.» le bord de nos tablettes, que l’on réserve aux aliments qui périssent rapidement. La méthode PLANET : gratuite, efficace et à la portée de tous!

mercredi 22 août 2007

Jeter les choux gras, basta!

Un pamplemousse un peu mou, une pomme tuméfiée, un kiwi à la tête renfoncée, une banane mouchetée. Un poivron ratatiné, un céleri au stade élastique et quelques tomates biscornues. Parce qu’ils ne sont plus parfaitement frais ou totalement esthétiques, les fruits et légumes qui portent les traces du temps sont souvent retirés des étalages, quand ils y vont. La clientèle d’ici, exigeante semble-t-il, a tendance à rechercher ce qu’il se fait de meilleur et de plus beau. D’où l’impopularité de ce qui ne supporterait pas quelques jours de plus au frigo ou qui a poussé tout croche.

Or les goûts de luxe des consommateurs de l’hémisphère nord ont un prix. Bien qu’il soit extrêmement difficile de chiffrer la quantité de nourriture qui, une fois rendue chez les détaillants, sortira par la porte de derrière, on estime que de 40 à 50 % de la mangeaille produite ou cultivée ne se rendrait même pas jusqu’aux yeux du client.

Autant dire que près de la moitié de ce que l’on sème, désherbe, irrigue, assaisonne d’engrais et de pesticides, cueille, lave, emballe et transporte sur des milliers de kilomètres ne trouvera même pas preneur une fois arrivé à « bon » port. Sachant toute l’énergie et toutes les ressources déployées pour l’agriculture, comment accepter que toute cette nourriture issue de la terre y retourne sans même avoir passé par notre tube digestif?

Des groupes, certes un peu casse-cou, ont trouvé une solution. Là où certains n’imaginent plus aucune autre issue que la mort par enfouissement, certains profitent de tout le potentiel de ces denrées, un brin amochées, qui aboutissent dans les poubelles de marchés d’alimentation. Une équipe de l’émission La vie en vert s’était d’ailleurs intéressée aux pratiques de ces plongeurs de conteneurs. Profitant de la nuit, ces individus rescapent in extremis des boîtes pleines de fruits, de légumes, de pains encore parfaitement propres à la consommation. Pour eux, se nourrir à même les poubelles ne signifie pas nécessairement que l’on a pas les moyens d’aller, comme tout le monde, pousser le panier dans les allées du supermarché. C’est plutôt qu’un tel gaspillage les horripile, tout simplement.

Pour éviter l’inhumation d’aliments moins jolis mais encore bons, cette équipe de télé a même mis en contact le proprio d’une fruiterie et le responsable d’une popote roulante. L’expérience, c’est le cas de le dire, a porté fruit. L’un profite gracieusement de ce que l’autre, de toute façon, ne pourrait pas vendre. C’est ce genre d’alliances entre les banques alimentaires et les détaillants dépourvus de solutions qui peut mettre un sérieux holà au gaspillage alimentaire.

Pendant les années de guerre où Anne Frank rédigeait son cher journal, Miep Gies a dû trouver de quoi nourrir, sans éveiller les soupçons, une dizaine de bouches clandestines. Cette amie dévouée des familles juives terrées dans la célèbre Annexe, a écrit, plusieurs années plus tard, qu’il suffit d’avoir eu faim, vraiment très faim, pour ne plus jamais être capable de jeter le moindre bout de pain rassis. Et nous, sommes-nous réellement obligés d’attendre la famine avant de réagir?

jeudi 16 août 2007

Une roulante agonie

L’être humain, cela doit être inscrit dans ses gènes, a tendance à s’attacher aux vieux objets de son entourage. Il peut attribuer autant une valeur sentimentale à cette bonne vieille tasse dans laquelle buvait grand-père qu’à cet affreux t-shirt porte-bonheur criblé de trous. À voir ce qui roule sur les routes, cet attachement s’étend même aux moyens de locomotion. Sur nos chemins sinueux, les bazous sont rois!

Comparer le nombre de bagnoles ancestrales en cavale par rapport au nombre total de voitures qui passe devant chez soi suffit généralement à dresser un portrait peu reluisant de la situation. De nombreux véhicules tombent littéralement en ruines. Et alors? Avec les guerres, les famines, les épidémies et les catastrophes naturelles qui sévissent partout dans le monde, faut-il en plus s’alarmer de cette procession de vieux débris? Oui. Selon la Table de concertation sur l’environnement et les véhicules routiers, en 2006, sur 4 250 000 véhicules immatriculés, 1,7 million étaient âgés de plus de huit ans. En d’autre mots, le quart de ce qui sillonne le Québec ne répondrait plus aux normes sur les émissions atmosphériques.

Mais encore? Les impacts associés aux voitures mal entretenues ou trop âgées abondent. D’abord, bien que souvent peu coûteux à l’achat, les cancers sur roues engendrent rapidement de nombreuses dépenses, en bris imprévus et pièces à changer. Pis encore, les multiples défaillances techniques peuvent aussi devenir sources d’accidents de la route.

Côté environnement, le topo n’est guère plus réjouissant. L’Association canadienne des constructeurs de véhicules affirme que les émissions de polluants atmosphériques d’une voiture construite en 1993 équivalent à celles produites par douze modèles de l’année 2004. Que causent ces fameuses émissions? Smog, mauvaise qualité de l’air, gaz à effet de serre. Et si par malheur, en plus d’être âgées, ces automobiles sont mal entretenues et déglinguées, les pollutions sonore et visuelle s’ajoutent à la liste des désagréments occasionnés.

Pour ces multiples bonnes raisons, l’omniprésence de ces tacos ne laisse pas indifférents, on s’en doute bien, les organismes environnementaux. L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a même mis sur pied le programme « Faites de l’air », qui consiste à démolir publiquement une casserole routière qui a fait son temps. Cette activité de mise à la ferraille, extrême soit, se veut un outil de sensibilisation publique terriblement efficace

Pour donner encore plus de sens au geste d’offrir en pâture sa vieille voiture, si les arguments économiques et environnementaux ne nous suffisent pas, le programme Auto-Rein (de la Fondation canadienne vouée à cet organe) finance ses recherches et ses activités à même ce qui rouille et pétarade sur nos routes. En attendant la mise en œuvre d’un programme provincial d’inspection des véhicules, ces initiatives aident quand même la planète à retrouver son air de jeunesse.

samedi 11 août 2007

Sur la piste d'une empreinte

Si tous les habitants de la Terre vivaient et consommaient au même rythme que nous, Nord-Américains, il faudrait pas mal plus qu’une planète pour subvenir aux besoins de tous. En fait, certains vont jusqu’à dire qu’il faudrait quatre autres terres gravitant pas trop loin de celle qu’on a déjà.

D’où peut bien sortir une telle affirmation? Quel savant fou s’est adonné, des nuits durant, à calculer des colonnes de chiffres, à mesurer les hectares de terre et à extrapoler sur des courbes démographiques à l’échelle mondiale pour pouvoir prouver à quel point nous vivons au-dessus de nos moyens, tandis que d’autres tirent carrément le diable par la queue?

