jeudi 22 novembre 2007

L'envers du trop vert

Il y a de ces individus qui nous paraissent, écologiquement parlant, fabuleusement irréprochables. Se privent de boire du café car le grain n’est pas produit localement. Chauffent minimalement la maison durant l’hiver et se vêtent en pelure d’oignon. Fabriquent eux-mêmes leur savon biodégradable. Détricotent leurs vieux pulls pour en faire des pantoufles. Pour ces gens, être plus catholique que le pape semble être une seconde nature, ce qui nous consterne.

Faire tout en son pouvoir pour réduire ses impacts environnementaux, c’est évidemment très bien. Mais conjuguer l’art d’être vert au plus-que-parfait peut parfois cacher un syndrome, semblable à celui des Gaulois qui craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête : l’éco-anxiété.

Holà! Sans insinuer que les comportements décrits en introduction découlent directement d’une écolo-déviance psychiatrique ou d’une angoisse de fin du monde amplifiée, les psychologues et autres spécialistes de nos bobos intérieurs ont récemment vu apparaître des symptômes intimement reliés au piteux état de la planète. En effet, les sujets souffrant d’éco-anxiété se révèlent particulièrement sensibles à l’abondance de mauvaises nouvelles à caractère environnemental. Comment?

Les bouleversements anticipés que causeront les changements climatiques, la désertification des sols, la présence de pesticides dans l’alimentation et la pollution en général génèrent, pour la plupart d’entre nous, un malaise, une inquiétude qui nous pousse à nous en tenir informés et à modifier raisonnablement nos habitudes de vie.

Chez les éco-anxieux, la réaction est poussée à l’extrême. Les prédictions peu réjouissantes des spécialistes du climat les empêchent carrément de dormir. L’idée de voir disparaître la banquise leur coupe littéralement l’appétit. Le moindre geste du quotidien (prendre une douche, utiliser une voiture) provoque un insoutenable sentiment de culpabilité. Les comportements peu soucieux de l’environnement de l’entourage sont perçus comme des attaques personnelles. En somme, ce qui est une préoccupation pour la plupart d’entre nous devient une cruelle obsession pour les personnes en proie aux sueurs froides, tremblements et crises de paniques propres à l’éco-anxiété.

Au-delà des nouvelles déprimantes concernant la qualité de l’eau, de l’air et de la Terre, c’est le ton alarmiste souvent employé pour décrire la débandade environnementale qui affecte si profondément ces personnes. C’est à ce moment que la thérapie sur mesure intervient. L’éco-thérapie vise à aider l’éco-anxieux à composer avec ses craintes et ses angoisses. À réapprendre à fonctionner normalement sans se mortifier toutes les fois qu’il consomme un espresso ou prend l’avion. À trouver un juste milieu entre la peur qui paralyse et la conscience environnementale qui pousse à agir… dans les limites du possible.

mercredi 21 novembre 2007

Une infestation de TIC

Manger bio-local-équitable. Se vêtir de façon éthique. Utiliser des produits de nettoyage écolos. Économiser l’eau et l’électricité. Réduire, réemployer, réutiliser, recycler, composter, covoiturer, amen. Si déjà vous posez la plupart de ces gestes, il y a de quoi vous sentir fier.

Mais si comme la très vaste majorité des Québécois, votre foyer est bourré de TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), votre croisade vers un bilan environnemental parfait n’est pas terminée. Qui en effet n’a jamais eu à se départir d’un ordinateur désuet, d’une imprimante bicentenaire, d’un photocopieur néandertalien et d’un téléphone cellulaire complètement kapout? Qu’il se lève celui qui n’a jamais eu à traiter de près ou de loin avec l’un ou l’autre de ces malheureux engins.

Les TIC sont partout, toujours là pour divertir, rendre service et nous faciliter la vie cent fois par jour. C’est quand le glas sonne pour ces appareils que l’on déchante, car à l’instar de celles qui se dissimulent dans la fourrure de Pitou et Minou, éliminer les TIC n’est vraiment pas une sinécure. Surtout quand la durée de vie d’un appareil comme le cellulaire est d’environ deux ans. De vraies calamités que ces vielles TIC.

