Dans un article publié par La Presse cette semaine, on signalait une nouvelle espèce menacée. Pas question ici d’une plante ou d’un animal exotique. Cette fois, c’est le piéton qui vient allonger la liste de ce qui tend à disparaître. Vous savez, ce bizarroïde qui arrive, les matins d’hiver, vêtu comme l’abominable homme des neiges par-dessus un complet veston-cravate? Ou encore cette collègue qui se tortille pour enlever ses combines dans la cabine de toilette d’à côté?
Selon de savantes statistiques, ces spécimens gagneraient en impopularité. Des chiffres? De 1998 à 2005, on évalue que le pourcentage des disciples de la marche (à raison d’un déplacement par jour) est passé de 26 à 19 %. Qui plus est, les Canadiens tirent de la patte par rapport aux Européens quand vient le temps de se dégourdir les membres inférieurs. Alors que 46 % des déplacements utilitaires (pour aller travailler, par exemple) se font en marchant dans les Pays-Bas, ils atteignent, ô surprise, un misérable 12 % au Canada.
Ouille… Où sont donc rendus ceux qui jadis battaient de la semelle? Partis gonfler les statistiques qui démontrent maintenant que les déplacements en voiture ont, de leur côté, augmenté en flèche. Malaise. Culpabilité. On nous casse, que dire, on nous brise les oreilles avec les bienfaits de l’exercice physique. On nous courtise avec des concours et des défis de fruits et légumes. On nous répète inlassablement de nous bouger le derrière, pour l’amour, mais visiblement, le message ne se rend pas. Ou du moins, il y a de la friture sur la ligne.
Les raisons invoquées pour éviter de bouger sont nombreuses et bien justifiées. (Pour les avoir maintes fois invoquées, ces raisons bidon, l’auteure de ces lignes sait de quoi elle parle.) Manque de temps. Peur d’arriver en retard. Pluie, neige, vent, soleil, mal de dos, de genou, courbatures, travail à remettre, rôti de palette à faire cuire, coup de fil à passer, pots Mason à classer. Toutes ces pitoyables défaites viennent rapido à la rescousse de celui ou celle qui boude l’exercice physique.
Jusqu’à ce qu’on constate qu’au lieu de faire le pied de grue pendant 15 minutes à l’arrêt de bus, on aurait pu se rendre à pied à destination. Jusqu’à ce qu’on se crispe quotidiennement d’impatience, coincé dans un trafic automobile grandissant, et qu’on arrive au boulot avec la désagréable impression d’avoir déjà une journée dans le corps.
Jusqu’au jour où se rend compte que les promenades dès l’aube et en fin de soirées ne font pas que du bien à son chienchien adoré. Jusqu’à ce que l’on réalise qu’INTÉGRER un exercice tel que la marche à son horaire chargé nous évite d’aller suer, à contrecoeur, sur les machines poisseuses d’un gym malodorant.
Mais que fait-on de l’argument de la pollution? Marcher en respirant à pleins poumons c’est bien beau, mais quand c’est l’haleine fétide des pots d’échappement que l’on s’envoie dans les branchies, y a-t-il quand même un gain santé à se déplacer à pied? Parlons-en à ce marathonien éthiopien qui, cette semaine, remettait en question sa participation au marathon des olympiques de Pékin, vu la désastreuse qualité de l’air dans cette ville.
À plus forte raison, permettons-nous d’espérer que plus il y aura de piéton, plus l’atmosphère fleurera bon. Et l’air de Sherbrooke n’est pas celui de Pékin. Pour le moment du moins.
lundi 3 mars 2008
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1 commentaire:
Ah ces piétons, espèce en voie d'extinction! Je les aimes bien, et j'aime bien en être une, mais le prochain qui me coupe en traversant au beau milieu de nul part.... je l'élimine!! Grrrrrr!
La marche c'est aussi un bon moyen de contrer la rage au volent.
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