C’est grâce au calcul de l’empreinte écologique qu’on peut évaluer si notre mode de vie malmène la planète un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout. Pas besoin ici de dépoussiérer les calculatrices, ni de dresser de graphiques en pointes de tarte. Le professeur Rees et son comparse Matis Wackernagel ont, en 1995, fait tout le travail pour nous. Ensemble, ils ont peaufiné le concept de l’empreinte écologique en plus de lui attribuer une méthode de calcul.

Sans nécessairement verser dans les longs théorèmes, mentionnons seulement quelques grandes lignes du calcul de l’empreinte écologique. Pour arriver à leurs fins, les deux brillants acolytes se sont attardés à inclure, dans leur équation, les surfaces utilisées pour l’habitation, pour les productions d’énergie et alimentaire (sur terre et dans l’eau) et pour la production forestière. C’est entre autres grâce à ces variables, et à d’autre plus pointues encore, qu’ils ont établi un calcul permettant d’évaluer la « consommation de planète » par tête de pipe.

Depuis les quartiers de ces illustres théoriciens, le concept d’empreinte écologique a fait du chemin. Il est même parvenu aux yeux et aux oreilles des Internautes, non pas sous forme d’insondable document pour doctorant en mathématique, mais plutôt sous un jour beaucoup plus convivial, le jeu questionnaire. Accessible à tous pour peu que l’on inscrive « calcul empreinte écologique » dans notre moteur de recherche favori. Simplissime jusque là.

Comment savoir si mon train-train quotidien, d’apparence banal, charcute la planète à petit feu? En répondant aux questions, regroupées par catégories. Logement, achat, transport, alimentation, production de déchets, consommation d’eau sont quelques-uns des thèmes exploités. Ainsi, si je possède et utilise abondamment mes deux véhicules utilitaires sport, que chacun de mes repas comprend de la viande, que je prends l’avion deux fois par mois, que je vis seule dans un château chauffé au mazout, tous les éléments sont là pour que mon empreinte écologique soit jusqu’à neuf fois plus élevée que celle d’un paysan africain.

À part pour se sentir coupable, à quoi sert le calcul de l’empreinte écologique? À mettre des chiffres significatifs sur ce que l’on sait déjà, et l’espère-t-on, pour inciter à l’action.

mardi 31 juillet 2007

Pour de beaux cheveux verts...

Pour faire tenir du blond sur du noir ou pour faire tirer sur l’aubergine une tignasse brune, nos colorations capillaires, on s’en doute, ne sont pas nécessairement faites à base de petite bière et d’eau fraîche. Il suffit d’appliquer une teinture maison à une amie pour se rendre compte qu’en plus de redonner brillance et éclat au cheveu bien enduit, cette étrange gouache a aussi la triste propriété de faire tousser celle qui a les deux mains dedans!

Parfois aussi, la copine arborant une coiffe fraîchement revitalisée made in pharmacie en a pour quelques semaines à subir démangeaisons et sécheresse du cuir chevelu. Des hypothèses veulent que des personnes aient développé une hypersensibilité, voire une allergie à certaines teintures capillaires. Pourquoi, au juste?

Peau sensible, peut-être. Mais surtout, produit décapant, car entrent dans la composition des colorants capillaires des substances souvent peu orthodoxes. De ce nombre, l’ammoniaque et le peroxyde d’hydrogène, mais aussi les diaminotoluènes, diaminobenzènes et aminophénols, qui aident bien entendu notre cheveu à rester teinté plus longtemps, mais qui peuvent aussi engendrer quelques désagréments.

Pour celles et ceux qui aimeraient redonner du pep à leur cheveu sans avoir recours aux colorants dits traditionnels, qui veulent camoufler leurs fils gris ou simplement ravigoter une chevelure ternie sans recourir à un cocktail de substances chimiques, la coiffure végétale peut s’avérer intéressante. Soyons sans craintes, celle-ci ne consiste pas à se pavaner avec une postiche à base de lierre grimpant, à se renverser la jardinière sur la tête ou à se confectionner un bonnet en lichen polaire. Il s’agit plutôt d’opter pour des produits capillaires faits à base de végétaux pour se bichonner le coco. Tout cela est bien beau, mais où diantre trouve-t-on ces décoctions?

Bonne question. Car hormis la camomille, sur laquelle peuvent se rabattre les blondinettes, et le henné, une teinture végétale issue de l’Égypte ancienne et disponible dans plusieurs commerces de produits naturels, les colorants végétaux… ne poussent pas nécessairement dans les arbres. Sans se plonger la tête dans une bassine de jus de betterave ou un seau de curcuma, on peut semble-t-il avoir recours à des poudres colorantes conçues à base d’extraits de plantes, déjà présentes sur le marché.

Sinon, la coiffure écologique, végétale ou bio-esthétique demeure une spécialisation en voie d’apparition. Pour le moment, les coiffeurs qui optent pour les soins et colorations signés Dame nature sont aussi difficiles à trouver qu’une aiguille dans une botte de foin. Mais si par pur hasard on passe par Paris, une petite poignée de maestros du ciseau, ultra-branchés cela va de soi, nous promettent une tête d’enfer sous le signe de l’ortie, du citron et de la feuille de châtaigner.

À défaut d’aller à la montagne, il est possible que la montagne vienne à nous. Comment? En abordant la question avec notre spécialiste du cheveu préféré. À quand le rendez-vous?

mercredi 25 juillet 2007

Les sept commandements du camping écolo

Même avec la meilleure volonté du monde, le camping rustique ou cinq étoiles peut avoir des impacts fâcheux sur le milieu naturel. Un petit aide-mémoire en sept temps aidera les amateurs de tapis de sols et de feu de camp à se mettre au diapason de la nature.
1-Repas et collations, je planifierai à la maison
Souvent, les terrains de camping ne disposent pas d’infrastructures de récupération. Avant de partir, je vérifie si ma destination vacances récupérera mes contenants de plastique, verre ou carton. Sinon, opération réduction : j’amène le moins possible de contenants susceptibles d’aboutir dans les poubelles. Plus je planifie et prépare à l’avance les repas, moins j’aurai de déchets à gérer une fois sur le site.
2-Eaux usées, dans la nature je ne jetterai point
À moins, bien entendu, de ne pas avoir le choix, j’utilise les éviers des salles communes pour laver ma vaisselle et me brosser les dents. Si l’évier le plus près se trouve à trois cent kilomètres de ma table à pique-nique, je prends tout de même le soin d’impressionner mes voisins de tente avec mon savon à vaisselle et mon dentifrice biodégradables.
3- De mes envies pressantes, je ne laisserai point de traces
Un petit pipi par ci, un petit numéro deux par là… Quand l’appel de la nature se fait sentir au beau milieu du bois, pas nécessaire d’attendre que le blanc des yeux vire jaune ou que la vessie m’explose. Je m’assure tout de même de ne pas aller me soulager tout près ou carrément dans un plan d’eau. Et de grâce, pour ne pas gâcher la vue des autres villégiateurs, je ramène le papier hygiénique utilisé dans un sac de plastique prévu à cette fin.
4- Feu de joie, j’attiserai avec soin
D’abord, en tout temps, je respecte les avis météo ou ceux du site de camping, qui permettent ou pas d’allumer des feux de joie. Puis, en conséquence des belles veillées à la lueur des flammes, j’achète ou apporte le bois à brûler. En aucun cas, je ne me sers de la forêt comme d’un « all you can burn ». Aller bûcher sur place, même un chicot sec, en piétinant la flore et en arrachant tout sur son passage, n’a rien de viril. Avant d’aller dormir, j’éteins le feu, ou m’assure que la combustion achève et que rien autour ne risque de s’enflammer.
5- Les animaux sauvages, je ne nourrirai point
Canards, écureuils, ratons laveurs et autres résidents permanents des forêts n’ont que faire de nos saucisses fumées à l’érable et croustilles cheddar-oignon. Respecter l’environnement, c’est aussi me souvenir que je suis temporairement sur le territoire d’animaux sauvages, que ma présence, forcément, dérange. Dans cette optique, je me fais respectueux de leur routine. Afin de ne pas les soumettre à la tentation, je garde mes déchets hors de leur portée, dans la poubelle la plus proche ou dans le coffre de ma voiture.
6-De jolies fleurs, je ne cueillerai point
Les séjours de camping sont une belle occasion d’apprécier les beautés de la nature dans leur cadre habituel. La flore, souvent fragile, apprécie quand je l’observe de loin, et plutôt avec mes yeux qu’avec les crampons de mes bottes de marche! Autre règle d’or : je laisse tout à sa place.
7-Mes voisins de terrain, je respecterai
Quoi de plus énervant qu’un voisin qui fait la foire alors qu’on aimerait entendre le bruit du vent et le chant des oiseaux. La pollution, sonore cette fois, casse autant les oreilles des autres campeurs que celle des animaux. En camping, la nature nous parle. La moindre des choses est qu’on l’écoute!

