vendredi 19 février 2010

Jell-O vert, coco Cadbury et autres blessures infantiles

Dans l'ancien temps (lire, quand mon père était petit, années 40 et quelques), la tradition voulait que les enfants passent les derniers à table lors de rassemblements familiaux. Du moins dans sa famille à lui.

Les personnes âgées avaient droit au premier choix, puis les adultes et finalement, la marmaille. Je ne peux m'empêcher de trouver ça complètement, mais alors là terriblement stupide. Juste à voir l'attitude de Babou quand elle doit patienter 22 secondes, le temps de réchauffer son plat, je me dis que ce devait être infernal de faire se languir quoi, 20 ou 30 bambinos pour le simple principe hiérarchique d'usage à l'époque. Et par surcroît, cette tradition douteuse a perduré jusqu'à ma tendre enfance. Conséquemment, j'en ai aussi été victime...

Toujours est-il que lors d'un de ces banquets arriva un événement qui marqua mon père à jamais. Sur la table des desserts, un bol de Jell'O vert. Lui qui ne connaissait alors que les versions rouge ou orange en a été renversé (mon père, pas le Jell'O). Il fallait qu'il y goûte là, maintenant.

Passent d'abord les papis et mamies. Puis les parents, oncles, tantes et autres grandes personnes. À chaque fois, le pauvre bol de Jell'O vert se vidait à une vitesse inquiétante. Mon père eut beau invoquer tous les saints du ciel pour avoir droit à une part, si infime soit-elle, évidemment, rendu au tour des gamins, c'en était finito banana du Jell'O vert. Plus une satanée trace dans le bol. Déception, consternation, désillusion pour mon papa. Depuis ce jour, chaque fois qu'il a à choisir la couleur d'un bonbon, d'un suçon, d'un jujube, devinez sur quelle couleur/saveur il jette son dévolu...

Vous allez me dire qu'il y pire drame dans une vie. J'allais justement enchaîner avec ma propre déviance issue d'une aussi terrible déception de jeunesse.

La coupable : ma mère. Qui n'a jamais, je dis bien, jamais voulu m'acheter le moindre oeuf fondant Cadbury. JAMAIS! Dès la fin janvier, la télé nous mitraillait de petit lapin qui pond des cocos en chocolat, sur un air subliminal de danse des canards. Eh bien rien à faire, pas moyen de goûter à ces /$%!|!"/ d'oeufs fondants.

C'est dire si je suis rentrée à tombeau ouvert dans le rack à cocos fondants à mon arrivée au Cégep, début de ma vie en appartement.

Presque 15 ans plus tard, chaque année, je m'inflige ce traitement printanier en guise d'anti-carême. Mon carême à moi a duré 18 ans. 18 calendriers sans oeufs fondants.

Le pire étant que la chose est sucrée à lever le coeur.

On panse comme on le peut ses blessures d'enfance...

1 commentaire:

Anne a dit...

Ha! Ha!

Merci pour cette anecdote... hum... savoureuse! Tu me fais rire, ce matin! :-)

C'est vrai que c'est donc bon, avec un grand verre de lait! :-)