mercredi 20 juin 2007

SOS chaleur urbaine


À chaque élément son contraire. Ainsi donc, à l’opposé de l’oasis de fraîcheur se trouve l’îlot de chaleur urbain. De quoi s’agit-il au juste? D’une île déserte artificielle fichée en plein centre-ville? D’une version moderne des Joyeux Naufragés, post-synchronisée en québécois? D’un module de cuisine chauffant sur lequel on peut tranquillement couper nos pieds de céleri?

Loin de là. L’îlot de chaleur urbain se définit plutôt comme un phénomène météo relativement récent sur la grande échelle du temps, dont les quelques ingrédients clés vont comme suit. Prenons d’abord un espace très urbanisé. Un centre-ville achalandé constitue l’exemple idéal. Dans ce centre-ville, hormis une poignée de jeunes arbres plantés en rang d’oignons tous les cinquante mètres, il ne reste plus aucune verdure. Ni gazon, ni vigne grimpante, ni buisson. La végétation a, au fil de la modernité, perdu du terrain sur le béton.

Ajoutons à ce singulier paysage une généreuse pelletée d’asphalte bien noir, qui remplit tout un réseau de rues sagement bordées de larges trottoirs de ciment. De chaque côté des rues, de gigantesques gratte-ciel, en béton itou, font de l’ombre aux jeunes arbres isolés. Prenons ensuite soin de laisser une place de choix à une circulation automobile monstre, à contresens, où motos, autos et camions de 4 à 18 roues se font de constants crocs-en-jambe.

N’oublions pas de supprimer un terrain vague, jusque là infesté de mauvaises herbes. Transformons vite ce sinistre fouillis en stationnement, tout de macadam vêtu. Garons-y nos nombreuses bagnoles. Ne reste plus qu’à attendre une étouffante journée d’été (deux ou trois semaines de canicule, c’est encore mieux) où moiteur et smog entrent en compétition, et notre îlot de chaleur urbain nous sera gracieusement offert sur un plateau d’argent (chauffé à blanc).

La touche finale consiste à placer deux thermomètres, un en plein milieu de ce bouillant univers, et un autre situé en campagne. En comparant les relevés de température de ces deux thermomètres, l’écart pourrait être surprenant. Au cours d’une même journée, alors que les citadins suffoquent, suent eau et sang, les habitants des périphéries végétalisées supportent beaucoup mieux leur sort. L’écart s’intensifie encore plus durant la nuit.

Cette différence de température entre ville et campagne peut varier, dit-on, de 5 à 10 degrés. Pourquoi un tel écart? C’est qu’en remplaçant peu à peu la végétation par des matériaux qui absorbent la chaleur durant le jour (asphalte, béton, brique) et la diffusent durant la nuit, les villes deviennent, par temps très chaud, de véritables foyers radiants. Dans ces îlots de chaleur urbains, la chaleur accumulée s’associe généralement à une piètre qualité de l’air, ce qui peut accentuer l’inconfort des citadins, et même leur causer divers problèmes de santé.

Pour contrer cette menace sournoise, des solutions émergent tranquillement. L’implantation de toits verts fait partie des solutions à envisager pour redonner à la ville la part de verdure dont on l’a amputée. Les toits verts, vous connaissez? À suivre…

mercredi 13 juin 2007

Opération paresse


Contre toute attente, la loi du moindre effort vaut parfois son pesant d’or. Surprenant, surtout quand il s’agit d’abandonner, sur son passage, une impressionnante quantité de débris derrière soi. Maniaques du ramassage, friands de propreté, tenez vous le pour dit! Dans le cas bien précis de l’herbicyclage, se laisser traîner ne comporte que des avantages!

Euh, herbicyclage? Que diantre cette chose peut-elle bien manger en hiver? Rassurons-nous, l’herbicyclage, ne raffolant pas de l’hiver, ne bat son plein qu’à la belle saison. D’abord inexistante sous nos latitudes, l’herbicyclage a ensuite franchi nos frontières bien gardées pour entrer timidement dans les pratiques et les mentalités. Depuis quelques années, elle a pris tellement d’importance qu’on lui a trouvé ce joli nom, composé des mots herbe et recyclage. Aussi simple que ça.

En pratiquant l’herbicyclage, le propriétaire averti s’assure d’avoir un engrais naturel, inépuisable et entièrement gratuit toujours à portée de main. Mais surtout, en se contentant de tondre sa pelouse et de ne pas pousser plus loin l’exercice, l’herbicycleur en herbe évite d’envoyer à l’enfouissement une matière qui, en se décomposant, crée du biogaz, un mélange composé à part égale de méthane et de gaz carbonique. Or, ces deux gaz accentuent grandement l’effet de serre. En effet, si le gaz carbonique est souvent pointé du doigt quand on parle de changement climatique, le méthane a un potentiel de réchauffement 21 fois plus élevé que celui du CO2.