L'autre façon de composter

Quand il est question de compost, la plupart pensent d’abord à la commune cloche noire, plantée dans le fond de certaines cours. D’autres ont en tête sa version artisanale, une boîte conçue de quelques bouts de planches récupérés ici et là. Certains voient même la méthode un peu plus rurale de retourner à la terre ce qui y a poussé, celle du fameux amoncellement de peaux de bananes, pelures de carottes et de feuilles de chou!

Toutes ces méthodes fonctionnent, certes. À quelques différences près, moyennant une bonne aération, un équilibre entre les résidus de table remplis d’azote, et ceux de carbones (feuilles mortes, bran de scie), au bout de quelques mois ou années, le résultat sera sensiblement le même, d’une compostière à l’autre.

Simples et efficaces, ces méthodes ont aussi ceci en commun qu’elles se pratiquent mieux… si on a accès à un terrain. Le locataire d’un trois et demi juché au quatrième étage doit-il pour autant balancer aux ordures tout ce qui pourrait finir en riche engrais naturel? Pas nécessairement! Moyennant une certaine ouverture d’esprit et un amour inconditionnel pour les petites bêtes privées de pattes, on peut vite consacrer un coin de la maison à la science et créer un mini laboratoire à compost. Opération vermicompost!

Dans la compostière du jardin, ce n’est pas l’intervention du Saint-Esprit qui métamorphose les rognures de navet en un riche terreau. Posée à même le sol, la matière organique est rapidement envahie par de vaillantes bestioles, vers de terre et micro-organismes qui se font un joyeux festin de ce qu’on a lancé par-dessus bord. Pourquoi alors ne pas recréer un tel milieu, à l’intérieur cette fois? Dans la vermicompostière, ou lombricompostière, ce sont donc les vers de terre qui abattent la besogne. Pas ceux qu’on prend pour taquiner la truite, mais plutôt les vers rouges du fumier, entre autres, qui s’en donnent à cœur joie dans nos restants de la veille. Le fonctionnement d’une vermicompostière, lui, est simple. On réunit une bonne quantité de ce type d’asticots dans un bac fermé, muni de trous d’aération grillagés. Ces colocataires sages et silencieux ne causent d’ailleurs aucun dégât.

Au contraire, les dociles bêtes se relèveront presque aussitôt les manches. Avec de la nourriture en quantité – presque tous les résidus de cuisine font l’affaire— quelques morceaux de boîte d’œufs et du papier journal (pour absorber l’humidité et anéantir les odeurs), les vers seront aux petits oiseaux. Quelques jours suffisent pour qu’on ne puisse plus reconnaître les éléments du dernier casse-croûte. À preuve, ces infatigables affamés mangent chaque jour l’équivalent de leur propre poids en nourriture! Ainsi, au bout d’environ deux mois, le compost est à point. De grande qualité, ce compost est, vous l’aurez deviné, composé des déjections des vers, de minuscules crottes appelées tortillons.

En bons épicuriens, les habitants de la vermicompostière ont finalement un penchant certain pour les choses de l’amour. Sitôt leur maturité sexuelle atteinte, soit trois mois, ils se reproduiront à plein régime pendant dix ans, chacun de leurs œufs, de jolies perles vert pâle, pouvant contenir jusqu’à vingt bébés. Le Saint-Esprit ne saurait faire mieux!

mercredi 11 juillet 2007

Qui chasse la crasse laisse sa trace

Nos armoires, surtout en ces temps de déménagement, abritent souvent une armée de produits. Même parfois ornés de tête de mort, de boules de feu ou de tout autre inquiétant pictogramme, ces puissants nettoyants nous paraissent indispensables. La règle semble même être devenue « un produit pour chaque type de tache ». La longueur des rangées de produits d’entretien ménager, dans les magasins, en témoigne.

Du désincrustant pour le four au désinfectant pour salle de bain, du détergent anti-bactérien au détachant à tissus délicats et du pulvérisateur anti-buée pour miroirs au shampoing-cirage pour voitures, la liste est longue et s’adapte presque au nombre d’objets qu’il y a dans la maison! Or autant tous ces cocktails nettoyants peuvent-ils nous être d’un grand secours au moment de faire briller la maison de la cave au grenier, autant la plupart d’entre eux, par les ingrédients qu’ils contiennent, sont presque plus dommageables pour la santé que les coulisses de graisses, moutons de poussière et autres saletés ménagères.

Derrière les enivrantes fragrances de pin, pomme verte, citron et lavande qui nous laissent une nette impression de propreté, se camouflent des substances volatiles nocives. Qui n’a en effet jamais eu la gorge qui picote en récurant la baignoire avec un produit XYZ et de l’eau très chaude? Quel chanceux n’a pas connu d’irritations de la peau ou de sensations de brûlures aux voies respiratoires en tabassant la crasse du fourneau ou celle des grilles du barbecue?

Dans ce contexte, pas étonnant que l’Environmental Protection Agency (une organisation américaine), affirme que l’air à l’intérieur de nos maisons serait même de deux à cinq fois plus polluée qu’à l’extérieur, entre autres à cause des émanations de nos fameux produits d’entretien ménager! Ces derniers dégagent en effet des composés organiques volatiles (COV) pas toujours jojo pour la santé, ni pour l’environnement, cela va de soi.

