mardi 8 mai 2007

Paroxysme au Zénith

Vendredi soir, métro Porte de Pantin. Ça devait bien faire depuis deux heures de l’après-midi que j’avais des papillons dans l’estomac en pensant au beau « pestacle » auquel j’assisterais dans la soirée.
Du métro au Zénith, le parc de la Villette, une zone inconnue. Mais pas d’inquiétude : il n’y avait qu’à suivre le courant, constitué en très majeure partie de jeunes fringants, surmontés de chapeaux de cowboys ou drapés dans le fleurdelisée.
En ma compagnie, une petite française qui ne connaissait à ce moment du Québec que l’auteure de ces lignes et « La complainte du phoque en Alaska ».
« Attache ta tuque avec de la broche, ma fille », l’avais-je à juste propos avertie avant qu’on ne franchisse de façon plus ou moins VIP les guichets de l’immense salle de spectacle parisienne que je découvrais en même temps qu’elle.
D’abord, c’est du Charlebois au sommet d’une forme que l’on aimerait tous avoir après 40 ans de carrière qu’on nous servait en apéritif. Une entrée en matière solide, consistante et savamment montée, qui en a mis plein la gueule à un public qui pourtant y était surtout pour le plat de résistance.
C’est d’ailleurs une marée déferlante de mains qui se sont levées quand le Robert de la grande chanson a voulu, par simple curiosité, comptabiliser le nombre d’âmes qui en étaient à leur première dose de son expertise.
Qu’importe, le rocker a facilement embobiné la masse, en ne se contentant pas de réchauffer la gigantesque enceinte, mais en y instaurant d’emblée une ambiance brasier dès la première chanson.
D’incendiaire, l’atmosphère du Zénith a pris des proportions qui viennent à bout de mon vocabulaire, quand, trois rappels plus tard, les cinq coquins qui ont mis sur mappe la banlieue au nord-est de Montréal ont pris d’assaut la grand scène.
Encore tapis au fin fond de leur sous-sol repentignois il y a un peu moins de dix ans, les Cowboys Fringants devaient alors être à des lieues de s’imaginer pouvoir un jour tétaniser à ce point la jeunesse hexagonale.
On dit même que, un an après avoir bien cassé la baraque lors de leur tout premier passage en sol français, la formation qui n’a de country pratiquement que le nom a désormais un véritable fan club de ce côté-ci, les Cousins fringants.
Fallait les entendre, ces fanatiques, chanter, que dire, hurler de concert avec leurs héros (qui, ne l’oublions pas, sont des nôtres !). Avec l’accent en prime, le « Shack à Hector » et le « Camping Sainte-Germaine » prenaient, croyez-moi une tout autre teinte !
N’empêche, la feuille de route des Cowboys n’avait visiblement pas été montée au hasard, ceux-ci ayant pris soin d’aligner leurs compos mentionnant de près ou de loin leur terre d’origine, pour le plus grand plaisir des innombrables compatriotes disséminés dans la place.
L’opulence musicale a un nom. Et pour la nommer, il faut d’abord l’atteindre. Divine surprise vers la fin du périple, Jorane, petite fée du violoncelle, a fait irruption pour rachever un plat déjà tellement bien dosé. Un ajout osé, oui, mais réussi.
En près de trois heures de délire carnavalesque, le Québec, invité d’honneur, a fait à mon humble avis (et de l’avis de mes pauvres articulations) honneur à ses hôtes. Qu’on vienne encore me dire qu’on ne leur a envoyé qu’Isabelle Boulay et Céline Dion…

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