Parce que les matériaux qu’ils contiennent (plomb, béryllium, cadmium, mercure et cie) empoisonnent littéralement l’environnement si on les jette n’importe comment, se débarrasser des TIC n’est pas un jeu d’enfant. Dans ce contexte, à qui donc puis-je les léguer, pour l’amour?

À Sherbrooke, les éco-centres et certaines entreprises privées reprennent les vieux ordinateurs et cartouches d’imprimante. Ils seront ensuite reconditionnés ou démontés pour être recyclés. Au Québec, l’organisme Ordinateurs pour les écoles du Québec (OPEQ) remet en circulation du matériel informatique qui ne correspond plus au besoin des entreprises, mais qui fait amplement le bonheur des écoliers. Et récemment, certains magasins de produits électroniques à grande surface ont commencé à reprendre les TIC dont on ne veut plus.

Mais malgré tous les vertueux conseils reliés à la récupération et au recyclage de ces appareils, les TIC usagées et défectueuses demeurent difficiles à faire disparaître. Au fur et à mesure que ces produits gagnent en popularité, le problème relié à leur élimination s’accentue. Car il ne faut pas perdre de vue que bientôt, nombre de ces fabuleux gadgets seront brisés et irréparables ou carrément obsolètes.

Dans cette optique, il importe d’agir bien avant que le mal soit fait. Comment? En entretenant les TIC que l’on a déjà en sa possession. En prenant le temps, avant un achat, de bien évaluer et planifier ses besoins. En choisissant des appareils qu’on peut mettre à jour au fil des innovations technologiques et finalement, en exigeant des produits de bonne qualité et résistants, qui dureront longtemps.

mercredi 7 novembre 2007

Petits exercices de mémoire

Jeudi, jour de l’épicerie. À peine rentrée du travail, je farfouille rapidement dans les circulaires à la recherche de produits en vedette cette semaine. J’ai faim, je suis éreintée et dehors, il fait un de ces sales temps. Ça fait déjà deux jours que le frigo n’a plus que le pot de moutarde, la sauce soya et la boîte de petite vache à garder au frais. Je me résigne donc à affronter ces fichus vents et marées. En route vers le supermarché (à reculons).

En franchissant les portes automatiques, autre tuile. Aaaarrgghhh malheur! J’ai ENCORE oublié mes sacs réutilisables, nombreux et multiples, à la maison. J’en possède même une véritable collection, bien accrochée dans le placard près de l’entrée. Le problème n’est donc pas de ne pas avoir de ce type de sacs, mais bien, sainte-misère, de ne jamais m’en servir.

Plantée à côté des paniers, je me sens stupide et seule au monde. Tous les clients qui arrivent peu après moi pavanent fièrement avec leurs sacs, multicolores et de tous formats. Un point pour la terre entière, zéro pour moi. Comment ont-ils fait, ces individus, pour développer ce réflexe environnemental maintenant très répandu? Suis-je désormais la seule étourdie à arriver bredouille aux portes du temple de l’alimentation? Serais-je la dernière représentante de l’espèce humaine à en ressortir avec de misérables sacs froufroutants et fragiles, qui semblent prendre un malin plaisir à se pourfendre à mi-chemin entre le coffre de ma voiture et mon vestibule?

De retour à la maison (avec mes !@#??#*&{¤ de sacs de plastique défoncés) je décide que la plaisanterie a assez duré. À quoi bon accumuler des sacs solides, coquets et lavables si en bout de ligne je les laisse croupir entre balai, vadrouille et planche à repasser? Je ne peux pas me fier sur ma mémoire à trois sous? Qu’à cela ne tienne, j’userai désormais de stratégie, en trois étapes infaillibles.

OPÉRATION POIGNÉE DE PORTE
Quelle est la dernière chose que je fais en sortant de la maison? Ouvrir la porte. Eh bien à partir de maintenant, quand je tirerai la bobinette pour que cherre la chevillette, il y aura toujours, sur cette poignée, un sac réutilisable. Du moins jusqu’à ce que je développe l’habitude de l’amener avec moi. L’évidence me sautera alors au visage : « Ne pars pas sans tes sacs, pauvre sotte ». Merci du rappel.