Heureusement, l’art de tenir maison peut aussi se faire sans cette légion de décoctions nettoyantes. L’huile de bras, ou encore l’action de frotter énergiquement, compte pour beaucoup dans la croisade vers la propreté. Pour faire disparaître les taches sur des surfaces qui ne s’égratignent pas, un tampon abrasif et du simple bicarbonate de soude, un récurrent polyvalent inoffensif, viennent à bout de bien des maux, généralement sans trop d’effort. Le vinaigre, le jus de citron, le sel, le savon pur et même l’eau chaude peuvent à eux seuls remplacer nombre de produits coûteux qui encombrent injustement nos armoires.

Si les effluves de nos produits nettoyants traditionnels nous manquent trop, ou encore si on a l’impression de ne pas être venu à bout de la saleté avec ces produits maison, une gamme croissante de produits d’entretien écologiques commence à garnir les tablettes des supermarchés ou des magasins spécialisés. Abordables et efficaces, ces produits constituent une alternative intéressante pour quiconque souhaite avoir une maison proprette sans en payer la note, tant physiquement que financièrement. Mes produits d’entretien ménager, je les choisis tant pour la protection de mon environnement que pour ma santé!

mardi 3 juillet 2007

L'affaire n'est plus dans le sac (de plastique)

Bonne nouvelle! Les sacs de plastique n’ont plus tellement la cote. Vous ne croyez pas un mot de cette affirmation? Bon d’accord, l’ennemi n’est pas encore totalement évincé. Mais à tout le moins, ses principaux rivaux, les sacs réutilisables, gagnent de plus en plus de terrain. Jetez simplement un coup d’œil autour de vous. Au supermarché, à la pharmacie, à la quincaillerie et même au centre commercial, il est presque devenu impossible de ne pas rencontrer au moins une personne munie de sacs d’emplettes réutilisables.

Plus réjouissant encore, l’individu armé de ce type de sacs n’est plus considéré comme l’extra-terrestre de service, à tendance grano-écolo, et par conséquent n’est plus l’objet de regards désapprobateurs. N’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps, les commerçants s’offensaient presque de voir de rares irréductibles refuser leurs sacs de plastique, ces fabuleux accessoires promotionnels à bas prix! Au fil du temps, en voyant l’engouement que suscitaient les sacs réutilisables, ces derniers ont changé leur fusil d’épaule. Pourquoi alors ne pas profiter du momentum? Presque tous les commerces offrent maintenant leur propre ligne de sacs d’emplettes. Les designers de sacs réutilisables doivent même rivaliser d’imagination pour attirer l’œil maintenant aiguisé du client écologiquement conscient. D’ailleurs, vous avez bien lu, il existe maintenant des designers de sacs réutilisables!

D’abord cousu dans du simple coton écru, le prototype de base a pris toutes sortes de tangentes. En fait, le marché du sac réutilisable fonctionne tellement bien qu’on en retrouve de tous les modèles, de tous les formats, de toutes les couleurs, et fabriqués à partir de toutes les matières. De bonne habitude environnementale, l’utilisation du sac d’emplettes réutilisable est pour ainsi dire devenue une mode, qui vient presque voler la vedette à certains sacs à mains!

Quelques exemples? Certains prônent la réutilisation et sont faits à partir de simples rebuts. Ainsi, d’anciennes taies d’oreillers modifiées et stylisées font d’excellents sacs résistants et faciles d’entretien. D’autres sont issus des doigts de fée de grand-maman, qui a su saisir le riche potentiel de ses retailles de tissu. Chaque pièce est unique et minutieusement cousue. D’autres sacs utilisent plutôt des matières recyclées, comme le plastique. Les prix, eux, varient beaucoup, de 1 $ à … quelques centaines de feuillards, dépendamment de l’auteur de la création, de l’originalité de la coupe et de la matière utilisée!

Qu’ils soient simples ou élaborés, unis ou colorés, uniques ou faits en série, les sacs réutilisables sont faits et sont là pour durer. Deux milliards de sacs de plastique circulent annuellement au Québec. Avec un petit effort collectif, les sacs réutilisables, espérons-le, aideront bientôt à faire mentir les statistiques!

Vers de verts sommets

Dans la chronique précédente, il était question des îlots de chaleur urbains, ces espaces bétonnés qui, lors des épisodes caniculaires, accumulent la chaleur du jour et la diffusent la nuit, transformant peu à peu nos villes en de gigantesques barbecues. Pour contrer ce phénomène, certes appelé à se produire de plus en plus fréquemment, diverses solutions existent.

Remplacer les stationnements par des parcs et les autoroutes par des promenades bordées de grands arbres font partie des rêves les plus fous des amateurs de verdure. Cependant, on pourrait difficilement faire marche arrière et retourner à l’an zéro de l’industrialisation. Mais si les villes sont là pour y rester, leur aménagement, lui, doit être repensé. Les espaces terrestres sont tous occupés? Ceux qui surplombent la ville offrent encore un vaste territoire encore vacant, qui pourrait redonner aux citadins leur juste part de végétation. Encore méconnue en Amérique mais assez répandue en Allemagne et au Japon, la végétalisation des toitures, ou installation de toits verts, commence à gagner du terrain dans les hauteurs des grandes cités.

L’opération « verdir ma toiture » ne se fait toutefois pas en criant ciseaux. Dans le pire des cas, remplacer une toiture déjà existante par un jardin sur le toit peut coûter jusqu’à deux fois et demie plus cher que de poser une nouvelle couverture goudronnée. Quel est donc l’intérêt de troquer le goudron pour la végétation?

D’abord, pour le gain énergétique. Un toit vert est constitué de couches superposées de toiles, de membranes et de terreau, sur laquelle croît la végétation. Ceci protège en quelque sorte la toiture du bombardement des rayons solaires, de l’usure que ceux-ci engendrent, et aide à conserver la chaleur de la maison durant l’hiver. Une maison pourvue d’un toit vert sera donc beaucoup plus fraîche en été et plus confortable en hiver, ce qui diminue les besoins en climatisation et chauffage.

Outre cet aspect d’économie d’énergie, une toiture verte sert aussi d’éponge et de filtre lors des fortes pluies. Alors que la pluie ruisselle sur un toit conventionnel et engorge les usines d’épuration plusieurs fois par été, un toit vert peuvent absorber jusqu’à 75 % des eaux pluviales. Le feuillage des plantes, en captant des particules et poussières qui flottent dans l’air, contribue de son côté à purifier l’air des villes. Sans oublier l’impact significatif sur le phénomène d’îlots de chaleur urbains. Selon le Conseil national de recherches du Canada, même avec seulement 6 % de toitures verdies, la température d’une ville comme Toronto pourrait baisser de deux degrés!

La multiplication de toits verts offre enfin un avantage indéniable en jouant sur la qualité de vie des citadins. Créer de nouveaux espaces verts, c’est aussi augmenter les aires de jeu, de détente et de jardinage des gens, tout en redonnant un habitat à plusieurs espèces d’oiseaux et d’insectes qu’on a si facilement tendance à évincer. Tous et chacun y trouvent leur compte.

mercredi 20 juin 2007

SOS chaleur urbaine


À chaque élément son contraire. Ainsi donc, à l’opposé de l’oasis de fraîcheur se trouve l’îlot de chaleur urbain. De quoi s’agit-il au juste? D’une île déserte artificielle fichée en plein centre-ville? D’une version moderne des Joyeux Naufragés, post-synchronisée en québécois? D’un module de cuisine chauffant sur lequel on peut tranquillement couper nos pieds de céleri?

