lundi 4 juillet 2011

Cette maison

Nous l'avons achetée il y a trois ans. Un duplex datant de 1951. Le logement du bas avait été habité par une dame âgée (mais décédée au moment de l'achat) et celui du haut, par sa fille et sa petite-fille.

Pas que je veuille dire que les femmes sont nulles dans l'entretien d'une maison au sens large (rénos et tout le bazar), mais notre première maison avait, lors de la prise de possession, grandement besoin d'amour.

Avec quels yeux avons-nous visité cette demeure? Je me le demande encore. Le logement du bas était presque vide. La peinture des murs était défraîchie, écalée, démodée. Les luminaires étaient vieux et moches. Et pourtant...

Dans la salle de bain, on voyait bien que la vanité et la toilette étaient à changer au plus-que-sacrant. Et qu'il n'y avait ni ventilateur de salle de bain, ni prise de courant -- pas très pratique pour se sécher les cheveux. Et pourtant...

La cuisine... sujet douloureux. Pas de place. Une cuisine laboratoire à la mode des années 1950, une dépense comme on disait autrefois, ne pouvant contenir qu'une dévouée personne à la fois -- en l'occurrence Bobonne comme c'était d'usage à l'époque. Petit, exigu, non-standard. Une hotte d'un autre temps, faisant plus de vacarme que d'aspiration des vapeurs de cuisson. Pas d'entrée de lave-vaisselle et pas d'espoir d'en installer un portatif. Rien pour mettre en appétit la passionnée des casseroles que j'incarne. Et pourtant...

Dans la cave, il y avait cette indésirable odeur d'humidité pas chouette du tout. Celle que tous les aspirants acheteurs redoutent. Et nous nous doutions bien que l'isolation des murs de la fondation ne valait pas une tortilla et qu'il faudrait tout se retaper le boulot. Le coin laveuse-sécheuse, toujours dans la cave, était peu pratique et mal fichu (la sortie de sécheuse mesurait environ 15 mètres et était remplie de coudes, de joints et d'angles à 45 degrés). Il fallait tout relocaliser, beau contrat de plomberie en perspective. Et pourtant...

Un des deux réservoirs à eau chaude arrivait en fin de vie. À changer donc, et comme rien n'est simple, il fallait le relocaliser lui aussi car nous souhaitions que les deux réservoirs soient côte-à-côte, ce qui n'était visiblement pas un souci pour l'installateur initial. Et pourtant...

Le réservoir de mazout... âge-canonique, défraîchi, rouillé. Il n'était plus assurable, énorme et mal situé. Qui plus est, il aurait fallu être plus que téméraire pour le faire remplir -- gare aux déversements fâcheux et aux interminables emmerdes inhérentes avec le MDDEP et je ne sais qui encore. Et pourtant...

Les marches d'escalier pour se rendre au logement du dessus n'étaient plus que dentelle de bois. Nous redoutions les fissures dans la fondation (qui se sont avérées existantes, trois fois plutôt qu'une). Le garage n'avait pas tellement fière allure. Nous n'avions pas de locataires en vue et nous devrions en trouver. Et pourtant...

Nous avions tous deux de nouveaux emplois temporaires et/ou contractuels à court terme, pas un sou de côté....

Mais de la naïveté, nous aurions pu en revendre! Et nous avons acheté le duplex.

Et nous y avons emménagé. Je suis tombée enceinte de Babou le soir même de notre déménagement. Ce n'était pas dans les plans. Et pourtant...

Et pourtant, tout s'est arrangé. Petit à petit, nous avons (lire : IL a) effectué presque tous les travaux nous-mêmes. Avec l'aide d'amis, de parents, de professionnels parfois.

J'ai de la veine, l'Homme est un infatigable bricoleur, génie inventif et recycleur acharné.

Et puis, les enfants nous ont donné ce fabuleux coup de pied au derrière/sentiment d'urgence qui nous font régler les problèmes, petits et grands, rondement.

Rien n'est parfait. Nous avons encore une liste affolante de choses à changer, de projets à concrétiser.

Actuellement, la cuisine est dans la mire. Objectif : tout arracher. Tout refaire à neuf. On ne peut pas agrandir, mais on peut rendre plus moderne et plus fonctionnel. Peu importe le prix, ou presque. Ce projet m'enivre et j'ai espoir de m'endormir, au courant des prochains mois, au son du doux ronronnement d'un lave-vaisselle. Musique divine pour mes mains décapées par cette corvée répétitive que je ne pourrai supporter à mon retour au travail, dans quelques mois.

Elle n'est pas parfaite cette maison, mais on s'y sent bien et nous prenons plaisir et fierté à la voir se transformer sous les mains habiles de l'Homme.

Notre aspirateur central -tout nouvellement installé- n'a qu'à bien se tenir!

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