jeudi 6 mars 2008

Joies et peines du tourisme à l'occidentale

Les destinations soleil sont plus que jamais à la mode. Fréquenter un tout-inclus sous la chaleur des tropiques agit en véritable résurrection pour un grand nombre d’habitants de l’hémisphère nord. Après des mois de froidure, de lèvres gercées, de chutes de neige et de bottes souillées de calcium, difficile de dire non à quelques jours de repos dans les pays chauds.

Qui plus est, l’abondance de forfaits et de rabais de dernière minute renforce l’attrait pour ces séduisantes destinations. Pour peu qu’on ait économisé quelques sous durant l’année, l’accès à ces voyages de type « clé en main » est un véritable jeu d’enfant auquel un nombre croissant de célibataires, de couples, de familles et de groupes d’amis s’adonnent.

Or d’un côté, il y a ceux qui tueraient pour passer plus du temps sous les rayons UV en sirotant des pina colada à cœur de jour, pour se faire chouchouter par une femme de ménage dévouée et discrète et pour pouvoir compter, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, sur un congé de popote bien mérité.

Puis il y a ceux que ce genre de vacances rebute. Qui se questionnent sur les conditions de travail des employés des luxueux complexes hôteliers. Qui ne comprennent pas comment on peut offrir un séjour quatre étoiles à des visiteurs quand, à deux pas de là, la communauté locale n’a à peu près pas accès à l’eau courante, à l’électricité, à autant de nourriture et parfois, aux plages et autres ressources naturelles de son propre milieu de vie. Le revers de la médaille, quand on prend la peine de la retourner, n’est malheureusement pas toujours des plus reluisants.

Mais misère... Même en ayant conscience de ce genre d’inégalités et d’incohérences, comment blâmer les parents enrhumés et épuisés de s’accorder ainsi une semaine de repos loin du boulot, de la gastro et autres aléas parentaux? Comment en vouloir aux travailleurs verdâtres, fourbus, à deux cheveux du burn out d’aller s’injecter du concentré de vitamine D par intraveineuse?

Déjà, s’intéresser à la situation terrain est un pas dans la bonne direction. Encore une fois, en tant que consommateur, j’ai le plus grand des pouvoirs : celui de faire le choix de que ce que je veux oui ou non cautionner. Si je ne peux pas vivre avec l’idée que l’hôtel qu’on me propose génère plus de déchets en une semaine que le village d’à côté en une année, j’ai l’option de refuser d’y déposer ma valise. Le traitement des employés, la consommation d’eau et d’électricité, l’aménagement des lieux sont tous des points sur lesquels je peux m’informer avant de partir, pour prendre une décision éclairée.

Certains complexes de vacances commencent d’ailleurs à prendre en considération des principes aussi élémentaires que l’écoefficacité énergétique, la conservation du milieu naturel et l’octroi de salaires décents. Il était grand temps. Malgré de telles avancées, ce type de voyage ne peut convenir à tout le monde. Si tel est le cas, on peut se tourner vers un style de vacances qui s’accorde mieux à ses valeurs. Le séjour chez l’habitant, qui permet de s’imprégner de la culture locale, et le tourisme solidaire, qui consiste à faire profiter de son expertise professionnelle des communautés en développement, ne sont que deux exemples de voyages alternatifs qui garantissent dépaysement et encadrement.

Peu importe la forme de tourisme que je privilégie, je garde en tête que le type de vacances que je choisis a des impacts sur la population et l’environnement que je visite. Pourquoi ne pas faire en sorte qu’ils soient positifs?

2 commentaires:

a dit...

Sans oublier que les grands complexes hôteliers sont généralement la propriété d'investisseurs étrangers et qu'outre embaucher des locaux et amener des touristes acheter de l'artisanat autochtone ils réinvestissent peu (argent, ressources, aide...) dans leur paradis d'accueil.

J'ai fait mon projet de thèse sur ce sujet! Le tourisme équitable est, je crois, une voie d'avenir géniale pour les touristes qui veulent découvrir le monde et ses cultures et pour les locaux qui veulent redonner les lettres de noblesses à leurs traditions et qui désirent améliorer leur conditions de vie. C'est une "win-win situation"!

Joseph Henrot a dit...

Bravo pour cet article. J'ai presque envie d'écrire que votre article devrait être lu et expliqué dès le plus jeune âge. Si nous voulons changer les choses, nous devons faire prendre conscience aux enfants de l'impact de nos actes, que ce soit au niveau environnemental,social ou économique. D'une part, donner l'exemple, d'autre part jouer les pédagogues. Merci