Loin de là. L’îlot de chaleur urbain se définit plutôt comme un phénomène météo relativement récent sur la grande échelle du temps, dont les quelques ingrédients clés vont comme suit. Prenons d’abord un espace très urbanisé. Un centre-ville achalandé constitue l’exemple idéal. Dans ce centre-ville, hormis une poignée de jeunes arbres plantés en rang d’oignons tous les cinquante mètres, il ne reste plus aucune verdure. Ni gazon, ni vigne grimpante, ni buisson. La végétation a, au fil de la modernité, perdu du terrain sur le béton.

Ajoutons à ce singulier paysage une généreuse pelletée d’asphalte bien noir, qui remplit tout un réseau de rues sagement bordées de larges trottoirs de ciment. De chaque côté des rues, de gigantesques gratte-ciel, en béton itou, font de l’ombre aux jeunes arbres isolés. Prenons ensuite soin de laisser une place de choix à une circulation automobile monstre, à contresens, où motos, autos et camions de 4 à 18 roues se font de constants crocs-en-jambe.

N’oublions pas de supprimer un terrain vague, jusque là infesté de mauvaises herbes. Transformons vite ce sinistre fouillis en stationnement, tout de macadam vêtu. Garons-y nos nombreuses bagnoles. Ne reste plus qu’à attendre une étouffante journée d’été (deux ou trois semaines de canicule, c’est encore mieux) où moiteur et smog entrent en compétition, et notre îlot de chaleur urbain nous sera gracieusement offert sur un plateau d’argent (chauffé à blanc).

La touche finale consiste à placer deux thermomètres, un en plein milieu de ce bouillant univers, et un autre situé en campagne. En comparant les relevés de température de ces deux thermomètres, l’écart pourrait être surprenant. Au cours d’une même journée, alors que les citadins suffoquent, suent eau et sang, les habitants des périphéries végétalisées supportent beaucoup mieux leur sort. L’écart s’intensifie encore plus durant la nuit.

Cette différence de température entre ville et campagne peut varier, dit-on, de 5 à 10 degrés. Pourquoi un tel écart? C’est qu’en remplaçant peu à peu la végétation par des matériaux qui absorbent la chaleur durant le jour (asphalte, béton, brique) et la diffusent durant la nuit, les villes deviennent, par temps très chaud, de véritables foyers radiants. Dans ces îlots de chaleur urbains, la chaleur accumulée s’associe généralement à une piètre qualité de l’air, ce qui peut accentuer l’inconfort des citadins, et même leur causer divers problèmes de santé.

Pour contrer cette menace sournoise, des solutions émergent tranquillement. L’implantation de toits verts fait partie des solutions à envisager pour redonner à la ville la part de verdure dont on l’a amputée. Les toits verts, vous connaissez? À suivre…

mercredi 13 juin 2007

Opération paresse


Contre toute attente, la loi du moindre effort vaut parfois son pesant d’or. Surprenant, surtout quand il s’agit d’abandonner, sur son passage, une impressionnante quantité de débris derrière soi. Maniaques du ramassage, friands de propreté, tenez vous le pour dit! Dans le cas bien précis de l’herbicyclage, se laisser traîner ne comporte que des avantages!

Euh, herbicyclage? Que diantre cette chose peut-elle bien manger en hiver? Rassurons-nous, l’herbicyclage, ne raffolant pas de l’hiver, ne bat son plein qu’à la belle saison. D’abord inexistante sous nos latitudes, l’herbicyclage a ensuite franchi nos frontières bien gardées pour entrer timidement dans les pratiques et les mentalités. Depuis quelques années, elle a pris tellement d’importance qu’on lui a trouvé ce joli nom, composé des mots herbe et recyclage. Aussi simple que ça.

En pratiquant l’herbicyclage, le propriétaire averti s’assure d’avoir un engrais naturel, inépuisable et entièrement gratuit toujours à portée de main. Mais surtout, en se contentant de tondre sa pelouse et de ne pas pousser plus loin l’exercice, l’herbicycleur en herbe évite d’envoyer à l’enfouissement une matière qui, en se décomposant, crée du biogaz, un mélange composé à part égale de méthane et de gaz carbonique. Or, ces deux gaz accentuent grandement l’effet de serre. En effet, si le gaz carbonique est souvent pointé du doigt quand on parle de changement climatique, le méthane a un potentiel de réchauffement 21 fois plus élevé que celui du CO2.

Sachant cela, le principe de l’herbicyclage devient une solution facile à appliquer pour éviter une foule d’impacts environnementaux. Par surcroît, son mode d’emploi est tellement simple qu’il n’a pratiquement pas besoin d’être expliqué. Il consiste à tondre son gazon, à une hauteur de 6 à 8 cm, et à laisser sur place le résultat de la tonte. Pour de bons résultats, cette opération doit être effectuée quand le gazon n’est pas humide. Pour une fois, la paresse l’emporte! Cependant, l’herbicyclage a beau être simplissime à appliquer, ses adeptes ne courent pas toujours les rues. Par souci de propreté, certains amateurs de pelouses parfaites considèrent important d’ensacher jusqu’au moindre brin d’herbe après chaque tonte, pour ensuite courir au centre de jardin se munir d’un quelconque engrais miraculeux pour redonner du pep à leur gazon chéri.

Tous les éléments nutritifs dont le gazon a eu besoin pour pousser peuvent lui être redonnés en laissant quelques jours sur place les rognures de gazon. Comme par magie, les brins d’herbe coupés disparaîtront rapidement, même en 24 h s’il fait très chaud. Pour des résultats optimaux, la lame de la tondeuse peut être remplacée par une lame déchiqueteuse, facile à trouver dans toute bonne quincaillerie. Cette lame spéciale broie le gazon et accélère la décomposition des brins d’herbe et leur retour dans le sol sous forme d’éléments nutritifs.

En matière d’entretien du gazon, la règle d’or est d’apprendre à apprécier les beautés de l’imperfection. La nature fait bien les choses. Laissons-la travailler à notre place!

vendredi 8 juin 2007

Refroidir ses ardeurs

Quand un soleil ardent tape sur la maison et qu’il n’y a, pour tout courant d’air, que le battement d’ailes des mouches à fruit qui tournent autour d’un bol de bananes, il y a de quoi suer eau et sang. Quand un pauvre ventilateur, planté au milieu de nulle part, tourne à plein régime mais qu’au lieu de rafraîchir, il brasse un air chaud et chargé d’humidité, il est normal de ne pas rester de glace. Aux grands maux les grands remèdes, quand il fait froid on chauffe, pourquoi ne refroidirait-on pas quand il fait trop chaud?

Bien que l’achat d’un appareil de climatisation domestique puisse régler momentanément les désagréments liés aux périodes de chaleur intense, cette solution n’est pas des plus préventives. En effet, si le climatiseur peut s’avérer salutaire quand la maison se change en sauna, il engendre cependant une augmentation de la consommation d’énergie. Dans une ville comme Toronto, où l’énergie provient non pas de l’hydroélectricité mais plutôt de centrales au charbon, cela signifie que l’on chauffe l’atmosphère pour mieux refroidir les habitations. Paradoxal non?