Sachant cela, le principe de l’herbicyclage devient une solution facile à appliquer pour éviter une foule d’impacts environnementaux. Par surcroît, son mode d’emploi est tellement simple qu’il n’a pratiquement pas besoin d’être expliqué. Il consiste à tondre son gazon, à une hauteur de 6 à 8 cm, et à laisser sur place le résultat de la tonte. Pour de bons résultats, cette opération doit être effectuée quand le gazon n’est pas humide. Pour une fois, la paresse l’emporte! Cependant, l’herbicyclage a beau être simplissime à appliquer, ses adeptes ne courent pas toujours les rues. Par souci de propreté, certains amateurs de pelouses parfaites considèrent important d’ensacher jusqu’au moindre brin d’herbe après chaque tonte, pour ensuite courir au centre de jardin se munir d’un quelconque engrais miraculeux pour redonner du pep à leur gazon chéri.

Tous les éléments nutritifs dont le gazon a eu besoin pour pousser peuvent lui être redonnés en laissant quelques jours sur place les rognures de gazon. Comme par magie, les brins d’herbe coupés disparaîtront rapidement, même en 24 h s’il fait très chaud. Pour des résultats optimaux, la lame de la tondeuse peut être remplacée par une lame déchiqueteuse, facile à trouver dans toute bonne quincaillerie. Cette lame spéciale broie le gazon et accélère la décomposition des brins d’herbe et leur retour dans le sol sous forme d’éléments nutritifs.

En matière d’entretien du gazon, la règle d’or est d’apprendre à apprécier les beautés de l’imperfection. La nature fait bien les choses. Laissons-la travailler à notre place!

vendredi 8 juin 2007

Refroidir ses ardeurs

Quand un soleil ardent tape sur la maison et qu’il n’y a, pour tout courant d’air, que le battement d’ailes des mouches à fruit qui tournent autour d’un bol de bananes, il y a de quoi suer eau et sang. Quand un pauvre ventilateur, planté au milieu de nulle part, tourne à plein régime mais qu’au lieu de rafraîchir, il brasse un air chaud et chargé d’humidité, il est normal de ne pas rester de glace. Aux grands maux les grands remèdes, quand il fait froid on chauffe, pourquoi ne refroidirait-on pas quand il fait trop chaud?

Bien que l’achat d’un appareil de climatisation domestique puisse régler momentanément les désagréments liés aux périodes de chaleur intense, cette solution n’est pas des plus préventives. En effet, si le climatiseur peut s’avérer salutaire quand la maison se change en sauna, il engendre cependant une augmentation de la consommation d’énergie. Dans une ville comme Toronto, où l’énergie provient non pas de l’hydroélectricité mais plutôt de centrales au charbon, cela signifie que l’on chauffe l’atmosphère pour mieux refroidir les habitations. Paradoxal non?

Par surcroît, si le climatiseur domestique est mal entretenu ou s’il est simplement envoyé, à sa mort, dans un lieu d’enfouissement, il laisse alors s’échapper dans l’atmosphère ses terribles substances réfrigérantes. Ces dernières font justement partie de la grande famille des gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. Et qui dit changement climatique dit, à nos latitudes, augmentation des épisodes caniculaires. Comment arrêter cette roue qui tourne? Remontons à la source même du problème, le soleil. Joli problème s’il en est un!

Si on projette de se construire une maison, pensons prévention. En conservant plusieurs feuillus autour de la future maison, surtout au sud, voilà de quoi s’assurer assez d’ombre durant l’été pour éviter de climatiser. De belles économies sur les coûts d’énergie en perspective, car l’avantage des feuillus sera double : autant bloqueront-ils les rayons ardents de l’été, autant leur branches dénudées laisseront entrer le soleil en hiver.

Notre maison ou appartement est orienté plein sud, et pas un seul arbre ne saurait projeter assez d’ombre avant au moins trois décennies? Pensons plutôt à installer des volets ou des pare-soleil rétractables là où le soleil se fait envahissant. Tenir les stores fermés le jour et n’ouvrir les fenêtres que la nuit aideront aussi à ne pas faire trop grimper les degrés dans la maisonnée.

Finalement, au bureau, exit le complet veston-cravate quand le mercure bout dans le thermomètre. Aussi farfelu que cela puisse paraître, le gouvernement japonais a mis sur pied cette mesure pour réduire la climatisation dans les édifices du pays, et donc sa production de gaz à effet de serre. Pourquoi diable ne pas appliquer cette initiative chez nous, dans nos édifices surclimatisés où port de la sandale rime avec rhume estival? Au travail comme à la maison, climatisons avec modération. Après tout, le salon et la salle de conférence n’ont pas à entrer en compétition… avec la chambre froide!