Il y a de ces individus qui nous paraissent, écologiquement parlant, fabuleusement irréprochables. Se privent de boire du café car le grain n’est pas produit localement. Chauffent minimalement la maison durant l’hiver et se vêtent en pelure d’oignon. Fabriquent eux-mêmes leur savon biodégradable. Détricotent leurs vieux pulls pour en faire des pantoufles. Pour ces gens, être plus catholique que le pape semble être une seconde nature, ce qui nous consterne.
Faire tout en son pouvoir pour réduire ses impacts environnementaux, c’est évidemment très bien. Mais conjuguer l’art d’être vert au plus-que-parfait peut parfois cacher un syndrome, semblable à celui des Gaulois qui craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête : l’éco-anxiété.
Holà! Sans insinuer que les comportements décrits en introduction découlent directement d’une écolo-déviance psychiatrique ou d’une angoisse de fin du monde amplifiée, les psychologues et autres spécialistes de nos bobos intérieurs ont récemment vu apparaître des symptômes intimement reliés au piteux état de la planète. En effet, les sujets souffrant d’éco-anxiété se révèlent particulièrement sensibles à l’abondance de mauvaises nouvelles à caractère environnemental. Comment?
Les bouleversements anticipés que causeront les changements climatiques, la désertification des sols, la présence de pesticides dans l’alimentation et la pollution en général génèrent, pour la plupart d’entre nous, un malaise, une inquiétude qui nous pousse à nous en tenir informés et à modifier raisonnablement nos habitudes de vie.
Chez les éco-anxieux, la réaction est poussée à l’extrême. Les prédictions peu réjouissantes des spécialistes du climat les empêchent carrément de dormir. L’idée de voir disparaître la banquise leur coupe littéralement l’appétit. Le moindre geste du quotidien (prendre une douche, utiliser une voiture) provoque un insoutenable sentiment de culpabilité. Les comportements peu soucieux de l’environnement de l’entourage sont perçus comme des attaques personnelles. En somme, ce qui est une préoccupation pour la plupart d’entre nous devient une cruelle obsession pour les personnes en proie aux sueurs froides, tremblements et crises de paniques propres à l’éco-anxiété.
Au-delà des nouvelles déprimantes concernant la qualité de l’eau, de l’air et de la Terre, c’est le ton alarmiste souvent employé pour décrire la débandade environnementale qui affecte si profondément ces personnes. C’est à ce moment que la thérapie sur mesure intervient. L’éco-thérapie vise à aider l’éco-anxieux à composer avec ses craintes et ses angoisses. À réapprendre à fonctionner normalement sans se mortifier toutes les fois qu’il consomme un espresso ou prend l’avion. À trouver un juste milieu entre la peur qui paralyse et la conscience environnementale qui pousse à agir… dans les limites du possible.
jeudi 22 novembre 2007
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