Par surcroît, si le climatiseur domestique est mal entretenu ou s’il est simplement envoyé, à sa mort, dans un lieu d’enfouissement, il laisse alors s’échapper dans l’atmosphère ses terribles substances réfrigérantes. Ces dernières font justement partie de la grande famille des gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. Et qui dit changement climatique dit, à nos latitudes, augmentation des épisodes caniculaires. Comment arrêter cette roue qui tourne? Remontons à la source même du problème, le soleil. Joli problème s’il en est un!

Si on projette de se construire une maison, pensons prévention. En conservant plusieurs feuillus autour de la future maison, surtout au sud, voilà de quoi s’assurer assez d’ombre durant l’été pour éviter de climatiser. De belles économies sur les coûts d’énergie en perspective, car l’avantage des feuillus sera double : autant bloqueront-ils les rayons ardents de l’été, autant leur branches dénudées laisseront entrer le soleil en hiver.

Notre maison ou appartement est orienté plein sud, et pas un seul arbre ne saurait projeter assez d’ombre avant au moins trois décennies? Pensons plutôt à installer des volets ou des pare-soleil rétractables là où le soleil se fait envahissant. Tenir les stores fermés le jour et n’ouvrir les fenêtres que la nuit aideront aussi à ne pas faire trop grimper les degrés dans la maisonnée.

Finalement, au bureau, exit le complet veston-cravate quand le mercure bout dans le thermomètre. Aussi farfelu que cela puisse paraître, le gouvernement japonais a mis sur pied cette mesure pour réduire la climatisation dans les édifices du pays, et donc sa production de gaz à effet de serre. Pourquoi diable ne pas appliquer cette initiative chez nous, dans nos édifices surclimatisés où port de la sandale rime avec rhume estival? Au travail comme à la maison, climatisons avec modération. Après tout, le salon et la salle de conférence n’ont pas à entrer en compétition… avec la chambre froide!

mercredi 30 mai 2007

Le hachoir à viande revisité : PART TWO

Décidément, mon hachoir à viande multiplie les occasions de se rendre utile. J'ai dernièrement révolutionné mon mode de fabrication d'hummus (ou bouette de pois chiches). Car j'étais aux prises avec un sérieux problème, qui se détaille comme suit :

1-Mon mélangeur (blender) n'est pas assez puissant pour venir à bout des pois chiches;
2-Mon pied mélangeur a senti le chauffé quand j'ai tenté de pulvériser mes pois chiches avec;
3-Je n'ai plus de place dans mes armoires pour ranger un robot culinaire;
4-Je n'ai donc pas de robot culinaire;
5-Le robot culinaire serait, pensai-je, le seul engin capable de produire un hummus digne de ce nom.

Par chance, un éclair de lucidité m'a traversé l'esprit et j'ai décidé que si mon hachoir à viande était capable de faire de la chapelure, pourquoi ne pas lui apprendre à écrapoutir des pois chiches?

Bonne nouvelle.

Ça marche.

Ma recette d'hummus :

2 tasses de pois chiches cuits
3-4 c. à soupe d'huile d'olive
5-6 c. à soupe de yogourt nature
1 gousse d'ail écrasée
2-3 c. à soupe de jus de citron
Graines de cumin fraîchement écrasées
Sel et poivre concassé
Le tout malaxé énergiquement. Ajouter du yogourt et de l'huile d'olive selon la texture souhaitée.

À votre santé!

Faire mordre la poussière au smog

Malgré la clémence du temps et le retour inespéré du duo lunettes de soleil et chaises de parterre, les journées caniculaires de la semaine dernière ont donné un avant-goût douteux de l’été qui s’annonce. Un thermomètre affichant dans les trente degrés à la mi-mai demeure exceptionnel. Par surcroît, plusieurs épisodes de smog ont déjà été enregistrés. Y a-t-il vraiment matière à s’inquiéter?

Quand une alerte au smog est lancée, les météorologues conseillent aux personnes âgées et aux jeunes enfants d’éviter de sortir dehors. Pourquoi? Parce que température élevée et pollution de l’air ne font pas bon ménage. Le smog peut en effet causer de sérieux malaises pulmonaires et cardiovasculaires chez ces personnes dont la santé est plus vulnérable. Même si on nous explique souvent l’abc de l’air pollué, le où-quand-comment-pourquoi du smog demeure assez nébuleux. Tentons une fois pour toutes de percer le mystère de ce vilain phénomène.

En fait, cette brume jaunâtre qui recouvre les villes par temps très chaud résulte d’un méchant cocktail de polluants. Quand l’oxyde d’azote et les hydrocarbures qui s’échappent de nos voitures réagissent avec les rayons du soleil, c’est là qu’apparaît l’ozone au sol, principal ingrédient du smog. Ajoutons à cela une chaude journée où l’humidité plafonne. Smog? Pour la contraction de smoke (fumée) et de fog (brouillard).* Fin du mystère.

Devant ce phénomène de plus en plus fréquent, devons-nous rester les bras croisés à maudire notre sort? Pouvons-nous à tout le moins inverser la vapeur? Heureusement, oui. À preuve, en 2004, lors de la journée « En ville sans ma voiture » de Montréal, la pollution de l’air a diminué de 40 %, seulement en fermant quelques rues du centre-ville à la circulation automobile durant une petite journée.

En période de smog, souvenons-nous que ce n’est pas le ciel qui nous tombe sur la tête. Ce sont plutôt nos habitudes de vie qui tombent sur les nerfs de l’atmosphère! La combustion de carburant se retrouve au banc des accusés : voitures, usines et centrales thermiques sont certes à pointer du doigt, mais aussi motos, coupe-bordures et tondeuses à gazon, qui s’en donnent généralement à cœur joie par beau temps.

Pour faire mordre la poussière à la pollution de l’air, des moyens simples existent et sont à la portée de tous. Côté transport, pensons covoiturage, marche, vélo ou transport en commun. Dans le jardin, changeons dès maintenant les assourdissants appareils à moteur deux temps pour des modèles électriques ou manuels. Bichonnons la mécanique de nos automobiles pour limiter leurs émanations néfastes. En faisant de la qualité de l’air une priorité, les belles journées d’été seront davantage à notre portée.

*Explications tirées de l’ouvrage Chimie de l’environnement, de Marc J. Olivier.

jeudi 24 mai 2007

Changer... pour vrai

Les bonnes habitudes environnementales commencent à la maison, et la plupart du temps, pour des raisons pratiques. À preuve, le bac de récupération, qui, il y a vingt ans, aurait eu l’effet d’un O.V.N.I. dans le voisinage, fait dorénavant partie des vieux meubles. Pour plusieurs, le geste de rincer les boîtes de conserve avant de les balancer dans le bac vert est devenu aussi automatique que de cligner de l’œil.

De la même façon, les adeptes de la compostière domestique ont toujours à portée de main, sur le coin du comptoir, le contenant à résidus de cuisine où atterrissent chaque jour pelures de carottes, cœurs de poires et coquilles d’œufs. Il suffit d’aller popoter chez la belle-sœur qui ne fait pas de compost pour qu’une soudaine culpabilité ne saisisse le converti, au moment où il jette à la poubelle les feuilles de laitue flétries.

