Annuellement, le Québécois moyen se procurerait environ 27 kg d’une matière précieuse qui s’emploie à toutes les sauces, que ce soit pour cacher une table égratignée ou pour empêcher les rayons de soleil de gâcher une grasse matinée. Cette matière permet aussi de ne pas crever de froid l’hiver, d’essuyer les assiettes et chaudrons, de débarbouiller les petites mains sales et de s’emmitoufler sur le sofa en prévision d’une super soirée cinéma.
Pourtant si indispensable, le textile est souvent le parent pauvre en matière de récupération. Et pour cause, il n’a pas sa place dans le bac vert, et encore moins dans celui à déchets. Qu’à cela ne tienne! Qu’il soit usé à la corde, démodé, taché ou déchiré, le vêtement ou morceau de tissu qu’on ne peut plus voir en peinture mérite toujours mieux qu’une oraison funèbre au lieu d’enfouissement sanitaire.
Le grand problème de l’élimination du textile n’est pas tant qu’il pollue qu’il prend beaucoup de place. Mais plus encore, la fabrication du textile implique tellement d’étapes, du champ de coton aux étalages du magasin, qu’il est presque péché de le jeter sans d’abord changer sa vocation. De nombreuses avenues s’offrent heureusement à quiconque en a marre de mettre au chemin le résultat de son dernier carnage de garde-robe.
Les entreprises d’économie sociale, comptoirs familiaux et autres sous-sols d’église se fendent en quatre pour offrir une vaste gamme de vêtements et accessoires à prix dérisoire. D’où l’idée de renflouer leurs coffres avec ce qui déborde de nos tiroirs. Les costumiers des écoles primaires et secondaires crient famine plus souvent qu’autrement. Notre vieille sacoche, nos rideaux fleuris et notre jupette style Hawaï seront dans bien des cas beaucoup plus utiles dans les productions théâtrales scolaires qu’inhumés sous 30 mètres de trognons de chou et autres détritus.
Enfin, poussons la réflexion pour une gestion encore plus efficace du textile. Ai-je vraiment besoin de m’acheter douze nappes par année? Traumatiserai-je mon nouveau-né si je lui fais porter des pyjamas seconde main? Ma copine fauchée aimerait-elle que je lui donne ce manteau de jean trop petit que j’ai acheté sur un coup de tête? Ce grand drap un peu déchiré pourrait-il protéger la table de mon beau frère lors de son prochain déménagement?
Autant il est facile de consommer du textile qu’il est compliqué de s’en débarrasser. En attendant que se répandent les ensembles de fauteuils, les tapis d’entrée et pourquoi pas, l’isolation de maison en fibres recyclées, pour chaque guenille et chaque torchon, trouvons une utilité!
mardi 8 mai 2007
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