SAC GIGOGNE À LA RESCOUSSE
Comme la plupart des dames, je possède un sac à main qui contient l’équivalent d’une semi-remorque de bidules hétéroclites. Tant qu’à transporter la moitié de mes avoirs sur moi, aussi bien y ajouter un ou deux sac réutilisables bien pliés, qui seront toujours à portée de main en cas de courses imprévues.

AUTO ENTREPÔT
Enfin, en laissant en tout temps quelques sacs réutilisables dans ma voiture, idéalement à côté du frein à main ou dans le coffre, je n’aurai plus aucune bonne raison de laisser mes sacs d’emplettes aux oubliettes, quitte à rebrousser chemin avant de faire mon marché, mon magasinage du temps des fêtes, mes courses éclair à la quincaillerie, ma tournée des librairies, ma razzia au centre-ville, ma visite à la friperie, ainsi soit-il…

Du mégawatt au négawatt

Éteindre les lumières en quittant une pièce. Se servir d’une bouilloire pour porter l’eau à ébullition. Mettre un couvercle sur les casseroles qui mijotent. Baisser le chauffage avant d’aller au lit ou de partir pour la journée. Remplacer les traditionnelles ampoules incandescentes par les fameuses spirales fluo-compactes. Calfeutrer les fenêtres, poser des coupe-froid aux portes et dans les prises de courant. Alouette.

Pour certains, ces actions pourtant simples peuvent déranger les vieilles habitudes jusqu’à devenir franchement agaçantes et non fondées. Pourquoi diable économiserait-on l’énergie, ici? Le Québec n’est-elle pas une championne en matière de production énergétique? L’hydroélectricité, source d’énergie propre s’il en est une, ne nous fournit-elle pas tout le courant dont on a besoin et ce, à un prix dérisoire? Certes.

Mais une électricité bon marché constitue pourtant une arme à double tranchant. Parce que les factures d’électricité que nous recevons ne nous ne saignent pas (encore) à blanc, nous ne nous fendons pas (encore) en quatre pour minimiser notre consommation énergétique. Or une nouvelle source d’énergie, révolutionnaire, carbure justement aux efforts de réduction. L’électricité produite à partir des négawatts n’utilise aucune ressource naturelle. Son installation se fait rapidement, dans tous les coins possibles et inimaginables. Même le plus empoté des bricoleurs peut se procurer gratuitement ce formidable système qui, jamais au grand jamais, ne flanche.

Le négawatt, c’est la version énergétique du néant. Ou l’art de réduire sa consommation d’énergie plutôt que d’en produire toujours davantage, pour satisfaire des consommateurs de plus en plus gourmands. L’énergie non utilisée devient ainsi disponible et évite la construction de nouveaux barrages, de nouvelles centrales ou autres technologies coûteuses et contestées. Le principe du négawatt est simple : il suffit de consommer moins d’énergie. Non seulement synonymes d’économies, les watts non consommés ici peuvent même devenir lucratifs lorsque vendus, par exemple, à un coût supérieur à nos voisins du sud. Voilà qui devient intéressant!

Apparu dans le paysage depuis quelques années, le négawatt demeure, malgré ses multiples avantages, terriblement méconnu. À l’approche de la saison froide et de son festival du chauffage et des décorations de Noël, faisons donc une place aux négawatts dans nos foyers. Nos compteurs d’électricité n’ont qu’à bien se tenir!

Coup de génie environnemental
Quoi de plus exaspérant que de recevoir, par la poste, du courrier indésirable et non sollicité. À plus forte raison quand cet envoi comprend, en plus d’une promotion XYZ dont on a rien à poncer, une enveloppe réponse pré affranchie. L’équipe des abonnements du magazine Québec Science a compris ce non-sens. Leur enveloppe « tout en un » a ceci d’ingénieux qu’elle contient un rabat, pré affranchi et pré adressé, qui se replie et se colle sur l’enveloppe déjà existante, déjà utilisée pour l’envoi. Comme quoi les plus petits changements font parfois toute la différence. Vivement que ce concept arrive aux oreilles des institutions de crédit!