L’aspect économique joue aussi pour beaucoup dans le changement de comportement et l’adoption de bonnes habitudes. Du moment qu’il paie pour sa consommation d’électricité, d’eau chaude et de chauffage, le locataire autant que le propriétaire se convertit généralement plus vite aux ampoules fluocompactes, à la pomme de douche à débit réduit et au colmatage hivernal des fenêtres. Sans trop d’effort et parce que ses sous sont en jeu, il éteint les lumières en quittant une pièce et baisse le chauffage de quelques degrés avant d’entrer sous l’édredon.

Pourtant ces habitudes acquises au fil du temps et par souci d’économie ne tiennent parfois qu’à un fil. Pour d’obscures raisons, il suffit de placer un individu dans un autre contexte pour que la vertu fiche le camp. Ainsi, cette même personne qui prend un soin jaloux de sa récupération domestique peut devenir, au bureau, un peu moins à cheval sur ses principes. « Il n’y a pas de bac de récupération dans la salle à dîner » devient alors un obstacle difficile à surmonter, qui justifie amplement qu’une bouteille de plastique prenne le chemin de la poubelle. Est-il vraiment plus compliqué de ramener une bouteille vide à la maison le soir que d’en amener une pleine le matin? Ou encore mieux, de veiller à ce qu’on munisse la salle d’un système de récupération?

Le buveur de café invétéré qui, dans le confort de son foyer, se gargarise avec l’aspect équitable de son élixir, peut laisser de côté ses convictions si la machine à café automatique du bureau n’en offre pas. Est-il impossible de proposer un nouveau fournisseur de café? Patron nous montrera-t-il la porte si on lui suggère d’abandonner les verres de styromousse pour des tasses réutilisables à l’effigie de la compagnie?

Dans la balance environnementale, les gestes quotidiens, tant à la maison qu’en milieu de travail, comptent pour beaucoup. Sans compter les heures de dodo, si la moitié de ma vie se passe au boulot, c’est là que je produis la moitié de mes impacts environnementaux. Mes bonnes habitudes environnementales sont portatives. Pourquoi ne pas les traîner partout avec moi?

jeudi 17 mai 2007

In Memoriam


Ci-gît un robot culinaire à alimentation manuelle presque neuf. Bien qu’une publicité enthousiaste (et mensongère) en vantait la multifonctionnalité, l’objet s’est plutôt avéré dysfonctionnel, bruyant et embarrassant. Acheté à Noël, il a été mis à l’index avant Pâques. Après de longues années passées dans le couloir de la mort (le fond du garage), il mange maintenant les pissenlits par la racine, enterré vivant et entouré de quelques congénères hétéroclites.

Mince consolation pour le robot déjanté, son âme repose quand même à côté d’un jeune grille-pain que l’on vendait 8,99 $, une véritable aubaine sans garantie de fonctionnement. Ce dernier, après seulement six mois de loyaux services, a cassé sa pipe sans demander son reste. Il laisse désormais dans un deuil relatif son propriétaire, un être insouciant qui n’a jamais vraiment aimé investir de gros montants dans les petits appareils électriques. « Quand ça brise, on en rachète un autre, c’est tout. »

Le malheureux grille-pain rejoint dans l’éternité un écran d’ordinateur jauni, qu’un usager en soif de renouveau a remplacé par une version plus moderne, plus aplatie et plus grande. Inhumé prématurément (zut, l’étudiante qui habite à côté dudit usager en aurait justement eu besoin), l’écran, dans la noirceur de son lugubre tombeau, pleure des larmes de plomb, de cuivre, de mercure, de cadmium et autres lourds ennemis de la nappe phréatique.

Ces larmes de métal ne laissent pas indifférentes un cortège de piles alcalines enfouies non loin de là. Ces énergiques demoiselles croyaient à la réincarnation jusqu’au jour où elles se sont senties un peu à plat. On a alors fait fi de leurs croyances et décidé bêtement que leur vie utile s’arrêtait là. Mauvais choix. Ces piles ont des cousines qui, même usées à la corde, ont abouti non pas dans un corbillard d’ordures, mais dans un éco-centre où un accueil chaleureux les attendait.

Ces éplorées se consolent en se rappelant une rumeur déjà entendue, concernant des piles particulières, qui, moyennant un court séjour dans un étrange cercueil appelé « chargeur », renaissent littéralement de leurs cendres. Ces précieuses piles, parce que plus coûteuses, ne sont toutefois pas toujours le premier choix des consommateurs.

S’ils pouvaient écrire eux-mêmes leur épitaphe, ces objets n’iraient pas de main morte : « À la douce mémoire de tous les objets choisis à la hâte pour sauver trois sous, conçus pour briser ou froidement assassinés. Puissent-ils demeurer dans les pensées afin qu’on cesse à jamais de jeter les choux gras. »

mardi 15 mai 2007

Le hachoir à viande revisité


Depuis quelques temps, une demie baguette de pain séchait sur le coin de la table de la cuisine. La chose était bien dure, et donc mûre pour une métamorphose, ou pour manger une volée, c'est selon. Je lui ai dit de choisir entre la mort ou la chapelure. Elle a choisi la chapelure*.

D'habitude, la meilleure méthode pour faire de la chapelure avec un vieux pain rabougri est de casser en grosses miettes le pain sec, de le mettre dans un sac Ziploc et de passer énergiquement le rouleau à pâte dessus, jusqu'à ce que poudre s'en suive. Mais là, les choses se sont corsées. Parce que la baguette était sèche, que dire, calcifiée. Tellement dure en fait que le rouleau se trompait de cible et écrasait pas mal plus mes doigts que le damné pain.

C'est là que j'ai sorti l'arme fatale. Le hachoir à viande, qui, une fois l'an, me sert à mouliner du jambon. J'ai testé le rutilant engin et ô combien concluante s'est avérée la manoeuvre. Idéalement, il faut quatre mains pour maintenir en place le hachoir et le pot qui recueille la chapelure, pour tourner la manivelle avec vigueur et surtout, pour coincer les bouts de pain dans l'engrenage infernal. Moyennant un certain travail d'équipe (en évitant d'ajouter des miettes de doigt de conjoint dans le résultat du carnage), tout se passe très bien. Il fallait y être pour palper l'intensité de la joie provoquée par cette découverte.

Partagez la bonne nouvelle à tous les propriétaires de hachoir à viande. D'ailleurs, j'en ai deux. À qui la chance?

*Chapelure : très utile quand on façonne des boulettes, sinon la viande s'émiette et fait abondamment sacrer la personne qui a les deux mains dedans. Sacrer, c'est mal.

mercredi 9 mai 2007

Faire le vide, jusque dans la "canisse" de crème hydratante

Si comme moi, vous utilisez 45 gallons de crème hydratante par mois, vous avez sûrement, un jour ou l'autre, été confronté au satané fond de pot. Vous savez, ce mal maudit qui fait en sorte qu'on a beau pomper la bouteille en sachant pertinemment qu'il reste un pouce de crème dans le fond du contenant, peine perdue, plus rien n'en sort?

