Dans le Petit Robert, l’entrée du mot « pollution » demeure évasive. « Action de polluer. Dégradation d’un milieu par l’introduction d’un polluant. Nuisance quelconque. » Les auteurs du célèbre dictionnaire avaient-ils pressenti que la définition de pollution serait sujette à changement et franchirait des frontières qui dépassent l’entendement? L’air, la terre et l’eau ne sont effectivement pas les seuls à être touchées par le fléau pollution.
Bien que beaucoup plus loin de nous, la pollution de l’espace fait aussi son apparition. Détruire des satellites espion, faire exploser des réservoirs de carburant toxique en orbite autour de la Terre semblent maintenant faire partie des moeurs. Aussi on se réconforte : pour une fois, la responsabilité d’une telle pollution, résidus orbitaux et autres détritus intergalactiques, ne nous incombe pas. Mais doit-on forcément propulser ce dont on ne veut plus entre la Terre et la Lune pour bousiller la voûte étoilée?
Parlons-en aux astronomes. Pour ces derniers, les puissantes sentinelles, les éclairages mal adaptés ou braqués vers le ciel et les lumières extérieures en surabondance représentent l’ennemi à abattre. La pollution lumineuse fait à ce point des ravages qu’on parle d’une perte de patrimoine naturel, au même titre que la destruction des ressources terrestres. Exagération? Fantaisie d’observateurs d’étoiles?
Plus complexe que ça en fait. Bien entendu, la pollution qui voile le ciel nuit aux scientifiques et à leurs astronomiques recherches. Outre cela, l’excès de luminosité passé le coucher du soleil dérange les animaux nocturnes (aveuglement, perte d’habitats potentiels), et ce quand il ne dérègle pas carrément leurs habitudes (oiseaux qui se mettent à chanter en pleine nuit).
L’idée de bouleverser la routine du ouaouaron ne nous émeut pas le moins du monde? Qu’à cela ne tienne, le suréclairage fait aussi mal aux portefeuilles. Étrange, quand même, que d’un côté, l’idée de réaliser des substantielles économies nous séduise si fréquemment, mais que de l’autre, nous permettons et/ou participons à un tel gaspillage énergétique au moment même où les trois-quarts d’entre nous dorment à poings fermés. Montréal gaspillerait 45 millions de dollars d’électricité par année faute d’éclairage nocturne adapté…
Comment expliquer ce paradoxe? Par mode? Par goût? Par désintéressement? Plus simplement, par manque d’éducation, car il n’y a pas si longtemps que le sujet de la pollution lumineuse est… sous les projecteurs. Les scientifiques de l’Astrolab du Mont-Mégantic l’ont toutefois mis à l’ordre du jour il y a près d’un an, en annonçant la création de la première Réserve de ciel étoilé du monde, faisant ainsi de la région attenante au Mont-Mégantic un endroit où on se soucie de la voûte céleste.
Bonne nouvelle, la situation n’est pas irréversible. À l’inverse des autres types de pollution, celle qui camoufle momentanément les étoiles peut être rapidement envoyée au tapis. Suffit de passer à l’action et d’agir à la source. Le projet de lutte contre la pollution lumineuse mené dans la région a permis, en quelques années seulement, de retrouver sensiblement la même qualité de ciel qu’il y a trente ans. Le secteur visé par le projet n’est pas pour autant plongé dans une totale obscurité. On a simplement modifié la façon de s’éclairer. Diminué l’intensité et l’orientation des ampoules. Illuminé seulement ce qui devait l’être. Donné un couvre-feu à l’éclairage de certains établissements commerciaux. Une méthode efficace et qui, en plus, rapporte. Plus de sous économisés, plus d’étoiles à observer.
lundi 3 mars 2008
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1 commentaire:
3 petits points me viennent en tête en lisant ton texte.
1. Ayant vue (de ma chambre à Hull) sur les magnifiques édifices gouvernementaux : Les terrasses de la Chaudière, l'abitibienne en moi découvre que la noirceur n'existe plus, que les étoiles vivent qu'à la campagne (mais pour ça je les comprend) et que la lune est une belle invention de Pink Floyd. Devrais-je renseigner les gens de la ville qu'ils se trompent?
2. Il ne faut pas s'étonner que l'humanité lance ses déchets dans l'atmosphère car il n'y a pas si longtemps on les jetait dans les cours d'eau ou dans la forêt. Quand on ne voit plus les vilains déchets c'est qu'ils n'existent plus. Non?
3. À quand un billet sur la pollution sonore que je le refile à mes voisines d'en haut?
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