Les bonnes habitudes environnementales commencent à la maison, et la plupart du temps, pour des raisons pratiques. À preuve, le bac de récupération, qui, il y a vingt ans, aurait eu l’effet d’un O.V.N.I. dans le voisinage, fait dorénavant partie des vieux meubles. Pour plusieurs, le geste de rincer les boîtes de conserve avant de les balancer dans le bac vert est devenu aussi automatique que de cligner de l’œil.
De la même façon, les adeptes de la compostière domestique ont toujours à portée de main, sur le coin du comptoir, le contenant à résidus de cuisine où atterrissent chaque jour pelures de carottes, cœurs de poires et coquilles d’œufs. Il suffit d’aller popoter chez la belle-sœur qui ne fait pas de compost pour qu’une soudaine culpabilité ne saisisse le converti, au moment où il jette à la poubelle les feuilles de laitue flétries.
L’aspect économique joue aussi pour beaucoup dans le changement de comportement et l’adoption de bonnes habitudes. Du moment qu’il paie pour sa consommation d’électricité, d’eau chaude et de chauffage, le locataire autant que le propriétaire se convertit généralement plus vite aux ampoules fluocompactes, à la pomme de douche à débit réduit et au colmatage hivernal des fenêtres. Sans trop d’effort et parce que ses sous sont en jeu, il éteint les lumières en quittant une pièce et baisse le chauffage de quelques degrés avant d’entrer sous l’édredon.
Pourtant ces habitudes acquises au fil du temps et par souci d’économie ne tiennent parfois qu’à un fil. Pour d’obscures raisons, il suffit de placer un individu dans un autre contexte pour que la vertu fiche le camp. Ainsi, cette même personne qui prend un soin jaloux de sa récupération domestique peut devenir, au bureau, un peu moins à cheval sur ses principes. « Il n’y a pas de bac de récupération dans la salle à dîner » devient alors un obstacle difficile à surmonter, qui justifie amplement qu’une bouteille de plastique prenne le chemin de la poubelle. Est-il vraiment plus compliqué de ramener une bouteille vide à la maison le soir que d’en amener une pleine le matin? Ou encore mieux, de veiller à ce qu’on munisse la salle d’un système de récupération?
Le buveur de café invétéré qui, dans le confort de son foyer, se gargarise avec l’aspect équitable de son élixir, peut laisser de côté ses convictions si la machine à café automatique du bureau n’en offre pas. Est-il impossible de proposer un nouveau fournisseur de café? Patron nous montrera-t-il la porte si on lui suggère d’abandonner les verres de styromousse pour des tasses réutilisables à l’effigie de la compagnie?
Dans la balance environnementale, les gestes quotidiens, tant à la maison qu’en milieu de travail, comptent pour beaucoup. Sans compter les heures de dodo, si la moitié de ma vie se passe au boulot, c’est là que je produis la moitié de mes impacts environnementaux. Mes bonnes habitudes environnementales sont portatives. Pourquoi ne pas les traîner partout avec moi?
jeudi 24 mai 2007
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