lundi 17 septembre 2007

Retour vers les ordures

6 novembre1985. Vêtu d’un long manteau argenté, le visage couvert de larges lunettes miroir, le docteur Emmett Brown rentre en coup de vent d’un court voyage dans le temps. Il gare avec fracas sa DeLorean volante devant le domicile des McFly, sous le regard ahuri des tourtereaux Marty et Jennifer. Deux instants plus tard, il ouvre le capot et fait le plein à même la poubelle. Une peau de banane et quelques millilitres de vieille bière plus tard, la rutilante bagnole adaptée à la mode 2015 est prête à transborder tout ce beau monde à destination du futur.

Les amateurs auront reconnu la dernière scène du premier épisode de Retour vers le futur. Science fiction? Exagération? Délire de cinéaste? Pour ce qui est de la voiture volante et du trench coat façon patate au four, peut-être. Mais moins en ce qui concerne la DeLorean carburant à même les détritus de George et Lorraine McFly. Plaît-il? Que de l’huile à friture fasse avancer les voitures passe encore, mais les ordures?!

N’en déplaise aux âmes sensibles, les Suédois ont eu l’idée, en apparence farfelue, de se servir à même l’alcool de contrebande saisi aux frontières pour faire avancer leurs chers véhicules scandinaves. Il faut dire que ce pays n’est pas né de la dernière pluie en matière d’environnement et est souvent cité en exemple quand il s’agit d’innovations vertes. Que cette portion de terre des latitudes nordiques pousse encore plus loin la science des poubelles n’a donc rien de surprenant.

Dans le site sweden.se, consacré à ce petit pays de quelque 9 millions d’habitants, on mentionne donc que tout l’alcool bon marché, confisqué parce qu’acheté hors les murs, n’est plus, comme auparavant, balancé à l’évier. Bières, grands crus, piquettes et autres spiritueux aboutissent dans un grand contenant, où ils sont ensuite mélangés à des résidus d’abattoir et autres ingrédients qui alimentent habituellement nos bacs roulants.

Cette édifiante purée est ensuite chauffée et maintenue dans un milieu anaérobique (en absence d’oxygène) pendant environ un mois. Ce ragoûtant processus de décomposition produit enfin le précieux biogaz qui est ensuite utilisé pour faire avancer taxis, autobus et même un train.

Mais pourquoi se donner tant de mal quand on peut simplement aller faire le plein à la pompe à essence du coin? Ce n’est quand même pas demain la veille que l’on pourra, comme Doc Brown, faire voler les voitures à grand renfort de fonds de tonne et de peaux de bananes! Peut-être, mais gardons tout de même à l’esprit que le pétrole de nos automobiles est une ressource épuisable, qui a pris des centaines de milliers d’années à se former dans les entrailles de la terre mais a presque tout été extraite du sol en un siècle et des poussières.

Il fallait s’en attendre, à force de piger dans le tas, les provisions s’amenuisent. Mais pas les déchets. D’où l’intérêt d’en faire le prochain or noir. Tout cela tient maintenant de la science, et non plus de la fiction.

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