Vous en avez assez de secouer ledit emballage dans toutes les directions, et d'hydrater du coup le rideau de douche et le tapis de bain?

Mettez un terme à cette malédiction. Ça peut paraître simpliste, mais j'ai récemment compris qu'en sciant littéralement en deux le détestable réceptacle (à l'aide d'une machette, d'un taille-bordure, ou de tout autre objet contondant), je peux facilement récupérer le précieux élixir jusque dans les moindres recoins.

Mise en garde : ne vous sciez pas les doigts : )

mardi 8 mai 2007

Ma théorie de la relativité

Tout est relatif.
La distance, par exemple.
Quand j’avais quatre ans, le seul fait d’aller voir grand-maman à Saint-Tite me paraissait aussi long et hasardeux que de faire le tour de la terre en calèche.
C’est quand je me suis farci Sherbrooke-Havre-Saint-Pierre dans une Mazda 323 avec deux potes que j’ai relativisé. Saint-Tite, en fait, c’est au coin de la rue. Par rapport à Havre-Saint-Pierre, s’entend.
Tellement loin, Havre-Saint-Pierre, qu’en fait ça prend moins d’heures (en avion) pour aller jouer en sol français que d’aller (en voiture) se bourrer la fraise dans les confitures de chicoutée du beau village des Cayens.
Le temps qui passe n’est pas non plus épargné par la tout-est-relatif théorie.
Un exemple. Les mois ne m’ont jamais semblé aussi interminables qu’à Ottawa, quand j’effectuais un stage bidon dans un défunt ministère qui l’était tout autant, à saveur canado-propagandiste. Un avant goût prémonitoire de la houleuse commission Gomery.
Trois mois et demi où chaque pauvre journée s’égrenait à la même pauvre vitesse, celle que prend une tortue unijambiste pour remonter la côte King sur le verglas. Relativement long, dis-je.
Pourtant, trois mois, citron que ça passe vite de ce côté ci du monde.
Mine de rien, c’est le quart d’une année qui vient de me filer sous les yeux, comme un guépard bien cocaïné qui descend la côte King, une F1 à ses trousses. Toujours sur le verglas, tiens-je à préciser.
Archi-vite.
Déjà quand on vit avec six heures d’avance sur sa terre natale et les gens qu’on y aime, les secondes qui se précipitent en fou ne sont peut-être pas qu’une impression. Quand en plus on souhaite tout voir et tout goûter, une vie entière, ce n’est pas assez. Alors trois petits mois…
Relativité, toujours.
Or bien malgré moi, mon exil s’achève déjà. Remarquez, il y a quand même du bon. J’ai enfin atteint le point de saturation gastronomique. Qui l’eut cru ? Je n’en peux tout simplement plus d’être cette oie de service que l’on « outregave » sans pitié.
N’empêche, malgré le sourire sadique de mes hôtes qui s’entêtent à tout me faire goûter, s’il y avait un abonnement à vie pour ce pays, je serais la première à me le procurer. A n’importe quel prix.
J’ai maintenant presque honte de mon hésitation à partir, de m’être demandé si cela en valait la peine. J’ai même failli décliner par crainte qu’en mon absence, personne ne s’occupe d’arroser mes plantes et de ramasser mon courrier. Préoccupations majeures, hein ?
Oh que j’ai été bête de penser que deux trois bouquets de feuillage bien soignés et quatre cinq foutues factures dûment payées aient, il y a trois mois, pu faire contrepoids à ce séjour outremer que j’ai tant aimé partager avec vous.
Séjourner en France peut causer une dépendance.
C’est ce qui devrait être inscrit sur la pochette en papier de mes billets d’avion. C’est ce qu’auraient dû me dire tous les « franco-accrocs »—et ils font légion—parce que maintenant, je m’obstine à croire qu’on ne peut pas ne pas y revenir. Non, ça, ce n’est pas relatif.

À la douce mémoire du pavillon 4

Je vis dans un état constant d’impressions de déjà vu. Vous savez, ces flashes de « coudonc, j’ai déjà vécu ça moi… ». D’habitude, ça me prend deux trois fois par année. Mais là, ça me poursuit.
Il y a sept ans, je descendais les marches du pavillon 4, celles qui donnent sur Kennedy Sud, le cœur un peu en bouillie. Au bout de deux mémorables années, le programme collégial de Lettres était déjà complété, en bonne et due forme.
Un peu trop vite à mon goût. Je l’avoue, j’aurais presque aimé échouer quelques matières pour pouvoir y retourner en septembre. Manger des Ringolo dans les corridors étroits du plus ancien pavillon du collège de Sherbrooke, connaître et saluer une personne sur deux dans l’établissement… La joie, quoi !
Entre les cours de philo de la volubile Marie-Germaine et ceux de littérature québécoise du sieur Georges-Vincent, le défunt programme Lettres aurait pu, ou dû, s’appeler Survol à distance de Paris et de son histoire.
Ce que les profs nous en ont mis dans le crâne pendant cette pourtant si courte période ! Et bêtement, c’est maintenant que je m’en rends compte.
Parce qu’en ce moment, j’ai les deux pieds dedans ce que j’ai étudié sept ans auparavant. D’où les fameuses impressions de déjà vu.
Parce que chaque page de la saga Malaussène de Daniel Pennac, qu’a introduit dans ma vie Réjean Bergeron (je ne l’en remercierai jamais assez), et la littérature policière qu’il enseignait avec passion, prend soudainement tout son sens quand on a vu et marché la multiethnique Belleville.
Parce que les splendeurs du musée d’Orsay au grand complet se veulent la version en 3 D des exposés et diaporamas de Claudine Desautels, enseignante colorée qui nous injectait si bien son dada de l’histoire de l’art.
Parce que de l’autre côté de la Seine, plantée dans l’immense Louvre, la Vénus de Milo (quand on réussit à la voir au travers les marées de visiteurs) me rappelle les blagues timides du Richard du même nom, à un « t » près.
Parce que de cimetières en places, de rues en avenues, les écrivains des temps passés voient leurs noms immortalisés autrement que dans les dizaines de grandes œuvres que Lucie Forget nous présentait, les yeux brillants. Ils sont tous là, de Aragon à Voltaire, de Ronsard à Balzac.
Et Zola aussi, un peu, indirectement, par les Halles toujours bondées où j’ai fait de belles trouvailles, et dont l’auteur fait l’exhaustive description dans Le Ventre de Paris.
Et par le réseau ferroviaire, que j’utilise à outrance, et dont le petit côté glauque me ramène toujours à certains passages éloquents de La Bête humaine.
L’école m’en a fait voir de toutes les couleurs, et beaucoup en peu de temps. Ce que je croyais avoir appris pour mieux oublier ne s’en est apparemment pas complètement allé.
Prise entre le bourrage de crâne et les travaux à remettre, l’étudiante que je fus mettais souvent en doute la pertinence de ce qu’on lui enseignait. Aussi j’ai certainement ronchonné au moment de mémoriser, d’analyser et d’interpréter.
Mais ce qui était un petit programme préuniversitaire vite fait bien fait, que certains appelaient même « vacances » s’avère finalement, vu d’ici, être le plus précieux, le plus complet, le plus infaillible des guides touristiques !