Il y a parfois de ces illogismes. Dans certains restaurants européens, par exemple, il faut débourser quelques centimes d’euro pour aller changer son poisson d’eau. Même si on vient de s’hypothéquer la peau des fesses sur une table d’hôte hors de prix. Et même si le litre d’eau de source embouteillée, à trois bidous et demie s’il vous plaît, est à l’origine de cet urgent appel du petit coin.
Choc culturel, donc. Parce qu’ici au resto, non seulement s’enfile-t-on allègrement les verres d’eau sans créer la moindre petite hémorragie bancaire, mais quand nous tirons ensuite la chasse, c’est sans plonger la main dans le porte-monnaie. Bue gratuitement, éliminée sans payer. Se rend-on compte à quel point tout cela est facile et formidable? Pas exactement, non. On trouve chez nous une eau abondante et saine, sous observation à toute heure du jour et traitée avec une précision maniaque pour respecter des paramètres établis au microgramme près. Malgré toute cette eau disponible sur demande, sa consoeur embouteillée, vendue à prix d’or, collectionne encore d’incalculables adeptes.
Embouteiller de l’eau, fallait tout de même y penser. Bon d’accord, il est prouvé que du moment que l’on paie pour un bien ou service, on y fait généralement plus attention. Dommage qu’il faille embouteiller un liquide aussi vital que l’eau pour soudainement lui donner plus de valeur aux yeux du consommateur sensible au marketing. Et dommage que pour mettre de l’eau en bouteille, il faille autant de pétrole.
Oui, du pétrole. Pour fabriquer le satané contenant de plastique qui emmagasine ladite eau, souvent puisée à même l’aqueduc qui dessert certaines grandes compagnies d’embouteillage sans vergogne. Et encore du pétrole, cette fois pour livrer jusqu’au consommateur assoiffé son eau préférée, servie dans une jolie bouteille de PET (polyéthylène téréphtalate pour les intimes). Ce type de plastique, à grande valeur de recyclage, est cependant destiné à un usage unique. Parce que certaines substances toxiques sont libérées lorsque les agents stabilisants du plastique se dégradent, on déconseille toute réutilisation de ce type de contenant. Conséquence? La vilaine chose aboutit plus souvent qu’autrement à la poubelle.
Dans un contexte où nos municipalités s’évertuent en temps et en argent pour nous offrir une eau de la plus grande qualité, la vente d’eau embouteillée peut laisser un petit goût amer. Un grand verre d’eau mûri en fût de plastique et consommé dans un festival de gaz à effet de serre? Non merci, sans façon. Je préfère de loin remplir à ras bord mon indestructible bouteille réutilisable, ceci avec la bonne eau de ma municipalité.
mercredi 24 octobre 2007
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1 commentaire:
- Je suis toute en accord avec ce que tu écris ici. Et puis, la fashionista en moi adore les couleurs des gourdes Nalgene (ou autre).
- Mon grand-père chialait (dans les années 50-60) contre notre monde capitaliste. Il disait qu'on mettait un prix sur tout et qu'un jour on en viendrait même à vendre de l'eau. Il s'est fait traiter de fou!!!
- Le comble de la stupidité aquatique: Un jour j'ai vu un gars à Amos (où l'on produit l'eau Eska, où il y a des eskers, où la ville a déjà gagné le prix de la meilleure eau au monde et où l'aqueduc est alimenté à même l'esker) s'acheter une bouteille d'eau Dasani (sur laquelle on peut lire eau du système d'aqueduc de la ville de Chicago, New York, Cincinati et autres). Va savoir ce qu'il pensait!
P.S. Merci d'avoir joué le jeu!
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